Comment acquérir une importante vertu – l’humilité

par Gloriant Dunăre

« Ainsi, vous aurez la confirmation et vous ne serez plus illusionnés d’avoir en vous cette humilité lorsque vous serez remplis d’une indicible lumière et lorsque vous sentirez un amour inexprimable pour la prière. Mais surtout, vous serez vraiment humble quand vous garderez votre cœur pur, que vous ne direz pas du mal de votre voisin même si vous voyez qu’il fait encore des fautes. Tout ce que vous dites doit être accompagné d’un détachement complet de la vaine gloire. »


C’est ainsi que Saint Jean Climaque parle de l’humilité dans L’échelle vers le Ciel. Sur la voie chrétienne, l’humilité est mise à la place d’honneur parmi les vertus : elle est considérée comme la plus grande d’entre elles.

L’humilité est celle qui montre le plus exactement le degré d’évolution de l’aspirant spirituel. Lorsque sur un chemin spirituel, l’aspirant est encore intéressé à être apprécié, récompensé, reconnu par les autres comme leur étant supérieur, tel un saint ou même un surhomme, de manière ouverte ou en secret et inavouée même à lui-même, ses résultats restent subordonnés à l’ego, au faux « moi » qui prend la place de la réalité tous les jours. Saint Jean Damascène ajoute : « Toute joie et tout don de Dieu, s’ils ne sont pas toujours accompagnés d’humilité, sont comme une maison construite sur des sables mouvants. Elle va s’écrouler même si elle est faite en or. »

« Qu’est-ce donc que ce merveilleux oubli de soi pour glorifier Dieu en nous? », se demande à son tour Sainte Thérèse d’Avila. L’humilité est une attitude spirituelle qui apparaît sur le fond d’un très bon équilibre intérieur et d’une compréhension correcte de la relation naturelle avec les autres êtres. L’humilité apparaît chez les êtres humains qui ont mûris spirituellement. Par conséquent, dans ceux qui ne sont pas encore  « mûrs » dans leur mental et leur âme, l’humilité n’est pas si fréquente. L’inverse est également vrai : le manque d’humilité montre en fait que l’aspirant n’a pas dépassé ses premiers pas dans son évolution spirituelle, quel que soit les années de yoga ou les TAPAS qu’il a fait. Les vertus intérieures s’expriment par des actes extérieurs et non par nos paroles.

Être humble, c’est savoir et surtout pratiquer le vécu que nous sommes tous des miettes de Dieu. L’humilité n’est pas une faiblesse ou de la servilité. La faiblesse et la servilité sont ressenties comme un fardeau, comme une soumission non souhaitée devant une puissance humaine, tandis que l’humilité est la puissance de reconnaître Dieu en toutes choses, même si quelque chose d’extérieur a tendance à ordonner notre vie autrement qu’on le voudrait. L’humilité provient de la compréhension, de l’ouverture du cœur, de la soumission devant la puissance de Dieu. Lorsque nous sommes en mesure de sentir cette puissance de Dieu à l’œuvre dans chaque être, nous pouvons clairement distinguer entre l’individualité de l’homme et ce qui se trouve au-delà. La force intérieure pour faire cette différence est appelée humilité.

Acquérir cette vertu, unanimement considérée comme la plus importante sur ​​le chemin spirituel se fait de plusieurs façons. Saint Jean Climaque donne quelques indices :
• « Certains deviennent humbles à cause des maux qu’ils ont commis et qui les ont fait franchir les lois de la nature. S’ils se sont remis et ne se laissent plus trompés pour entrer en conflit avec le monde, à la fin ils vont acquérir l’humilité. »
• « D’autres méditent sur le sacrifice du Christ, puis comptent qu’ils lui sont éternellement redevables »
• « D’autres ont acquis l’humilité – qui est la mère de tous les dons – par les tentations auxquelles ils ont été soumis, par les maladies et les échecs qu’ils ont endurés et qu’avec l’aide de Dieu, ils ont surmontés. »
• « Enfin, il y en a d’autres, bien que je ne peux pas dire s’il y en a encore aujourd’hui, qui, plus ils reçoivent des cadeaux riches de Dieu, plus ils deviennent humbles. »

L’un des moyens les plus efficaces d’éveiller en nous l’humilité est de nous placer aussi souvent que possible à l’unisson avec la volonté de Dieu. La consécration d’une action au Divin, faite avec sincérité et aspiration nous met en contact direct avec la volonté de Dieu. En consacrant aussi souvent que possible nos actions à Dieu, l’humilité augmentera en nous en proportion directe. Cela permettra d’attirer de nombreuses réalisations spirituelles qui, si l’humilité reste en nous, seront préservées. Si l’humilité disparaît, ces dons divins disparaîtront comme s’ils n’avaient jamais été là.

Voilà pourquoi il ne suffit pas d’être persévérants et de faire notre TAPAS suite auquel nous obtenons certains résultats. Il faut apprendre à garder ces résultats et le plus facile à faire cela, c’est en cultivant l’humilité. La technique secrète de paratonnerre, connue par les initiés, a aussi une grande efficacité pour nous conduire à une compréhension complète du concept d’humilité. En fin de compte, tout procédé spirituel peut nous révéler la véritable relation entre Dieu et nous. Il faut juste être vraiment intéressé en cela, dans les profondeurs de notre être, et pas seulement au niveau du mental. « Quand tu vois ou tu entends que quelqu’un a acquis une pureté très élevée en quelques années, prends compte qu’il y est parvenu en suivant la voie courte et heureuse de l’humilité, et non pas par une autre », nous dit toujours Saint Jean Climaque.

