Qui veut jouer un match de YOGA?


Le règlement international des compétitions de YOGA, selon la Fédération Internationale de Yoga sportif

de Maria Nicola


Avant la lecture de cet article, nous vous invitons à lire avec attention le test suivant qui est très simple. Cochez la réponse que vous considérez comme correcte pour chaque question. Pour chaque question vous pouvez cocher seulement une réponse, soit A, soit B.

1) Le YOGA est:
A. Une science spirituelle ancienne
B. Un sport historiquement découvert il y a 2000 ans

2) Les branches traditionnelles du système de YOGA mentionnées dans les traités yogis millénaires sont:
A. HATHA YOGA, KARMA YOGA, BHAKTI YOGA, JNANA YOGA, RAJA YOGA, TANTRA YOGA, LAYA YOGA etc.
B. YOGA acrobatique, YOGA artistique, YOGA rythmique et YOGA ASANAS

3) Le yogi envisage d’atteindre la perfection spirituelle par:
A. La pratique persévérante d’un entraînement spirituel adéquat
B. La participation à des compétitions sportives

4) Les exercices de YOGA sont pratiqués:
A. Sur une couverture
B. Sur un terrain de jeu carré avec le côté de 6 m

5) Les règles éthiques et morales du YOGA (YAMA et NIYAMA) doivent être respectées:
A. Tout le temps
B. Pendant certains intervalles préétablis durant les compétitions sportives

6) Le JNANA YOGA (YOGA de la connaissance) est:
A. une forme de YOGA qui permet l’atteinte de la libération spirituelle par la connaissance métaphysique
B. un terme qui désigne le niveau de connaissances générales sur la tradition yogie

7) Le niveau de réalisation spirituelle d’une personne est corrélé avec:
A. Ses actions et ses réalisations
B. Un visage souriant et sans soucis

8) Une personne devient un Guide spirituel compétent:
A. Après avoir atteint un certain niveau de réalisation et d’expérience spirituelle
B. 12 ans après avoir achevé les cours de certification en YOGA

9) Les exercices de HATHA YOGA sont pratiqués:
A. En silence
B. Sur un fond musical

10) Dans la pratique des postures corporelles yogies, ASANAS, il est important:
A. De maintenir chaque posture au minimum 3 minutes, et de conscientiser, après son exécution, les effets de la posture
B. D’exécuter le plus de postures possible dans un intervalle total de 2 minutes, en passant rapidement d’une posture à l’autre, sans aucune pause

L’interprétation des résultats

Nous vous invitons à de compter vos réponses de type A et B.

Si vous avez accumulé 10 réponses de type A, nous vous prions de nous excuser, mais nous ne pouvons pas dire grande chose sur vos connaissances yogies. Soit vous avez lu un seul article soit un seul livre de YOGA, soit vous en avez lu 100, soit vous êtes un yogi avancé, ou seulement un débutant, soit vous êtes extrêmement sage, soit vous avec un niveau minimum d’intuition et de bon sens. Vous avez correctement répondu à toutes les questions, mais comme elles étaient élémentaires, ce n’est pas une grande performance.

Si vous avez coché autant de réponses de type A que de réponses de type B (ou que leur nombre respectif est relativement proche), nous sommes sûrs que vous avez pris ce texte pour une blague et que vous vous moquez de nous.

Par contre, si vous avez coché en prépondérance des réponses de type B (entre 7 et 10), nous pouvons vous dire avec certitude que vous êtes membre de la „Fédération Internationale de YOGA Sportive”. Si vous avez coché 10 réponses de type B, il est très probable que vous soyez des officiels de cette organisation.

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Une tradition millénaire de pratique spirituelle est ridiculisée

Le Yoga a une histoire fascinante et complexe. En Inde, au Népal et au Tibet abondent les histoires et les figures légendaires. De vrais titans spirituels comme Milarepa, Babaji, Padma Shambava, Lalla, Ramakrishna sont seulement quelques-uns des noms qui enflamment l’imagination des aspirants yogis, par les tapas qu’ils ont réalisés, les réalisations exceptionnelles et les pouvoirs paranormaux qu’ils ont atteint, mais surtout à cause de leur vie, exemplairement vécue seulement pour Dieu. Il est possible, qui sait, que nous ne connaissions même pas les plus grands yogis de tous les temps et qu’ils aient vécu quelque part dans la solitude, entièrement dédiés à l’ascèse spirituelle.

