5. La signification des découvertes de la physique contemporaine à la lumière de la spiritualité
un article de Gregorian Bivolaru
Certains soutiennent qu’”ADVAITA VEDANTA et le BOUDDHISME sont des métaphysiques illusionnistes”. Dans ce sens nous pouvons dire que dans la mesure où elles nous invitent de manière simpliste à “réaliser l’irréalité du monde”, tel que la plupart s’expriment, elles sont entièrement illusionnistes. Est-ce que nous nous sommes rendu compte de la signification d’une phrase du genre “La réalisation de l’irréalité du monde signifie rendre réelle l’irréalité” ?
Sur ce point particulier il est intéressant de citer l’assertion de Tantratattva: “le problème ce n’est pas d’affirmer ou d’infirmer que ceci ou cela est irréel, mais c’est de savoir jusqu’à quel point nous sommes doués du vrai pouvoir de rendre inexistant même un brin d’herbe”. Or, l’immense majorité ne peut pas détenir ce vrai pouvoir qui serait l’unique preuve de l’irréalité du brin d’herbe!
Tant que nous continuons à rester seulement au niveau des mots il est très important de nous entendre sur la signification des mots et sur la façon dont nous les utilisons: illusion, apparence, fantasme, irréalité, rêve, etc. Si l’on donne au terme “illusion” (de «illudere», jouer avec) le sens d’irréalité, dans le sens courrant du mot, nous limitons l’existence à son aspect transcendant et nous escamotons le monde des phénomènes, en l’assimilant à une sorte d’hallucination collective.
Alors la confusion apparaît parce que nous faisons de ces mots des synonymes de l’irréalité. Mais si nous gardons le vrai sens du mot “illusion”, nous serons beaucoup plus proches de la vérité, parce qu’en effet il s’agit d’un jeu (ce que les hindous appellent LILA), qui se déroule d’une manière trompeuse, parce que il est d’habitude abordé à travers le mental et les sens, qui sont eux-mêmes limités. Il ne s’agit pas non plus de nous orienter vers l’autre extrême, qui soutient la dualité définitive, car c’est le point de vue opaque spécifique à l’ignorance, qui confère le pouvoir entier à la raison, instrument efficace, mais qui ne peut pas s’adapter aux domaines qui ne lui conviennent pas.
Les tantriques insistent souvent sur le fait qu’en réalité l’énergie est difficile à localiser, autrement dit elle n’est pas dans un endroit précis, elle est sans résidence (ANIKA), “étant consciente qu’elle contient” en elle, cachées ou impliquées, des possibilités infinies d’actualisation qui se “déploient” et se “replient” , se combinant parfois dans la même action de déploiement dans un rapport mystérieux et continu de dépendance, avec une conscience sans cause de laquelle elle ne peut jamais être dissociée. SHIVA et SHAKTI ne représentent que des aspects, pliés ou déployés, de leur Totalité. Les manifestations, les mondes (y compris notre monde) ne sont pas autre chose que des “apparences” déployées, formelles, ordonnées, mais évolutives, se compliquant dans le sens de l’entropie, et finalement au-dessus de tout, paradoxalement achevés à chaque moment où elles sont remarquées ou observées. Ces manifestations ne possèdent pas plus d’irréalité que d’interdépendance matérielle. La réalité dans le domaine des “apparences” est une perpétuelle métamorphose. Et l’apparence est “ce qui apparaît”: elle peut avoir la consistance d’un rocher ou peut être aussi évanescente qu’un fantasme, ou peut être plus ou moins irréelle ou peut évoluer vers un certain destin matériel, lorsque son énergie constitutive se condense dans une masse (que nous dénommons MATIÈRE), pour se dissoudre ensuite en sens inverse, en gardant toujours une certaine dose d’indéterminisme, un KARMA indéfini, dans certains plans de son ordre global. Cet aspect n’a jamais une importance décisive.
Par conséquent, dans la vision du système du TANTRA la dualité et la non-dualité sont en fait deux moitiés de vérité, elles sont des simples modalités d’expression, qui conviennent plus ou moins. La vérité consiste à découvrir ce qu’elles ont en commun. Et la réalité se situe toujours sur le point commun de toute affirmation contradictoire. Mais la raison ne permet jamais l’accès à cette vérité. Nous ne participons pas concrètement, physiquement, en personne, à cette réalité. Et toujours ce qui nous promettait d’atteindre, la culture, la philosophie, la science, la spiritualité, ne font que nous en éloigner davantage.
Les tantriques considèrent que l’histoire peut très bien exister seulement pour les autres gens qui n’ont pas encore atteint l’illumination, bien sûr si cela les amuse et les aide dans le devenir général… On arrive à ce détachement parce que ceux qui ont vraiment atteint le plus haut état d’illumination spirituelle ne sont plus du tout préoccupés par l’histoire.
Lisez sur le même sujet la façon dont le Tantra Yoga traite le problème de l’individualité…
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