Combien est importante une seconde…

Dans un lundi soir, en rentrant du cours, je conduisais la voiture dans la nuit. Etant au volant, j’observais comment s’étendait devant moi l’autoroute libre, avec des bandes spécifiques et des panneaux suspendus. Regardant dans l’obscurité et à la fois très focalisée devant moi et à l’intérieur de moi, très présente et attentive une voix de l’intérieur me dit: « Réveille-toi! Rappelle-toi. Tu es éternelle. Tu le sais bien, comme tu sais que tu as déjà atteint ce que tu cherches. Rappelle-toi tout, souviens-toi de tout! » L’impératif utilisé avait pas d’ombre d’hésitation, mais était d’une force totale, pleine de confiance, d’autorité, transcendantale. Cette voix intérieure ne me demandait pas gentiment et ne me proposait pas à aspirer, mais simplement elle me demandait d’avoir la conviction ferme et totale qu’il est ainsi, que j’ai déjà reçu ce que je demande, que cela existe en moi et que j’ai le devoir de me souvenir de tout, complètement. A ce moment, l’obscurité en face de moi, l’autoroute se sont condensées et sont devenues mon être. La voiture, le volant, les panneaux publicitaires, les hôtels et l’aéroport que je laissais derrière moi, moi, celle qui avait solliciter et tout ce qui existe sont devenus un, il n’y avait plus aucune différence. J’étais tout! Je vivais la communion avec Dieu qui était intrinsèque à toutes les directions, à l’intérieur et à l’extérieur.

Un état parfait d’équidistance, de congruence entre l’espace, l’éther, la lumière, l’air, la matière, mon corps au volant, mes mains, le siège de l’auto ; tous formaient une seule unité: divinité pure, force active, manifestée et statique, et à la fois potentielle. L’énergie qui animait tout était dense, compacte, palpable, sans fissures ; j’étais cette énergie complète en totalité, il n’y avait plus de dualité. J’ai eu le sentiment que ce que j’ai vécu s’était déroulé pendant la durée d’une seule inspiration, comme si lorsque j’ai dit à l’intérieur « Souviens-toi ! », l’instant d’après, j’ai inspiré tout l’espace en face de moi et toute l’étendue où je me trouvais alors, jusqu’à n’importe quel point dans l’espace, de n’importe où dans le monde, de tout coin de l’Univers a été « absorbé », « avalé », comme s’il n’avait jamais existé… Dans cette fraction de seconde je suis devenue un avec tout. Très vite, instantanément, mais de quelque sorte successivement, est apparue la dissolution du moi, ne laissant derrière lui que ce qui est, ce qui peut être expérimenté, ce que se vit soi-même. Je n’ai pas perdu la prise sur ce que je faisais, sur l’action de conduire, j’étais unité en action, consciente y compris de la division apparente… En fait, je vivais mon existence comme un tout – j’étais la route, je me suis vécue moi-même comme étant seulement une pensée dans la tête de l’architecte qui allait traçait l’autoroute, j’étais l’eau, l’asphalte, la matière première, la peinture des lignes de démarcation… Mais le ciel c’était toujours moi, l’espace qui s’était absorbé en moi et à la foi ce « moi » était l’Unique…

Lui, Dieu, Il est tout, dans une unicité simultanée, une unique manifestation indifférenciée. Dans cette expérience, dans ces moments, je me suis proposé de « visiter » les relations humaines par le prisme de cette perception du « moi » comme une unité, de vivre en intégrant cette réalité dans ma vie. J’ai sentis comment les relations « problème » s’améliorent, vues dans une perspective appropriée. J’étais dans un « lieu » où je bénéficiais d’une compréhension correcte, intégratrice et que cette compréhension ample, raffinée, restructurait mes réactions, les arrangeant comme il faut. Toujours alors, en raison du sentiment profond d’absence de la notion d’espace qui demeurait, j’ai voulu vérifier l’ampleur de cette existence pure ; de la recherche d’être près des êtres aimés, d’être près de mon guide spirituel Grieg, d’être auprès de Dieu ou d’être la fin de l’Univers, le sentiment était le même, je me retrouvais moi-même partout, essence condensée, punctiforme et en même temps pénétrant tout. En fait, dans ce moment-là, pour moi non seulement les distances sont disparues… toutes les divisions sont disparues. »

Anonyme

Yogaesoteric
2013

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