La tradition yogie est très riche et très variée. Des traités spirituels très anciens posent les bases de cette science extrêmement vaste et complexe. Malgré leur variété, toutes les formes de YOGA sont unitaires et tous les yogis ont certainement beaucoup de choses en commun. La cohérence de ce système traditionnel, dont les secrets pratiques ont seulement été transmis tout au long des millénaires „de bouche à l’oreille”, est étonnante. L’un des plus remarquables traits de ce système spirituel est la tolérance, dans le sens d’ouverture d’esprit et ld’absenc de dogmatisme – les grands yogis n’ont jamais affirmé que le YOGA est la seule voie spirituelle ou qu’une seule forme de YOGA est la meilleure pour tous les gens, ou encore qu’ils soient les seuls à pouvoir enseigner le YOGA.

Quant aux compétitions, pas même un seul mot dans les traités yogis ou les légendes. Parfois, divers souverains invitaient à leur cour des sages qui organisaient des joutes orales sur des thèmes philosophiques. Il est rare que les grands yogis étalent leurs pouvoirs paranormaux, comme dans les célèbres confrontations des grands yogis tibétains avec les représentants de la religion Bon, sauf pour convaincre ces derniers de renoncer à la magie noire.

Au contraire, pendant les temps modernes, la compétition et l’intolérance ont été institutionnalisées même dans le YOGA. La Fédération Internationale de Yoga sportive déclare que: „Les sports yogis ont pris naissance il y a 2000 ans. Ils sont originaires de l’Inde. Dès le début, les sports yogis ont d’abord été des compétitions spirituelles entre les différentes écoles philosophiques et monastères de l’Inde. Cet art était consacré aux anciennes divinités, comme c’était le cas en Grèce lors des Jeux Olympiques. Le Yoga en tant que sport est basé sur l’éducation spirituelle. Les techniques mentales et physiques sont prises en considération seulement après avoir atteint le contrôle de l’esprit humain.”

(NOTE. Pour mieux parcourir cet article, toutes les citations du Règlement international de la Fédération International de Yoga sportif sont écrites en caractères rouges.)

Il nous est impossible de vous expliquer ce que la Fédération Internationale de Yoga Sportif comprend par „le contrôle de l’esprit humain” qui devrait être atteint, dans leur vision, avant que l’aspirant ose réaliser les techniques yogies les plus simples!

Sport ou voie spirituelle?

Du fait que l’approche entre le YOGA et le sport est purement et simplement forcé et très peu plausible, les auteurs du règlement du „Yoga sportif” ressentent le besoin de définir, dès le début, ce qu’est un sport. La définition est purement et simplement exotique. Ainsi, nous apprenons par ce règlement que „Un sport est tout jeu qui a certaines règles et un règlement qui inclut les compétitions entre deux ou plusieurs personnes. Toute compétition et tout sport vise à faire ressortir si un être humain est compétent en ce qui concerne certaines qualités, talents, techniques, stratégies, tactiques ou d’autres modalités compétitives, évaluées du point de vue physique, mental, spiritual, social, éthologique et écologique. Le Sport est la Vie même qui nous apprend, parce que la vie est compétition.”

Une question élémentaire pourrait être comment analyse-t-on les dotations spirituelles des boxeurs ? Ou le comportement écologique des joueurs de football? Mais nous nous abstiendrons de commenter ces aspects évidents, parce que quelque chose de tout à fait étonnant a attiré notre attention l’étologie. Une science moins connue (à ne pas confondre avec l’ethnologie), l’éthologie – qui apparaît à maintes reprises dans le règlement international des „sports yogis” – est la science qui étudie le comportement des animaux et est une branche de la… zoologie ! En psychologie, l’éthologie étudie le comportement instinctuel de l’être humain par analogie à celui animal et analyse plus particulièremnt ses manifestations primitives.

Le jeu de YOGA

Nous continuons de citer le même règlement:
„La définition du jeu de yoga sportif : Les sports yogis sont une discipline spirituelle qui valorise l’éducation spirituelle de l’être humain et le contrôle de celui-ci sur les sensations, les émotions, les passions et les sentiments. L’intelligence de l’être humain est récompensée, celle-ci étant évaluée au travers de l’intelligence affective et émotionnelle pendant le jeu, pour chaque concurrent, technicien et entraîneur.

L’objectif du jeu. L’objectif des sports yogis est la réalisation spirituelle individuelle, en utilisant la compétition en tant que modalité d’auto-perfectionnement et d’entraînement spirituel pour dépasser les obstacles de la vie quotidienne. Le but dans le Yoga sportif est le développement de l’intelligence spirituelle, de l’intelligence affective et de l’intelligence émotionnelle de l’être humain, pendant les compétitions, pour surmonter les situations négatives qui pourraient provoquer du mécontentement, de l’anxiété et du stress. Chaque concurrent est en prépondérance entraîné du point de vue spirituel, à défaut d’un entraînement mental et physique. Les sports yogis utilisent les techniques de concours yogis en tant que moyen, et le but ultime reste la spiritualité.”

