Vision du centre de l’Univers (I)
Un interview avec Joel R. Primack et Nancy Ellen Abrams
par Elizabeth Debold
Au cours des dernières décennies, le dialogue culturel sur la science et la religion a commencé à ressembler de moins en moins à un débat académique et de plus en plus à un scandale public. Les croyants et les athées se battent à la radio, dans les publications et de toutes les manières possibles. Les enjeux sont élevés : qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Notre identité ultime en tant qu’êtres humains est en jeu. Sommes-nous les enfants de Dieu ou seulement des plantages aléatoires dans un univers indifférent ? En d’autres termes, notre existence est-elle importante pour quelqu’un au-dessus de nous ?
Au milieu de ces polémiques enflammées, quelque chose de remarquable est né à partir du groupe de plus en plus large de scientifiques, dont l’amour et le souci pour l’univers dans lequel nous vivons pourrait enfin laisser ces conflits derrière nous. La découverte du téléscope Hubble et les expéditions spatiales nous ont donné de superbes images qui nous font nous émerveiller de l’univers auquel nous appartenons : des nébuleuses incandescentes d’où prennent naissance des étoiles et des supernovas lumineuses qui donnent de la forme aux éléments dont nous sommes composés. L’univers est beaucoup plus vaste, plus créatif, plus beau et mystérieux que ce que quelqu’un pourrait imaginer.
La grandeur de la réalité où nous sommes – les vastes étendues de l’espace sombre, les distances infinitésimales parcourues par les particules subatomiques et l’expansion de l’espace-temps qui s’étend sur des milliards d’années-lumière – n’est pas moins étonnante. Un astronome nommé Carl Sagan a dit : « Une religion qui reconnaît la grandeur de l’univers telle qu’elle a été révélée par la science moderne, pourrait être en mesure d’arracher les réserves de vénérations et le sentiments de piété authentique qui est difficile à éveiller chez les gens par les croyances traditionnelles. Tôt ou tard, une telle religion naîtra ».
Mais pour qu’une telle religion grandisse dans les cœurs des gens, elle doit nous dire comment se rapporter à cette image écrasante que la science nous donne. Où nous intégrons-nous ? Sommes-nous juste de simples témoins du spectacle proposé par les étoiles lointaines ? Même les scientifiques les plus matérialistes sont réticents à cet égard, en tenant compte, comme Sagan a déclaré que, bien que l’univers puisse être central pour nous, nous ne sommes pas central pour lui.
C’est pourquoi nous avons été assez intrigués quand le livre de Joel Primack et Nancy Ellen Abrams « Vision du centre de l’Univers » (The View from the Center of the Universe) – un véritable tour de force de la cosmologie contemporaine – a atterri dans notre bureau il y a un certain temps. Ces auteurs affirment que les êtres humains sont en effet au cœur de l’univers. Les dernières recherches scientifiques peuvent prouver cette affirmation. Ils ne disent pas que nous sommes dans le centre géographique de l’univers, mais plutôt que nous avons un rôle fondamental dans le cosmos, avec une variété d’autres dimensions fascinantes dont nous commençons à peine à percevoir l’existence.
L’équipe dynamique, qui est formée par ce couple, est en mesure de susciter une nouvelle vision unique du cosmos. Physicien de renom, Primack est l’un des principaux initiateurs de la théorie de la matière noire froide. Elle fait partie de la vision généralement acceptée sur la façon dont les structures noires de la matière forment l’univers. D’après cette théorie, la matière noire est une substance invisible, qui remplit la plupart du cosmos et exerce une force gravitationnelle sur la matière que nous voyons.
Primack a rejoint l’American Physical Society en 1988 et a récemment fait partie d’une commission de l’Académie Nationale des Sciences pour définir la prochaine étape que la NASA devrait suivre dans ses recherches. Abrams est une philosophe, historienne des sciences, avocate, analyste politique et chansonnier. Elle a offert des suggestions sur la façon globale dont les pays peuvent prendre des décisions intelligentes dans des domaines où la recherche scientifique est essentielle, mais controversée. C’est son intérêt pour la relation entre la science et le mythe qui l’a conduit à ce « partenariat » fructueux avec Primack. Dans la dernière décennie, ils ont enseigné ensemble un cours devenu célèbre à l’Université Santa Cruz de Californie appelé « Cosmologie et Culture », et qui a été le point de départ de leur livre.
