« Too big to fail »: Crédit Suisse et ces autres banques dont la faillite provoquerait une catastrophe
Il y a des faillites qu’on ne peut pas se permettre. Et celle de Credit Suisse en fait partie: la banque helvétique est considérée comme « too big to fail ». Si Credit Suisse tombe, c’est la stabilité de tout le système financier qui est menacée.
« Too big to fail »……. L’expression fait référence aux banques dont la faillite pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’ensemble du système financier mondial mais aussi pour l’économie réelle. Si l’un de ces établissements se retrouve en grande difficulté, les Etats n’ont pas vraiment d’autre choix que de venir à sa rescousse pour éviter une propagation. Depuis la crise de 2008, ils doivent se plier à des règles plus strictes.
Credit Suisse, « trop grosse pour faire faillite »
La banque helvétique a créé un mouvement de panique sur les marchés financiers mercredi le 15 mars. À son plus bas, son action perdait plus de 30% avant de clôturer sur une baisse de 24%. Après l’annonce nocturne d’un emprunt auprès de la banque centrale suisse qui pourrait atteindre jusqu’à 50 milliards de francs suisses, son titre est remonté en flèche à l’ouverture de la bourse jeudi matin, le 16 mars. Le pire a été évité.
Elle fait partie de cette élite des banques internationales qui ne peuvent se permettre de faire défaut sans risquer l’effondrement de l’ensemble du système financier. Il n’y en a d’ailleurs que 30 dans le monde qui ont une « importance systémique mondiale » ainsi que les nomme le Conseil de stabilité financière (CSF), un organisme de surveillance international.
Le CSF met à jour sa liste tous les ans et, dans la dernière qui date de novembre 2022, Credit Suisse se retrouve à côté de banques françaises telles que Société Générale et le Crédit Agricole – dont les titres ont chuté dans le sillage de celui de leur consœur suisse – mais aussi de banques américaines, chinoises, canadiennes ou encore allemandes.
Liste complète des établissements bancaires « d’importance systémique mondiale » :
JP Morgan Chase, Bank of America, Citigroup, HSBC, Bank of China, Barclays, BNP Paribas, Deutsche Bank, Goldman Sachs, Industrial and Commercial Bank of China, Mitsubishi UFJ FG, Agricultural Bank of China, Bank of New York Mellon, China Construction Bank, Credit Suisse, Groupe BPCE, Groupe Crédit Agricole, ING Mizuho FG, Morgan Stanley, Royal Bank of Canada, Santander, Société Générale ,Standard Chartered, State Street, Sumitomo Mitsui FG, Toronto Dominion, UBS, UniCredit et Wells Fargo.
Des exigences particulières
De par leur taille, leur interdépendance et leur activité à l’échelle mondiale, ces banques ne sont pas traitées comme les autres.
Elles ont notamment l’obligation de posséder des fonds propres plus élevés qui correspondent à un pourcentage de leurs actifs pondérés par les risques.
Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire? Grâce à ce « coussin » de fonds propres plus important, elles doivent être en mesure d’absorber des pertes provoquées par de potentiels défauts de paiement. Ce coussin est plus ou moins épais en fonction du risque de « systémicité » de la banque, c’est-à-dire du danger qu’elle pose à l’ensemble du secteur financier.
Ainsi, Credit Suisse est par exemple considérée comme moins systémique, donc moins dangereuse, que JP Morgan Chase par le Conseil de stabilité financière. La banque américaine – qui est en tête du classement des banques systémiques à l’échelle mondiale – est, de fait, censée détenir des réserves de capitaux plus importantes qui sont équivalentes à 2.5% de ses actifs pondérés des risques. Pour Credit Suisse, le taux est de 1%.
Le traumatisme de la crise de 2008
Ces règles, en plus de nombreuses autres qui touchent l’ensemble du système bancaire, ont vu le jour à la suite de la crise des subprimes de 2007/2008 qui a laissé des traumatismes profonds sur les marchés financiers et au-delà.
En effet, la chute de la banque américaine Lehman Brothers avait précipité la finance et l’économie mondiale dans l’inconnu et les pays, pour ne plus s’y laisser prendre, se sont mis d’accord sur des normes internationales.
Le Comité de Bâle, qui supervise le système bancaire mondial, l’expliquait en ces termes en 2013:
« Lors de la crise financière qui a éclaté en 2007, […] Les autorités de contrôle et autres instances compétentes avaient des options limitées à leur disposition pour éviter que les difficultés de certains établissements ne se propagent […] Compte tenu du coût économique et financier de ces interventions et de l’augmentation de l’aléa moral qui en a résulté, il convient de mettre en place des mesures supplémentaires pour réduire la probabilité et la gravité des problèmes engendrés par la défaillance d’établissements financiers d’importance systémique mondiale. »
yogaesoteric
12 mai 2023
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