Le Yoga défiguré en tant que sport pour obtenir du soutien financier

Avant de poursuivre, il est nécessaire d’expliquer quelques aspects, surtout pour ceux qui pourraient croire que nous réalisons cette analyse seulement dans un but polémique. D’où vient cette obsession pour le yoga sportif ? Pourquoi toutes ces distorsions et contorsions pour inventer une nouvelle discipline ? Simple : parce que le sport est, en général, bien financé, ou de toute façon mieux financé que la spiritualité. Une école spirituelle déclarée institution d’intérêt public est du domaine de l’imaginaire à l’époque actuelle, mais le sport est en vogue, et c’est une méthode fréquemment utilisée pour offrir du „cirque” au peuple. Et si un certain sport est déclaré comme sport olympique, il est financé par le budget de l’État.

Donc c’est le plan « ingénieux » de quelques entrepreneurs qui ont cherché des solutions pour obtenir un soutien financier pour leurs écoles de yoga et de certaines activités connexes, comme l’organisation de réunions internationales, des congrès, des subventions pour leurs déplacements etc. Le plan serait le suivant :
– on conçoit un règlement du „jeu” de yoga et des compétitions
– le yoga est déclaré comme sport
– on constitue des fédérations nationales et ensuite des fédérations internationales
– on organise un certain nombre de compétitions selon ce règlement
– après plusieurs compétitions on peut demander au Comité Olympique de le déclarer sport olympique.

Pour plus de „couleur sportive”, et pour plonger définitivement dans le ridicule, on définit les catégories de sportifs amateurs et professionnels – les professionnels étant ceux qui participent à ces compétitions pour gagner de l’argent, peut-être (ce qui fait en sorte que nous nous demandons si à l’heure actuelle il existe encore des sports pour les amateurs). Dès 2007, ont existé des „Coupe du Monde” pour les „sports yogis”, la catégorie pour les « professionnels ».

Nous ne voulons pas vous faire comprendre que nous sommes contre le sport et que le but de cet article serait de critiquer les sports, les compétitions sportives, les sportifs, les règlements. Nous ne faisons que de souligner que les sports, en général, ont un certain sens. Dans le cas du basket-ball, par exemple, il est très facile de déterminer le marquage des points et quel est le règlement du jeu. Le but est de marquer le plus de paniers possible. Dans le cas de l’athlétisme, celui qui court le plus vite, gagne. Dans le cas du football, du handball, du hockey, on inscrit des butss et on compare le total. Finalement, si deux douzaines de personnes veulent courir après un ballon de le seul but de le passer plus loin dès qu’ils s’en saisissent, c’est leur droit…

Évidemment, il est possible d’imaginer des tas de modalités pour organiser des concours de YOGA avec différentes épreuves et méthodes de comptabilisation des points. Nous sommes parfaitement d’accord avec l’idée que certains concours périodiques peuvent être une émulation pour les aspirants et surtout, leur offrir des exemples remarquables. Nous savons tous qu’il y a des concours non seulement dans le domaine du sport, mais il existe aussi des olympiades de mathématiques, de physique, de littérature, et également des concours dans le domaine artistique… Mais nous ne sommes pas du tout d’accord avec l’idée que dans le YOGA la compétition soit une façon d’atteindre la perfection spirituelle et que ces compétitions doivent être organisées comme dans les compétitions sportives.

En revenant au schéma „stratégique” cité plus haut, nous observons que des problèmes apparaissent dès le début. Le YOGA n’étant pas un sport, comment pourrait-on organiser des matches ou des jeux de yoga ? Quel pourrait être l’objectif de ce sport ? Il se joue individuellement ou en équipes ? Comment compter les points ? Le problème, pour ceux qui ont défini le „yoga sportif”, est qu’une fois qu’ils ont choisi un certain nombre de règles choisies, pour considérer le YOGA comme un véritable sport, nul ne sera autorisé, dans leur vision, de „jouer au yoga” autrement que de la façon dont ils l’ont décidé! Autrement dit, soit on joue au yoga sur des terrains de jeu carrés avec de 6 mètres de côté, soit il n’a plus du tout le droit de jouer au yoga!

Quels sont les „sports YOGA”?

Tout yogi débutant apprend que dans le système du yoga il existe plusieurs branches ou formes de yoga. Elles s’appellent HATHA YOGA, BHAKTI YOGA, JNANA YOGA, KARMA YOGA, TANTRA YOGA etc. Chacune d’elles offre des modalités spécifiques d’entraînement spirituel et peut conduire à la perfection spirituelle. Au contraire, dans le „yoga sportif” on n’affirme rien d’autre que la perfection spirituelle est atteinte par la participation aux compétitions de „yoga sportif” dans le cadre de quatre disciplines. Le règlement des „sports yogis” affirme qu’il existe „quatre branches, styles ou modes de yoga sportif:
a) le sport yoga athlétique
b) le sport yoga artistique
c) le sport yoga rythmique
d) le sport yoga asanas.”

