APADOR-CH: La campagne médiatique contre MISA a le caractère des campagnes communistes des années’40
par Gabriel ANGHELESCU
Président de l’Association pour la défense des Droits de l’homme en Roumanie – CH
Je propose de séparer le thème « Grégorian BIVOLARU » du cas MISA. J’ai connu Grégorian BIVOLARU au milieu des années ’70. J’ai suivi pendant 2 ans ses cours de HATHA YOGA au Club des étudiants près de l’école Polytechnique. Je l’ai même visité à la maison plusieurs fois. On pouvait trouver chez lui de la littérature Yogie, tellement rare à cette époque. Il détenait également des livres de Tantra, des revues sexy qu’il utilisait pour des exercices. Dans son petit appartement j’ai également rencontré, presque toujours, un officier de la « Sécuritate » (police secrète roumaine – nt). Ceci montre que les activités du yogi était surveillées de très près par la « Securitate ».
Après la fin de me études universitaires j’ai coupé toute liaison avec Bivolaru. J’ai vaguement entendu parler de son arrestation pour des activités mystiques, la détention de matériels pornographique et ensuite son internement dans un hôpital psychiatrique. La présentation de Bivolaru comme étant un ancien détenu de droit commun est indécente.
Après la révolution (Roumaine – nt) j’ai à nouveau entendu parler de lui : la création de MISA, son succès, mais également des choses antipathiques. Bivolaru aurait raconté le fait qu’il s’est évadé de prison en utilisant ses « pouvoirs miraculeux ». Plus tard, les membres MISA se seront concentrés pour l’évitement d’une collision avec un météorite qui s’approchait de la Terre. J’ai ensuite découvert la propagande anti-maçonnique. Un appétit bizarre pour des batailles obscures. Qu’avait-il tout ceci avec le Yoga ? Rien. Enfin, la fête occasionnée par son anniversaire, dans une dévotion collective m’est parue également discutable.
Tout ceci ne montre à mes yeux un personnage sympathique. Sa façon d’ interpréter le Yoga peut être sujet à discutions ou critiques publiques. Mais ceci ne met pas en doute son droit d’avoir initié et d’avoir activé dans le cadre de MISA.
Des actions et des « intoxes » à l’adresse de MISA ont lieu depuis dix ans. Mais l’intervention du Parquet, des Gendarmes et du Service Roumain d’ Informations ces jours-ci n’a jamais atteint ces proportions. C’est une des plus graves entorses à la démocratie d’après les « Minériades ». Ces jours-ci nous avons pu constater que dix ans après la chute du régime communiste, personne ne peut être en sécurité. Les héritiers des anciens membres de la tristement célèbre « Sécuritate » peuvent frapper tout aussi fortement aujourd’hui en 2004, comme ils le faisaient du temps du scandale de la « méditation Transcendentale » (interdite par le régime communiste en Roumanie – nt).
La brutalité de l’action commencée le 18 mars a dépassé tout ce qui pouvait être imaginable. Plus de 300 gendarmes accompagnés de procureurs ont attaqué simultanément 16 immeubles ou se trouvaient des membres MISA. Ils ont cassé des portes et des fenêtres malgré le fait que les entrées étaient sans obstacles. Ils ont frappé et mis à terre avec violence tous ceux qu’ils ont trouvé sur place, les menaçant ainsi à terre avec des armes à feu. L’ obtention des signatures sur les déclarations dictées par les procureurs s’ est fait en menaçant par la violence les résidents de ces immeubles. Des biens personnels ont été confisqués sans leur consignation dans le Procès Verbal de perquisition. Une fois ces gens retenus, leurs avocats ont été empêchés de prendre contacte avec leurs clients.
