« Camouflarbres » : ces antennes relais qui avancent masquées

Sapins, cactus : aux États-Unis et de plus en plus en France, les antennes relais sont « déguisées » en arbres.

 

A Beaumont, en Californie (Hélène Crié-Wiesner)

Les antennes de télécommunications américaines sont très souvent déguisées en cactus, pins, palmiers ou araucarias, en croix géantes face à des églises, en hampes de drapeau ou en enseignes de station essence. Rares il y a quelques ans, ces tours relais camouflées pullulent sur le territoire des États-Unis.

La nouvelle avait fait scandale en 2005 : l’administration du parc naturel de l’Adirondack, dans l’État de New-York, s’apprêtait à installer une antenne relais près du lac Saint-George. Pour ne pas choquer les amoureux de la nature, elle allait être camouflée en faux pin haut de 35 mètres.

Les écologistes indignés avaient alors baptisé l’objet « Frankenpine », le pin Frankenstein. Si on en juge par les arbres analogues qui ont depuis envahi les sites américains les plus prestigieux, la rage de la téléphonie mobile a définitivement balayé les arguments des « chochottes naturalistes ».

Des relais partout, pour raisons de sécurité

Des lieux magnifiques sont désormais largement équipés de ces mêmes « camouflarbres » télécommuniquants : Yellowstone et son majestueux geyser Old Faithfull, le Great Smocky Mountain National Park et sa route scénique, ainsi que trente autres parcs nationaux ou d’État.

Les gestionnaires invoquent la sécurité pour justifier les antennes, et les environnementalistes se demandent comment les visiteurs ont fait, au cours des décennies passées, pour survivre dans la nature sans signal de portable.

 

A Raleigh, en Caroline du Nord (H.C-W). Il ne dépare pas, posé à 50 mètres d’une école primaire.

Dans la région de Los Angeles-Palm Spring on peut admirer ces spécimens pratiquement à tous les coins de rue – pardon : coins d’autoroute.

Indétectables au premier coup d’œil négligent, on les repère dès qu’on les cherche un peu.

Souvent plus beaux que le site où ils sont installés, comme à Beaumont (photo ci-dessus).

De faux arbres plus beaux que des vrais

Un site américain recense en (belles) images les différentes formes prises par les antennes américaines. L’auteur a observé ceci : « Prenez les antennes “ déguisées ” en araucaria. Elles ont six niveaux de branches horizontales, chaque niveau portant un bouquet d’antennes, lequel dessert un opérateur différent.

Si on regarde les sapins de Douglas, ils sont la plupart du temps plus beaux que les vrais, qui sont eux attaqués par la pollution des zones industrielles.

On n’a pas observé de nids d’oiseaux dans ce genre d’arbre, mais des toiles d’araignée, oui, plein. »

Autre site débordant de photos, celui du constructeur Larson Camouflage, qui délivre ses trucs de fabriquant : « Les branches de nos pins sont des antennes en soi, courbées de manière à cacher ce qui doit l’être. Le reste est dissimulé dans le tronc. Le tout fonctionne très bien avec les fréquences radio et est très joli.

Nos datiers et palmiers-éventails mexicains n’entraînent aucune dégradation du signal émis. […] Nous proposons également des cactus Saguaro, car les déserts aussi doivent être protégés contre les pollutions visuelles. Tout le matériel se trouve dans le tronc et les bras.

Pour l’écorce, nous utilisons un procédé époxy composite qui permet de reproduire n’importe quelle texture. Ensuite, on peint. Ça crée un aspect totalement naturel. »

À défaut de garantir l’innocuité des ondes, on camoufle

Tant d’inventivité laisse pantois cet autre blogueur, qui a recensé en images l’ensemble des camouflages imaginés par les industriels de la téléphonie mobile.

Il soulève la question des possibles effets sur la santé des fréquences électromagnétiques qui, relayée par des citoyens, embarrasse les opérateurs : « Pour embêter encore plus ces derniers, il y a même des municipalités qui édictent des ordonnances délimitant strictement l’emplacement des antennes relais. Aussi, pour calmer le jeu avec les citoyens, les opérateurs prennent au moins en compte l’aspect esthétique de la chose : ils camouflent. »

 

A Durham, derrière un restaurant

On pourrait dire que ce n’est déjà pas mal. Apparemment, le procédé a débarqué en France qu’un de ces camouflarbres aux allures de pin naturel avait poussé fin janvier 2010 à Sainte-Radegonde, dans l’Aveyron.

Des habitués du Journal du Geek assurent que plusieurs de ces faux arbres sont déjà installés dans l’hexagone.

C’est fort probable, car il y a des constructeurs français offrant les mêmes prestations – quoique moins bien achalandé en espèces végétales – que leurs homologues américains.
 
 
 

yogaesoteric

23 mai 2019

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