Primack et Abrams aspirent à changer la culture grâce à cette nouvelle vision cosmologique. Ils se situent dans une mission héroïque d’insuffler une nouvelle vision et une nouvelle compréhension de la création scientifique, qui va nous inciter à faire le saut au-delà des conflits et des divisions qui dominent actuellement notre planète. « Si nous voulons parcourir en entier la prochaine période de transition que la Terre va traverser […] dans un état d’équilibre mental et dans un esprit de justice, nous devons inspirer aux autres une haute créativité, une profonde responsabilité et d’énormes quantités d’enthousiasme et d’espoir », écrivent-ils. « Pour accomplir ce qui semble être des miracles, les gens ont besoin de grandes idées et d’inspiration ».
Abrams et Primack affirment que leur travail peut donner lieu à une nouvelle spiritualité. Selon leur définition, être spirituel c’est expérimenter notre connexion avec l’Univers par la connaissance scientifique. Cependant, l’étonnement pur devant le miracle de l’existence que ces deux matérialistes convaincus viennent partager avec nous brise les barrières de la science en nous emmenant au-delà. Bien qu’ils n’utilisent pas le mot « Dieu », la grandeur de leur vision nous relie à la nature de l’émerveillement que les gens ont associé au fil du temps avec le royaume éternel de la transcendance.
Une nouvelle théorie du Cosmos
Question : Dans votre travail, vous expliquez que pour la première fois dans l’histoire, nous commençons à construire une image de l’univers qui pourrait être vraie. Que pouvons-nous apprendre du Cosmos ?
Nancy Ellen Abrams : D’abord, permettez-moi de vous donner un aperçu pour comprendre ce que nous voulons faire. Dans chaque civilisation connue, il y a l’idée que celle-ci est au centre de l’univers. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que ces gens ont compris quelque chose de profond d’eux-mêmes, mais n’ont jamais compris en profondeur l’univers. Ils ont juste regardé, ils ont vu les étoiles et les ont interprété en fonction de ce qui était conforme à leur culture. Ils n’ont eu aucune connaissance de ce qui se trouve au-delà des étoiles visibles. Ils se sont plaçés eux-mêmes dans le centre de l’univers, parce que c’est spécifiquement humain. Dans chaque culture, comment nous nous intégrons à la réalité forme la base de la compréhension de cette réalité qui nous entoure.
Les 400 dernières années, depuis l’époque de Newton et de Galilée, les gens n’ont plus pu faire la même chose. Dans la vision newtonienne, la Terre est juste une planète aléatoire d’une étoile quelconque, dans un lieu en aucun cas particulier. Donc, nous pourrions nous voir dorénavant comme étant le centre de l’univers. Cependant, nous avons encore des religions qui se rapportent à des images beaucoup plus anciennes de l’univers et qui ont été dans une grande mesure en contradiction avec la science newtonienne. Pendant des siècles, nous avons ce conflit entre ce que la science nous dit de notre place dans l’univers et le besoin des êtres humains d’expliquer leur monde d’une façon qui les mette au centre de l’univers et donc de leur donner un sens.
Joel Primack : Mais maintenant, nous avons cette théorie qui jette un nouvel éclairage sur ce que la science a observé par rapport au cosmos, afin de poser la question dont les gens aimeraient bien connaître la réponse : qu’est-ce que cela signifie pour nous ?
Q: Quelle est cette nouvelle théorie ? Comment est-elle apparue ?
Primack : La cosmologie a été pendant des siècles une source d’amusement pour les scientifiques. C’était le domaine où le rapport entre la théorie et la réalité était pratiquement nul. Il y a beaucoup de théories et très peu de preuves menant à leur validation. Ce fut le cas tout au long de la majeure partie du XXe siècle, jusqu’au milieu des années ‘90. Là ont commencé à apparaître beaucoup de nouvelles données à l’aide de nouveaux outils – et pas seulement le célèbre télescope spatial Hubble, mais aussi le satellite Hipparcos. Il est certes moins connu, mais il nous a permis de dater objectivement l’âge des plus vieilles étoiles. Une fois que nous avons reçu cette information, nous avons réalisé que beaucoup de nos hypothèses antérieures étaient fausses.