Tout ce qui a été énuméré plus haut constitue la négation des plus élémentaires règles du Code de Procédure Pénale. Mais la brutalité n’est pas tout. Une des actions les plus répugnantes a été le fait d’avoir filmé par le personnel d’intervention, tous ceux qui ont été retrouvés sommairement habillés et la mise dans des situations pénibles de tous ceux qui se trouvaient sur place. Les images ont ensuite été envoyées à la presse et utilisées dans des actions de manipulation de l’opinion publique. La seringue d’une doctoresse a été montrée à la télé en suggérant le fait qu’ elle se droguait. Voilà un autre cas exposé dans sa plainte par la victime (P.N.E.) : « aux alentours des 9h00 du matin, pendant que je me trouvais aux toilettes.Je n’ai pas eu le temps de me lever des toilettes que les troupes de gendarmes masqués et armés ont brusquement ouvert la porte des toilettes. Ils m’ont relevé des toilettes sans me permettre de relever ma culotte et les pantalons autour des chevilles il m’ont amené de force dans la zone des bureaux tout en étant pendant tout ce temps filmée par le caméraman qui accompagnait le Procureur. Ils m’ont forcé à m’allonger par terre, les mains au dos, toujours sans me permettre de remettre ma culotte et tout en continuant à être filmée. A mes côtés était déjà allongé le chauffeur de la société, I.M.. »
Les images des deux ont été ensuite envoyées à la télé.
Les mass média et surtout les télévisions ont été utilisés intensément pour l’intoxication de l’opinion publique. Ils l’ont fait d’une manière dirigée mais souvent on a pu voir le plaisir de la chasse au gibier (chasse aux sorcières). Bien d’images, et surtout les photos de certaines personnes trouvées dans les archives MISA étaient protégées par la loi. Les commentaires ont fait des yogis et de Bivolaru des monstres (aux yeux de l’ opinion publique – nt). L’affirmation (fausse elle aussi) comme quoi Bivolaru a été amené à la Police par un groupe de citoyens était une incitation clairement faite à la population, d’agir. Les images obsédantes de l’attaque des troupes de gendarmes intercalés aux déclaration incendiaire contre MISA ne trouvent de comparaison qu’avec les campagnes lancées par les communistes (Roumains – nt) à la fin des années ’40.
En réalité qu’est-ce qu’on pouvait reprocher aux membres MISA ? Le Yoga ? L’ utilisation de certains d’entre eux de l’urinothérapie ? Pénible. Eventuellement l’usage du sexe dans le cadre du Tantra Yoga de la part de certains d’entre eux ? Une question d’ordre privé. Aucune des images ainsi envoyées sur les écrans de télé ne dépassait l’exhibitionnisme sexuel quotidien qui passe à l’antenne sur les écrans roumains. Le fait d’avoir arrêté trois personnes pour des délits mineurs (qui reste toutefois à prouver) démontre tout au plus le ridicule des accusations.
Enfin, l’histoire incroyable de l’arrestation de Grégorian Bivolaru pour avoir soit disant essayé de passer « à sens inverse » la frontière chez les Hongrois semble prendre les téléspectateurs pour des crétins.
Plusieurs journalistes de la presse écrite ont pris leurs distances par rapport à ce qui se passait une fois que le grotesque de toute l’histoire devenait évident.
L’intersection du « cas Bivolaru » avec la fuite du politicien PSD (le parti au pouvoir en Roumanie, l’héritier du parti communiste – nt) Gabriel Bivolaru a commencé à réveiller les gens à la réalité. Nous nous trouvons probablement seulement au milieu des événements. Mardi, la démonstration d’ environs 10.000 membres MISA soulevant des pancartes écrites : « Sauvez la liberté de conscience ! » et « Non à la calomnie !» a montré le fait qu’ aujourd’hui les gens ne sont plus des agneaux tout bons pour le sacrifice pascal. Tout est grotesque, confus et inexplicable. Assez de gens ont remarqué le fait que nous nous trouvons devant un spectacle mis en scène par d’autres. Lequel ? Celui mentionné par Rodica Culcer dans son article paru dans le dernier numéro de la revue « 22 » : « En fait nous sommes en train de vivre un immense « Big Brother Show » – mais ce n’est pas celui de Prima TV, mais celui imaginé par George Orwell dans « 1984 ».