Le graviola : complément des traitements du cancer
La graviola c’est un petit arbre exotique de 3 à 10 mètres de hauteur que les populations autochtones des Caraïbes, d’Amérique centrale, du Sud, et d’Amazonie connaissent bien pour en faire un usage médicinal traditionnel. Appelée corossol, graviola, sapotille ou encore guanabana selon les pays, une seule et même plante se cache derrières ces appellations : l’Annona muricata, de la famille des Annonaceae. Toutes les parties de l’arbre sont utilisées : feuilles, fleurs racines, graines, fruits, écorce. Très prisée, la pulpe blanche de ses gros fruits hérissés d’excroissances, au goût de litchi, est consommée sous forme de jus de fruit, de smoothie, de beignets ou de sorbet. Riche en vitamine C, en fibres, en fer, en potassium, calcium, en acides aminés et en différents alcaloïdes, on lui prête de multiples vertus : diurétique, galactologue (favorise la lactation), antipyrétique (lutte contre la fièvre) antidiarrhéique et antiparasitaire, antiarthritique… Les macérations de ses feuilles, fleurs, racines et écorce sont réputées calmantes, luttant contre les insomnies, les maux de tête, l’hypertension, le diabète et l’asthme. Quant aux graines, elles ont aussi des vertus antiparasitaires et insecticides…
Une efficacité à l’étude
Quasiment inconnu en Occident, le corossol a pourtant acquis en quelques années, à la faveur d’Internet et des réseaux sociaux, une solide réputation de plante anti-cancer. Les articles foisonnent, en français et surtout en anglais, où la plante est appelée sous son nom de graviola. Les arguments avancés font valoir l’extraordinaire activité anti-tumorale du corossol, capable de neutraliser les cellules malignes.
Le corossol fait l’objet depuis le milieu des années 1990 d’une centaine de programmes de recherche aux États-Unis, en Inde, au Japon, en Corée et en Europe, dont la France. Des études in vitro et in vivo, publiées dans des revues scientifiques, ont mis en évidence ses propriétés antimicrobiennes, antivirales (notamment contre les virus de l’herpès HSV-1 et HSV-2), anti-inflammatoires (notamment contre l’arthrite), antidiabétiques, antihypertenseuses (il est vasodilatateur et élargit les vaisseaux sanguins), antiparasitaires, insecticides, ou encore hépatoprotectrices.
Une revue complète de ses vertus a été publiée en 2015 dans une méta-étude menée à la Faculté des sciences de Kuala Lumpur, en Malaisie. Mais c’est évidemment sur le cancer que les études se concentrent le plus… Dans le viseur, l’action d’une famille de principes actifs propres à la famille des Annonaceae : les acétogénines. Ces composés naturels issus du corossol (et en particulier de ses feuilles), comme l’annonacine, seraient ainsi capables d’induire l’apoptose des cellules cancéreuses, c’est-à-dire leur mort autoprogrammée, en inhibant notamment une enzyme (la NADPH-oydase), intervenant dans la synthèse de l’ATP, molécule fournissant l’énergie aux cellules via la mitochondrie. Privée de sa « pile », la cellule cancéreuse verrait ainsi sa prolifération contrecarrée…
Efficace in vitro sur les cellules cancéreuses
Les propriétés des acétogénines ont été étudiées en particulier par Jerry L. McLaughlin, du Laboratoire de Pharmacie et de Chimie de l’université de Purdue dans l’Indiana, structure de recherche soutenue par le National Cancer Institute américain. Le scientifique affirme, dans une étude publiée dans le Journal of Natural Products en 1996, que certaines acétogénines du Corossol sont « 10.000 fois plus puissantes » sur des cellules du cancer du côlon que l’adriamycine, un produit couramment utilisé en chimiothérapie cancéreuse.
Dans une autre étude menée par le même scientifique la même année, l’efficacité d’autres acétogénines se révélait beaucoup moins spectaculaire, et « seulement » équivalente ou légèrement supérieure au même produit de chimiothérapie… Quoi qu’il en soit, de nombreuses études ont démontré une action anti-tumorale, à la fois in vitro sur des lignes de cellules cancéreuses, et in vivo, sur des souris à qui l’on a greffé des tumeurs. Cette propriété concerne plusieurs types de cancers, du poumon, du sein, du pancréas, du foie ou encore de la prostate. De plus, il a été montré en laboratoire que les acétogénines sont sélectives, et ne s’attaquent qu’aux cellules cancéreuses, épargnant les cellules saines.
yogaesoteric
8 octobre 2022
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