Par exemple, la distance vers les étoiles les plus anciennes et aussi leur âge avaient été surestimés ; il est apparu que leur âge est de 12 milliards et non de 16 milliards d’années, comme on le pensait auparavant. En 1997 et en 1998, deux équipes indépendantes ont découvert avec surprise que l’univers est en expansion croissante depuis environ cinq milliards d’années. Cela a conduit à la théorie selon laquelle il doit y avoir quelque chose au-delà de ce qui est visible et qui fait en sorte que l’univers expansionne si vite. Nous avons appelé cela « énergie noire », qui est une caractéristique de l’espace, un rejet de l’espace par l’espace, ce qui accélère l’expansion de l’univers. De ces questions et de beaucoup d’autres preuves, nous déduisons que l’univers est composé en grande partie d’éléments invisibles : l’énergie et la matière noire.
Q : Si la matière noire est invisible, comment savons-nous que la plupart de l’univers est constituée de celle-ci ?
Primack : dans les années 1930, on en est venu à la conclusion que la matière visible n’est pas tout. Les galaxies tournent trop vite pour être maintenues ensemble seulement par la gravité de la matière qui est visible à nos yeux. De nombreuses découvertes, appartenant à des scientifiques comme Fritz Zwicky, Vera Rubin, Mort Roberts et d’autres, nous ont montré que la plus grande partie de la matière qui compose les galaxies est invisible. C’est ce que nous appelons la matière noire.
Nous avons travaillé sur le thème de la matière noire pendant un bon moment. Je suis co-auteur du matériel publié en 1984, qui a proposé la théorie de la matière noire froide. Jusqu’en 1990, nous avions peu d’informations pour appuyer cette théorie. À la lumière de nouvelles informations, les hypothèses détaillées de la théorie de la matière noire froide se confirment de plus en plus. Aucune information n’est incompatible avec cette théorie au niveau macrocosmique. Toutes les données confirment que la théorie avait prédit le rayonnement du big-bang, la distribution des galaxies, la formation des galaxies et ainsi de suite. Les hypothèses théoriques ont été faites peu de temps avant l’observation de ces phénomènes et les observations, telles qu’elles apparaissent, confirment les prédictions dans les moindres détails.
C’est la première fois que la cosmologie est dans une telle situation. Cela est naturel pour une science de pointe où des hypothèses faites s’avèrent plus tard justes. Mais la cosmologie, c’est quelque chose de révolutionnaire. Tous les quelques mois, nous recevons des observations d’une grande importance, confirmant toujours les prédictions. En tant que scientifiques, cela nous donne confiance que nous sommes sur la bonne route.
Q : Qu’est-ce que la matière noire ? Comment ça marche ?
Primack : Tout d’abord, il n’y a rien de mystérieux dans le mode de fonctionnement de la matière noire, elle fonctionne tout comme la gravité ordinaire. Ce qui est mystérieux en ce qui la concerne, c’est que l’univers est principalement constitué de cette matière invisible. La matière noire est notre amie. Elle apparaît très tôt dans l’univers avec de légères différences de densité d’un point à un autre. Les différences sont si fines : par exemple, on pourrait la comparer à la différence entre la surface d’un ballon de football et la même surface où se trouverait en plus une bactérie. La différence est très, très fine. Nous pensons que ces différences sont dues à des phénomènes qui se sont produit au niveau quantique dans les stades très précoces du Big Bang, que nous appelons aujourd’hui « l’inflation cosmique ».
La gravité, cependant, amplifie grandement les petites différences de densité. Une zone qui est un peu plus dense que ce qui se trouve autour d’elle se développe plus lentement. Une zone légèrement moins dense que son environnement se développe un peu plus rapidement. En général, la matière noire s’étend au même rythme que l’expansion de l’univers. Parce que la matière noire des zones légèrement plus denses s’étend plus lentement, elle devient encore plus dense que ce qui est autour d’elle. Et la partie qui devient plus dense se resserre encore un peu plus et devient comme une boule de matière noire, elle ne se dilate plus.
L’univers continue à s’expansionner autour de cette boule de matière noire, mais celle-ci arrête son expansion. A l’intérieur de cette zone, la matière ordinaire peut être attirée vers le centre de la matière noire. A mesure qu’elle se dirige vers celle-ci, elle commence à tourner de plus en plus vite tel un patineur artistique à bras étendus qui resserre ses bras au cours d’une pirouette. Les physiciens appellent cela « la conservation du moment angulaire ». C’est ce qui provoque la rotation des galaxies. Cela produit des galaxies en spirale tournantes splendides. Puisque l’univers est en expansion constante depuis des milliards d’années, les régions qui commencent à devenir de plus en denses se transforment en galaxies – ou groupes de galaxies sur une plus grande échelle. Les régions qui sont de moins en moins denses que la moyenne, se transforment en vides ou en régions de l’univers où il ne semble y avoir aucune galaxie.