Nous remarquons la répétition obsessive du mot « sport ». Y aurait-il quelqu’un pour avoir l’idée de s’exprimer de la façon suivante : „Les sports d’équipe avec ballon les plus connus sont: le sport football, le sport volley-ball, le sport basket-ball, le sport handball, le sport rugby…”? Y aurait-il quelqu’un pour dire : „je vais jouer un match de tennis sportif ?”. Ou bien „je regarde à la télé le championnat mondial sportif de patinage artistique?” Du point de vue linguistique, ces expressions sont des pléonasmes. Et cela parce tout le monde sait que le football, le volley, le tennis, le patinage etc. sont des sports !

Bien sûr, la conclusion logique qui s’impose est que les „sports yoga” ou le „yoga sportif” représentent tout à fait autre chose que le YOGA! Et, au-delà de l’indignation que cette invention peut éveiller on pourrait dire, dans l’esprit de la tolérance yogie, « laisses-les s’occuper de leurs „sports de yoga”, et continuons pour ce qui nous concerne de nous occuper de YOGA ». Le monde est grand et il y a suffisamment de place sous le soleil pour chacun de nous! Le problème est différent. Le problème est que le „yoga sportif” est institutionnalisé, fédéralisé et ses inventeurs cherchent à s’emparer de tout ce qu’est appelé YOGA sur cette planète. Comme il est dit disait plus haut, ou tu joues comme eux, ou tu seras écarté.

Certains aiment le sport

Il se peut que vous soyez d’une nature sportive. Il se peut que vous aimiez les sports en tant que spectateur. Il est bien possible que l’abord strictement physique du système de YOGA, en tant que méthode d’entraînement physique (bon nombre de sportifs utilisent des éléments de YOGA pour accroître leurs performances) vous semble normal. Cependant, le „yoga sportif” ne peut même pas vous offrir ce minimum! En tant que yogis avec une certaine expérience pratique, nous vous garantissons qu’en pratiquant cette dégénérescence du yoga vous n’obtiendrez aucun des merveilleux effets de sa pratique ! Au niveau déclaratif, après toutes les contorsions réalisées pour simuler le YOGA et pour le transformer en sport, même son règlement répète de façon obsessive que les aspects physiques ont une importance mineure dans l’évaluation des concurrents.

Les quatre „sports de yoga” sont vaguement délimités entre eux, de la façon suivante (selon le règlement) :
1) dans le sport „yoga athlétique” est mis l’accent sur l’exécution correcte de certaines postures yogies difficiles (les postures choisies sont très compliquées et contorsionnées, alors qu’elles ne sont pas du tout les plus importantes postures corporelles yogies);
2) dans le sport „yoga artistique” est exécuté un programme de deux minutes sur un fond musical, qui consiste en l’enchaînement d’une série de postures corporelles inspirées des asanas yogies (on passe d’une asana à l’autre);
3) le sport de „yoga rythmique” ressemble au yoga artistique, mais on le joue seulement en couples ou par groupes qui doivent exécuter de manière parfaitement symétrique et synchrone un programme artistique;
4) le sport „yoga asanas” consiste en l’exécution en rounds de certaines ASANAS par plusieurs concurrents, et le gagnant du „round” passe au round suivant.

Le sommet du ridicule est atteint lorsque, après avoir réduit le YOGA à un sport, on affirme que ce sport est „spirituel” et non pas physique. Nous citons un extrait du règlement officiel international: „Le Yoga athlétique évalue l’exécution parfaite d’une ASANA. L’alignement parfait, la puissance, l’équilibre, la résistance et la flexibilité. L’exécution parfaite de PRANAYAMA (le contrôle de l’énergie) et la respiration adéquate ou SVARA YOGA. L’atteinte de PRATIAHARA (l’introspection), DHARANA (la concentration) et si possible un état méditatif (DHYANA).”

Un amalgame de termes yogis, mais aucune véritable signification !

Ne vous laissez pas tromper par l’emploi ostentatoire et répété de quelques termes yogis spécifiques, parce qu’ils n’ont aucune signification réelle. Le SVARA YOGA, une forme très secrète de YOGA, ne se réfère pas du tout à la „respiration adéquate” et n’a rien à faire avec l’exécution des postures corporelles yogies, de même que le contrôle des souffles subtils (PRANAYAMA) n’est pas du tout objectivement évalué dans ces compétitions, où on ne pratique aucune technique de PRANAYAMA, mais seulement des ASANAS. Comme nous le verrons par la suite, le niveau d’intériorisation et de concentration est estimé par le maintien d’un visage serein et souriant. Mais mieux vaut continuer avec la définition du sport „yoga athlétique”.