L’énergie noire fait en sorte que l’expansion devienne plus rapide sur une plus grande échelle. Et la matière noire empêche l’expansion des galaxies. Elle protège les galaxies de la force extraordinairement destructive de l’énergie noire qui dissipe tout. Pour cette raison, je tiens à dire que la matière noire est notre amie. La matière noire maintient en vie notre galaxie et toutes les autres.
Q : Y a-t-il une corrélation entre ce que vous appelez l’énergie noire et l’élan créateur qui a généré le Big Bang originel?
Primack : Nous pensons que oui. Mais c’est l’un des plus grands mystères parce que nous ne savons pas vraiment ce qu’est l’énergie noire. Nous sommes assez sûrs que dans les premières phases du Big Bang, l’univers s’est étendu très rapidement – c’est l’inflation cosmique mentionnée plus tôt. Ce n’est pas une expansion normale, mais une expansion exponentielle qui, dans une période de temps donnée, devient double et ensuite, dans la même période de temps est encore doublée à maintes reprises. En ce moment, l’univers commence à faire cela à nouveau sous l’influence de l’énergie noire. Donc, nous pensons qu’il pourrait très bien y avoir un lien entre l’énergie noire extraordinairement puissante qui a généré l’inflation cosmique au début de l’existence de l’univers et l’énergie noire qui opère aujourd’hui.
Q : Ainsi, alors que l’énergie noire provoque l’expansion de l’univers, la matière noire amasse la poussière des étoiles de l’univers pour créer des étoiles et des galaxies. Es-ce vrai ?
Primack : C’est vrai. Les boules de matière noire gardent tout compact. La qualité particulière des atomes habituels par rapport à la matière noire est celle qui fait que quand ils entrent en collision les uns avec les autres, ce qui se produit naturellement de temps en temps, ils rayonnent autour d’eux une partie de leur énergie et tombent ainsi au centre d’une boule d’énergie noire. Les premières étoiles ont été créées de cette façon à partir de l’hydrogène et de l’hélium provenus du Big Bang. Les nuages d’atomes tombent ensemble, deviennent très denses et se transforment ainsi en étoiles. A la fin de leur vie, une infime fraction de leur masse devient de la poussière d’étoiles – des particules de carbone, d’oxygène, d’azote et d’autres métaux lourds. Puis, dans la prochaine génération, les métaux lourds peuvent former des planètes autour des étoiles.
En fait, nous pouvons observer ce processus qui se déroule en ce moment même. Des milliers de systèmes planétaires sont en train de se former. Nous le voyons avec nos télescopes spatiaux. Peut-être que notre système planétaire aussi s’est formé toujours de cette façon autour d’une étoile d’une génération ancienne. Cela ne peut arriver qu’au milieu de halos géants de matière noire, qui sont des nids sphériques de matière noire. Lorsqu’on imagine une galaxie, on imagine ces belles spirales, mais on doit penser qu’à une échelle dix fois plus grandes que les galaxies que nous voyons, il y a en fait ces boules géantes de matière noire qui gardent ensemble les galaxies contre la force destructrice de l’énergie noire, qui, à une échelle plus large, détruit tout ce qui existe. Nancy décrit ce phénomène très bien en utilisant une analogie nautique.
Abrams : Parfois, dans mes discours j’explique ce phénomène de cette façon, parce que cela le rend plus accessible : imaginez que l’univers entier est un océan. L’océan est l’énergie noire qui remplit l’univers. Dans cet océan il y a des vaisseaux fantôme de matière noire. Au sommet des plus hauts piliers des plus grands navires il y a de minuscules balises de lumière. Ces phares sont ce que nous voyons quand nous regardons les étoiles et les galaxies dans l’univers. Nous ne pouvons voir ni les navires, ni l’océan. Mais nous savons qu’ils existent en théorie, en raison précisément de la théorie de Joel sur la matière noire froide.
Parce que nous avons cette théorie et cette nouvelle image de l’univers, nous pouvons voir que les choses invisibles sont là et les petites lumières ne sont pas suspendues. Elles sont les phares des bateaux représentant les galaxies que nous pouvons voir.