„Spiritualité : le concurrent ne peut pas être nerveux, dissipé, anxieux. S’il montre du calme, de l’harmonie, du bonheur ou de la joie, il obtiendra beaucoup de points. Ces états spirituels ont plus de valeur que les habiletés physiques comme la flexibilité, la force, la résistance et l’équilibre. L’attitude sera également évaluée : l’attitude correcte et les actions du concurrent (KARMA YOGA) où la personne réalise son DHARMA (devoir) sans en attendre de bénéfice ou de résultat. Le concurrent qui a beaucoup de soucis ou qui est anxieux du résultat, perd la compétition.”

Sans du tout déconsidérer l’importance des états de calme, d’harmonie, de bonheur et de joie, nous signalons le fait qu’ils ne peuvent pas du tout être mesurés seulement d’après l’expression du visage, et nous doutons de la possibilité objective et de la précision de noter ce genre d’aspects subjectifs dans le cadre d’une compétition qui se veut rigoureuse. Ces états ne définissent pourtant pas la spiritualité. Pourquoi ne parle-t-on pas du tout de l’aspiration, de la volonté, du courage, de la sagesse, du détachement, de l’amour, de la compassion, de la générosité, du discernement ?! Peut-on s’imaginer un être vraiment spirituel sans amour ? Et comment allons-nous évaluer l’amour ?! D’après le niveau de courbure de la bouche ou d’après le regard humide et rêveur ?! Voilà la mascarade à laquelle on peut arriver en cherchant à réduire un système spirituel à un sport, et pour dire ensuite qu’on va ignorer les aspects physiques en faveur des aspects spirituels ! C’est une aberration d’affirmer que par KARMA YOGA on comprend la façon dont un concurrent agit dans le cadre d’une compétition. KARMA YOGA se réfère aux actions désintéressées au service des autres ! C’est une mascarade ridicule de dire que tu fais du KARMA YOGA en participant à un concours que tu ne veux pas gagner, étant ainsi détaché du résultat. Comment le jury estimera-t-il le fait que les yogis sportifs, amateurs ou professionnels, accomplissent leur DHARMA, c’est-à-dire le devoir spirituel ?!

Le „yoga artistique” et le „yoga rythmique”

„Le YOGA artistique est formée de KRAMAJIS ou séries d’ASANAS pratiquée comme une séquence fluide. À côté des aspects mentionnés pour le „Yoga athlétique”, on ajoute ici la musique, la tenue, les qualités artistiques naturelles, l’élégance générale, le rythme de l’exécution et le rythme de la respiration. La séquence des ASANAS est exécutée dans au rythme d’une musique choisie par le concurrent selon des critères adéquats (le bon goût). Les ASANAS seront liées entre elles par des mouvements harmonieux pour passer de l’une à l’autre. Le concurrent doit réaliser le moins de mouvements pour entrer dans l’asana suivante dans un temps minimal. Le concurrent doit montrer sa spiritualité et le bonheur pendant l’exécution de VINYASA. Exprimer de la spiritualité et la joie du mouvement dans l’exécution est d’une importance fondamentale. Le concurrent doit essayer d’atteindre un état de sympathie et d’empathie avec le public et le jury.”

Après une description si détaillée des deux premières branches, les deux autres sont succinctement expédiées: „Le Yoga rythmique se joue en couple, suivant le principe du miroir (les deux exécutent les mêmes ASANAS, dans le même domaine et de façon synchrone) en respectant tous les aspects décrits pour le YOGA artistique”. „Le sport yoga asanas est un sport corrélé avec les sports yogis. Ce sport est basé sur la construction et l’exécution des postures de YOGA, réalisées avec maximum de flexibilité, de force, d’équilibre, d’alignement et de résistance.”

Quelques précisions quant aux termes utilisés : VINYASA, la dénomination utilisée pour la séquence de „yoga artistique”, n’a aucune liaison avec la signification traditionnelle de ce terme. En YOGA, par VINYASA on désigne les exercices dynamiques qui impliquent une séquence de postures exécutées avec une certaine synchronisation de la respiration. Le plus connu exercice yogi de ce genre est le Salut au Soleil. Par généralisation, dans les variantes vulgarisées, genre „fitness”, qui ont été propagées en Occident à la place du yoga authentique, on pratique des séquences de postures de YOGA simples, chacune maintenue pendant 1 à 2 minutes (on compte les respirations) et on passe d’une position à l’autre. Ces exercices sont recommandés aux débutants et sont popularisés en tant que méthode de fitness.

La notion de KRAMIJI dérive en fait de la dénommée méthode KRAMA qui est appliquée spécialement dans la prononciation des mantras longs ou pendant l’incantation des hymnes religieux. On dit que ces mantras ont des effets et des valeurs spirituelles seulement s’ils sont récités avec une intonation adéquate et une synchronisation de la respiration avec les mots prononcés. Aussi bien la notion de VINYASA que celle de KRAMA n’ont rien à faire avec l’exécution d’un programme artistique inspiré des postures yogies. Ce genre d’exécution fait disparaître l’efficacité de ces postures et, du point de vue yogi, ce n’est pas autre chose qu’une exécution erronée.

Le YOGA et la gymnastique

Il est déjà évident que le règlement des sports yogis exploite une infime similitude avec la gymnastique – mais en gymnastique il y a des épreuves, des appareils, des figures imposées. Les gymnastes courent, sautent, évoluent sur des appareils… rien de ce genre ne peut être introduit dans le YOGA. L’idée avec le „yoga rythmique” ressemble un peu à la natation synchronisée. Même si on fait tourner les choses, elles demeurent fragiles et aucun règlement de compétition ne peut être établi. Et cela seulement pour l’ambition de faire du YOGA un banal sport! L’idée de la réalisation d’un petit programme artistique, en combinant des postures de yoga semble sympathique; on peut savourer ce genre de manifestations dans les spectacles artistiques. Mais ce n’est pas du YOGA !

Ensuite, après avoir vu de plus près ce qu’est le jeu de „yoga sportif”, il faut voir comment on joue les matchs et les compétitions. Il faut définir un terrain de jeu et la modalité de pointage. Voilà ce que le règlement de ce sport nous impose:
„Le terrain de jeu est un carré avec 6 mètres de côté . L’espace est une zone libre, sans aucun obstacle. La surface doit être plate, horizontale et uniforme. Le plancher peut être en bois, en caoutchouc ou en béton. La surface ne doit pas blesser les concurrents. Il est interdit de jouer sur des surfaces âpres ou glissantes. Les terrains couverts et les terrains extérieurs sont également acceptés. L’aire doit être bien éclairée afin de permettre au jury de faire son devoir. Des systèmes audio, des lecteurs de CD ou des interprétations en direct de certains musiciens seront acceptés pour le yoga artistique et rythmique, avec une durée maximale de 2 minutes. La table doit être placée sur l’un des côtés du carré de 6×6 mètres. L’arbitre doit s’y asseoir, il doit voir aussi bien le concurrent que les signes faits par les arbitres de touche. Au chaque coin du carré de 6 x 6 mètres seront placées des chaises, une pour chaque arbitre. Ils doivent avoir la possibilité de voir le concurrent et l’arbitre principal.”

Qui peut participer aux compétitions

Au cas où ce qui vous a été présenté jusqu’à maintenant, au lieu de vous décourager, a incité votre curiosité, apprenez que « seuls les concurrents enregistrés par leur entraîneur peuvent participer aux compétitions de yoga sportif » On peut participer individuellement, en couple, en groupes ou en équipe, et les concours sont féminins, masculins et mixtes. De plus, les concurrents sont divisés en catégories d’âge (qui ultérieurement peuvent être divisées selon les critères d’organisation de l’événement). Voilà les catégories d’âge:
• baby : 4-5 ans
• baby kids : 6-7 ans
• kids (enfants) : 8-12 ans
• juniors : 13-17 ans
• jeunes : 18-25 an
• jeunes adultes : 26-35 ans
• adultes : 36-40 ans
• vétérans : 41-60 ans
• seniors : plus de 61 ans.

Peut-être vous imaginez-vous que les centaines de concurrents présents à ces compétitions ont rendue nécessaire une telle division des participants. Aux concours annuels (organisés par année d’étude dans le cadre de notre école de YOGA) s’inscrivaient à chaque fois peut être des centaines de personnes pour chaque année de cours, au total plus de mille participants. Peut-être ont-ils été confrontés à des situations similaires. Qui le sait ?! Prenons un seul exemple. Au championnat mondial du Mexique, en 2007, ont participé un total général de 20 concurrents, AU TOTAL, pour toutes les branches de „sports de yoga”, pour toutes les catégories d’âge et les deux sexes. Parmi ceux-ci, 17 étaient des femmes, et 3 hommes au total (3, vous avez bien lu, TROIS) concurrents pour toutes les catégories d’âge.

Le comptage des points dans les „sports yogis”

En continuant de parcourir le règlement, nous découvrons avec enchantement la première chose avec laquelle nous sommes totalement et sans réserve d’accord : les concurrents doivent être déchaussés. Suivent quelques explications sophistiquées sur les responsabilités des concurrents et de leurs entraîneurs, y compris la place que ceux-ci peuvent occuper dans la salle de concours. Passons maintenant aux choses sérieuses. Le match peut commencer. Comment compte-on le score?