Au centre du Cosmos
Q : Dans cette nouvelle vision scientifique que vous présentez – parfois nommée la théorie noire double, qui comprend l’énergie et la matière noire – vous dites que nous sommes dans le centre de l’univers et que nous vivons des temps de grande importance. C’est de cette centralité cosmique que vous parlez en utilisant le syntagme « vision du centre de l’univers ». Pourriez-vous expliquer de quelle façon nous, en tant qu’êtres humains, nous sommes centraux par rapport à l’univers ?
Primack : Permettez-moi d’énumérer quelques petites choses. Tout d’abord, je dois mentionner que nous sommes composés des substances les plus rares de l’univers. Les atomes sont seulement cinq pour cent de la matière de l’univers. La matière noire a une masse au moins cinq fois plus élevée que la matière ordinaire. Ce qui reste est de l’énergie noire. Au moins soixante-dix pour cent de la masse de l’énergie de l’univers est de l’énergie noire, qui est vraiment mystérieuse.
Ceci suggère que les atomes sont relativement rares. Et presque la totalité de la masse des atomes est constituée d’hydrogène et d’hélium. Tous les éléments lourds – carbone, oxygène, azote, phosphore, fer, jusqu’à l’uranium – sont générés dans les étoiles et les supernovas, par l’explosion qui marque la fin de la vie d’une étoile. Ces éléments lourds, comme je l’ai dit, sont dispersés dans l’espace comme de la poussière stellaire.
Nous sommes composés de ces éléments lourds. Certains les appellent CHON, de carbone, hydrogène, oxygène et nitrogène (azote) – les éléments les plus communs dans les organismes vivants. Bien sûr, vous ne pouvez pas obtenir des êtres vivants sans une certaine quantité d’autres éléments lourds. Tous ont leur origine dans les étoiles et ont été rassemblés dans certains endroits, comme notre planète. Voici de quoi nous sommes faits. Tous les éléments lourds mis ensemble représentent juste un pour cent de ce qui forme l’univers.
Pour démontrer l’importance de notre place dans l’univers, nous avons créé ce que nous appelons la Pyramide de la Densité Cosmique. Elle est inspirée par la pyramide représentée au dos du billet d’un dollar. A la base elle possède treize rangées de briques, au-dessus desquelles se trouve une pierre angulaire qui flotte, ayant un œil au milieu. Tout le monde connaît ce symbole. Il a été mis là pour représenter autre chose – les treize colonies et l’œil bienveillant de la Providence regardant vers cette aventure d’un nouveau pays. Mais la pyramide était un symbole beaucoup plus âgé à l’époque où le gouvernement américain a commencé à l’utiliser. Nous avons pris ce symbole et l’avons réinterprété. L’âge du symbole de la pyramide reflète le fait que ces symboles travaillent pour les êtres humains. Les gens les apprécient, entrent en résonance avec eux. Cependant, notre interprétation les rend réalistes et précis.
Nous avons réinterprété la pyramide pour représenter l’ensemble de la matière visible dans l’univers. La base lourde de la pyramide est constituée seulement d’hydrogène et d’hélium, de même que la composition des étoiles. Il s’agit de la composition de presque tous les atomes dans l’univers. Bien qu’ils soient très, très légers, ils pèsent encore plus que toute la poussière stellaire formant la pierre angulaire. L’œil de l’intérieur de la pierre angulaire représente la vie intelligente – la partie de la poussière stellaire qui est capable de voir toutes ces choses, de refléter là-dessus et de lui trouver leur sens. L’œil est bien au-delà de la proportion de la quantité de poussière stellaire existante. Si on devait représenter la vie intelligente à la même échelle de grandeur que tous les autres éléments, elle serait un point minuscule presque invisible au sommet de la pyramide. C’est nous.
Après cela, nous avons augmenté l’image sur le billet d’un dollar et nous l’avons agrandie. Sous la terre noire il y a une énorme pyramide, cachée, qui représente les atomes invisibles, la matière et l’énergie noire. Donc, même si nous sommes très, très, très petits – nous sommes au point le plus haut de la pyramide – nous sommes soutenus par tout ce qui est en dessous de nous. Nous ne pourrions pas exister sans l’énorme quantité de matière noire qui se trouve sous la terre ou sans l’énergie noire, qui est en permanence responsable de la croissance de l’univers entier.