Suite à son évolution, chaque concurrent reçoit une note, le maximum étant 10. Le concurrent qui a accumulé le plus de points gagne, et s’il existe deux candidats pour la première place c’est le jury qui décidera qui mérite cette place. Dans les 10 points, le règlement affirme qu’on note:
• l’évaluation de la performance physique – 1 point
• l’évaluation de la performance mentale – 1 point
• l’évaluation spirituelle – 4 pointe
• l’évaluation sociale – 1 point
• l’évaluation écologique – 1 point
• l’évaluation culturelle – 1 point
• l’évaluation des connaissances philosophiques – 1 point.

Nous avons demandé à ceux qui ont participé à ces compétitions et nous avons appris que… pas de question d’un comptage pareil! Bien sûr, c’est le jury qui donne les notes, mais comment pourrait-il faire cette évaluation sophistiquée et abracadabrante? Ce n’est pas qu’on veuille absolument que les choses se passent ainsi… mais si on nous interdit d’organiser des concours de YOGA d’après un autre règlement, au moins qu’il existe une certaine conséquence !

Pratiquement, ce règlement affirme que chaque concurrent réalisera le petit programme de 2 minutes qu’il a préparé et suite à cette exécution, les „arbitres de touche” et „l’arbitre principal” évalueront ni plus, ni moins que „les capacités et les talents, les performances mentales, physiques, spirituelles, l’intégration sociale, le comportement éthologique (parle-t-on à nouveau du comportement animal instinctif ?!), écologique, les aspects culturels et les connaissances philosophiques.” Nous demeurons perplexes.

Bien sûr, les choses sont réalisées avec méthode. D’ABORD on évalue le concurrent du point de vue des attitudes et des talents physiques, mentales et spirituelles et ENSUITE ont passe à son évaluation sociale. APRÈS on évaluera les connaissances culturelles et philosophiques sur sa „discipline de vie” (on pense qu’il s’agit du YOGA). Tout ce bavardage n’est qu’un non-sens. Il veut prouver qu’il existerait un système objectif et rigoureux pour noter, mais aussi que „les aspects physiques (la flexibilité et la qualité de l’exécution) comptent seulement pour un point sur dix, ce qu’on évalue étant en fait la façon dont le concurrent vit sa vie dans un esprit yogi.” Donc, le principal aspect qui est objectif et d’intérêt dans un concours où on exécute des postures de YOGA compte au maximum pour 1/10° de la note finale, et le reste n’est que de la décision arbitraire et subjective. N’est-ce pas très frustrant pour les participants ? Peut-être est-ce la raison pour laquelle on insiste tellement dans le règlement sur le fait que les concurrents qui seront mécontents des décisions (irrémédiablement subjectives) du jury, seront disqualifiés.

En principe, n’oubliez pas que le jury (les arbitres de touche et l’arbitre central) vous surveilleront pendant toute la durée de la compétition, non seulement lorsque vous exécuterez votre programme, mais également avant et après le concours – bien qu’une fois les prix accordés, à quoi cela servira-t-il?! Voilà les aspects qui seront évalués en bien ou en mal d’après le règlement):
• ahimsa (la non-violence): le concurrent n’a pas le droit de manifester d’attitude agressive, critique, d’ennui ou de déception, ni physiquement, ni verbalement ou spirituellement (?!) envers tout autre concurrent, arbitre, entraîneur, personne du public, animal ou plante. Pas même les objets ne devront être traités avec rudesse par les concurrents. N’oubliez pas que dans le cadre des responsabilités des concurrents il est mentionné qu’il faut traiter avec amour même les insectes !
• l’amitié envers tout être vivant présent à l’événement. Attention ! Si la famille ou les amis vous accompagnent au concours et qu’ils n’ont pas un bon comportement, vous recevrez moins de points à cause de leur manque de bonnes manières. Faites attentions aussi au comportement de votre entraîneur ! Ni le concurrent, ni l’entraîneur n’ont le droit d’exprimer un quelconque mécontentement, mais pas plus de l’indifférence, de la dépression, de l’anxiété, du stress ou toute autre émotion négative.
• l’intelligence affective et émotionnelle : on note le bonheur et la joie. Il faut prouver même ostentatoirement que vous vous réjouissez de participer à cette ”fête”. On note – quoi que cela signifie – „l’habileté à générer des sentiments altruistes de compassion pour les autres, aussi que l’habileté à s’amuser en participant au jeu.”
• les règles de yama et de niyama „doivent être respectées avant, pendant et après la compétition (une heure avant et une heure après).” Exténuant.
• quant aux aspects physiques (1 point sur 10) ici on a plusieurs choses en cause (en fait 10) : flexibilité, résistance en équilibre statique, résistance en posture de force, alignement, coordination et rythme, charisme, art (?!), créativité, musique (il faut la choisir avec bon goût) et scénographie. Sur les 10 points, pour le yoga il ne reste qu’un total de 0,4. Le reste c’est de l’imagination.
• le score mental est évalué par l’habileté à réaliser l’introspection, la concentration, la contemplation et la méditation pendant la compétition (ayant en vue la durée infime des exécutions, 20 à 30 secondes maximum, on se demande si les yogis sportifs connaissent la définition de la concentration mentale et celle de la méditation yogie).
• le score social – ATTENTION – implique la pénalisation des yogis qui ne s’intègrent pas du point de vue social dans la communauté yogie ou de ceux qui ont des problèmes dans leurs pays (nous observons ici la tendance d’exclure tous ceux qui ne „s’alignent”pas). L’acceptation sans objections des règles de cette compétition est positivement appréciée.
• le score étho-écologique (?!) – ce point est accordé si vous ne tuez aucune plante et aucun insecte au cours du déroulement de la compétition (probablement celle-ci est la connexion avec le comportement animal instinctif). Attention ! Vous risquez d’être sérieusement pénalisé faute d’un traitement adéquat pour tout être vivant (plante et insecte). Vous serez pénalisés si vous jetez des papiers par terre. Si vous déplacez les objets de la salle de concours ou si vous cassez quelque chose vous serez également pénalisés. Si vous fumez ou buvez de l’alcool ou prenez des drogues pendant que vous êtes sur la scène, vous serez sérieusement pénalisés.
• le score culturel est accordé si vous acceptez sans critiquer la culture, la religion, la philosophie, les traditions et les coutumes du pays et de la ville où la compétition a lieu. Il n’est pas précisé quelles sont les fautes qui peuvent vous faire perdre ce point.
• le score philosophique – 1 point – intitulé avec pompe „concours de JNANA YOGA”, nous apprenons que c’est un questionnaire sur „la philosophie, l’art et la science yogie”. On ne sait pas à quoi s’attendre après cette description pompeuse qui n’a rien à faire avec le JNANA YOGA. Enfin, si vous n’avez pas jeté des papiers par terre, si vous n’avez rien cassé, si vous n’avez pas fumé et si vous n’avez tué aucune mouche, peut être que vous ne devez plus vous casser la tête avec cela.

De tout ce que nous avons présenté ci-dessus, il est bien probable que les choses soient claires quant au „yoga sportif”. Le règlement que nous vous avons présenté est téléchargé sur la page web de la Fédération Internationale de Yoga sportif (http://www.yogasports.org/). Nous n’avons rien inventé. Au contraire, nous n’avons pas eu le temps ni l’espace nécessaire pour commenter tous les aspects surprenants de ce règlement.

Nous proposons à toutes les écoles de YOGA traditionnel un dialogue ouvert

Qu’y aurait-il à ajouter? S’il y a des personnes qui veulent pratiquer cette fiction de „yoga sportif”, nous n’avons aucune objection. Le fait que la Fédération Internationale de YOGA soutienne cette Fédération de yoga sportif est pour nous une raison de souci. La Fédération pourrait également soutenir la pratique de toutes autres formes traditionnelles de YOGA et alors tout serait acceptable. Mais le fait que la Fédération Internationale de YOGA interdise le déroulement d’un concours traditionnel de HATHA YOGA seulement parce que celui-ci ne se déroule pas selon le règlement des „sports yoga”,est un abus criant de vérité.

Nous attentons une discussion ouverte et constructive de la communauté yogie internationale. La Fédération Internationale de YOGA a essayé de convaincre MISA de renoncer au concours de promotion des valeurs yogies annoncé pour le Congrès de Bucarest du mois de juin. Du fait que l’école de YOGA de MISA a maintenu sa décision d’organiser ce concours de promotion des valeurs spirituelles qui inclut une épreuve de HATHA YOGA, la Fédération Internationale de YOGA, qui antérieurement avait encouragé l’organisation du Congrès International de YOGA de Bucarest, a déclaré qu’elle n’admet pas que cet événement ait lieu sous son égide.

Pourtant, MISA a décidé : on va organiser le concours de yoga de manière traditionnelle. Personne ne jouera des matchs de yoga sportif à Bucarest ! Au moins, pas au Congrès International „Le Yoga et la sagesse millénaire planétaire”, qui sera organisé par MISA à Bucarest au début du mois de juin, „sans l’égide” de la Fédération Internationale de YOGA.

Lisez aussi: 
Concours pour la promotion des valeurs spirituelles
Le but poursuivi par le yogi dans la pratique du yoga
Le code moral et éthique en yoga

yogaesoteric
2008

 

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