Les êtres humains sont au centre de l’univers et les dernières preuves scientifiques confirment cela
Primack : Nous sommes également situé au milieu de toutes les échelles de mesure possibles. L’échelle humaine est presque exactement positionnée entre la plus petite taille possible, les physiciens parfois l’appellent la longueur de Planck, et la totalité de l’univers visible, la plus grande chose que nous pouvons voir. C’est une grande vérité pour toutes les formes de vie intelligente.
Q : Pourquoi faites-vous cette affirmation?
Primack : Eh bien, presque tous les atomes ont la même taille, et il faut énormément d’atomes pour obtenir quelque chose d’aussi complexe que le cerveau humain qui est la chose la plus compliquée que j’ai pu trouver dans l’univers. On ne peut pas avoir la même complexité en étant petit, par exemple, comme une fourmi. Il faut être assez grand, avoir beaucoup d’atomes.
Vous pourriez penser que plus c’est grand, mieux c’est. Cela voudrait dire qu’une créature de la taille d’une montagne serait plus intelligente que les humains. Cependant, les grandes créatures telles que les dinosaures ou les baleines sont si grandes, qu’il y a un retard perceptible entre le moment où elles envoient une information du cerveau et le moment où celle-ci atteint sa queue, par exemple. Il est essentiel que l’information soit envoyée rapidement. On ne peut pas penser plus vite que la vitesse de transmission de l’information. La pensée se fait, dans le mental et dans les supercalculateurs, comment un traitement intense qui se produit dans de petites zones dans lesquelles les données peuvent être transférées d’un endroit à l’autre très rapidement. Si vous voulez construire un supercalculateur, vous devez rassembler plusieurs puces. Mais presque tout le travail est fait dans ces puces. Cela signifie que si nous avons un corps grand penseur, nous avons en fait une communauté de petits mentaux. La vitesse de communication – dans le dernier cas, la vitesse de la lumière, qui est la plus rapide forme de transmission des informations – limite la dimension à la dimension de l’être humain.
En résumé, nous sommes faits des choses les plus rares dans l’univers. Nous sommes au centre de l’échelle de l’univers, où les choses sont très intéressantes. Nous sommes bien plus petits que les galaxies et l’univers. Nous sommes beaucoup plus grands que les atomes et les particules subatomiques.
Abrams : Nous avons décidé de donner un nom à cette zone du centre des échelles de taille dans laquelle les êtres humains se trouvent. Nous avons choisi le nom de Midgard. Nous avons voulu lui donner un nom parce que c’est quelque chose de très spécial. Nous avons une compréhension intuitive de la gamme des échelles de taille – de la taille d’une fourmi à celle du soleil. Pour la plupart des gens, cette gamme est la réalité, même si pratiquement elle n’est pas la réalité, mais seulement une petite partie de celle-ci. Nous avons choisi le nom de Midgard parce que dans la mythologie nordique, c’est ainsi qu’on appelle la terre de la civilisation et de la stabilité – le monde des humains au milieu de l’océan planétaire. D’un côté, c’est le monde de géant et de l’autre le monde des dieux.
Il s’agit, bien sûr, d’une vision métaphorique. Maintenant, personne ne devrait penser que nous prenons les choses littéralement, mais métaphoriquement, c’est une assez bonne description des échelles de taille de l’univers. En dehors de cette zone, il y a en effet un monde de géants – les géants de galaxies et des essaims de galaxies de l’horizon cosmique. Ce sont des choses auxquelles nous pouvons penser, mais nous ne pouvons pas les expérimenter directement. La même chose se passe dans le monde microscopique. Nous sommes totalement dépendants du domaine minuscule des cellules et celui des particules atomiques encore plus petites. Ce sont les deux premiers. Nous sommes faits d’eux. Dans ce sens, ils sont, comme nous aimons à les appeler dans notre livre, « les petits dieux ». Nous sommes vraiment pris entre ces deux mondes.
Dans la quasi-totalité de l’histoire humaine, personne n’avait connaissance de ces deux mondes. Les gens ne connaissaient que Midgard. Avec l’avènement de l’équipement et des théories modernes, tels que la théorie quantique, nous sommes devenus en mesure de dire « ainsi est l’univers sur ces différentes échelles de grandeur ». Ceci est arrivé seulement au cours du siècle dernier. Nous avons pris conscience du domaine des « petits dieux » et de celui des géants. Nous connaissons maintenant ces choses grâce à la science.
yogaesoteric
2013
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