L’humilité est le contraire de la fierté, de l’arrogance et de l’orgueil. Cette plaie du monde d’aujourd’hui, l’orgueil, est devenue presque une seconde nature de l’homme. La quête de la gloire à tout prix, la compétition dont le seul but est l’argent, l’engouement de se croire supérieur à son voisin, voilà ce que l’on trouve généralement chez l’homme moderne. Pratiquer les vertus, être humble en particulier dans un monde du « parvenisme » semble de la folie au premier abord. Mais ce n’est qu’en apparence et seulement pour ceux qui comprennent l’humilité comme une soumission aveugle devant n’importe qui. En fait, l’humilité est l’obéissance à Dieu que nous reconnaissons être tout autour de nous. Et le degré d’humilité présent en nous est directement proportionnel à notre capacité de reconnaître Dieu en tout ce qui nous entoure à travers ses attributs de l’amour, de la compassion, de la beauté, de l’harmonie et de la paix.

Nous ne pouvons pas pratiquer l’humilité si nous manifestons toujours la tendance à subordonner ou à traiter les autres avec malice, avec dureté ou si nous restons froids à leurs besoins. L’humilité prend naissance dans un être dont le cœur est vivant, chaud et pur, et qui a ce grand amour de Dieu qui le détermine par lui-même de se soumettre à Lui. Par conséquent, malgré toutes les vertus qu’on prétend avoir, la vérification est simple. Si en plus de ces vertus nous avons aussi de l’humilité, cela signifie que ces vertus sont réelles et que l’aspirant se dirige dans la bonne direction. Ces vertus vont le servir dans la connaissance de Dieu. Si, toutefois, nous remarquons d’après les réactions des autres et d’après certains signes intérieurs que l’humilité est réduite ou qu’elle existe seulement de temps en temps, nous pouvons être sûrs d’une chose : que ces vertus appartiennent à l’ego et qu’elles nous éloignent de Dieu parce qu’elles servent le pharisien qui existe en nous.

Il y a des signes d’après lesquels chacun peut se rendre compte s’il a dévié de la voie de l’humilité ou non. Le premier consiste à conscientiser le but pour lequel on fait une certaine action. Si le but est, témoigné ou non, autre chose que Dieu, ou si Dieu se trouve sur une place inférieure, alors cette action ne reflète pas l’humilité, ne la développe pas, elle fait de l’homme en question un prisonnier et renforce la chaîne qui le lie au monde illusoire.

Plus les résultats obtenus par un tel yogi sont grands, plus la tentation de se croire supérieur aux autres est grande. C’est pourquoi l’obtention de pouvoirs paranormaux peut être pour certains l’occasion de grands défis. Dans les situations où il y a de l’humilité, nous allons les surmonter avec succès. Si le yogi développe sa force mentale, il va accumuler une énergie énorme. Mais s’il manque d’humilité, il peut être facilement pris en charge par une entité maléfique, démoniaque ou satanique. Celle-ci va le tenter de façon à orienter l’énergie obtenue pour qu’il soit immergé dans l’illusion par le complexe de supériorité qui va apparaître en lui, par le sentiment de pouvoir immense sur les autres, et parce qu’il considérera à tort qu’il est fusionné avec Dieu, alors qu’en réalité, dans ce cas, ce n’est qu’une prétention d’un mental faible et errant.

Saint Jean Climaque dit à ce sujet : « Personne n’entrera dans la chambre nuptiale du Ciel sans humilité, car elle est la gardienne des découvertes, des signes et des prodiges divins qui nous ont souvent été montrés et qui ont tué cette dernière dans ceux qui n’étaient pas fort dans leur vertu. »

Une autre clef pratique et efficace consiste à renoncer chaque jour à quelque chose auquel on est très attaché : soit une idée, soit un objet, soit un être humain. L’exercice sera en mesure de nous faire comprendre la relation correcte avec l’aspect envers lequel nous manifesterons aussi naturellement de l’humilité après un certain temps.

Il est également nécessaire de se prémunir contre la fausse humilité, qui exige une soumission formelle à la Volonté Divine, sans rien sentir. Sinon, nous devenons comme les Pharisiens qui prononçaient le nom de Dieu avec leurs lèvres, mais dont le cœur est resté de pierre.

La pratique de l’humilité mène à une harmonisation profonde d’ANAHATA CHAKRA et du psychisme

Une autre façon d’amplifier en nous l’humilité est la fusion amoureuse avec continence et transfiguration. Quand l’amoureux transfiguré transfigure à son tour son amoureuse, recherchant à percevoir en elle les attributs d’une Grande Puissance Cosmique par exemple, l’humilité se réveillera spontanément dans le cœur de celui en question suite à cette expérience intense. Il suffit alors d’évoquer cet état idéal de transfiguration, et l’humilité va apparaître aussi de plus en plus profonde.

Une autre clé est de viser à se détacher du sentiment de supériorité envers les autres, qui apparaît chez de nombreux aspirants spirituels. Ils se sentent supérieurs par le fait qu’ils jeûnent, parce qu’ils sont végétariens ou parce qu’ils pratiquent un peu la continence. Ce ne sont que des techniques, des moyens. Le sentiment de supériorité présent chez les aspirants médiocres ressemble à la situation où un infirme se vante à tous avec sa béquille, la trouvant merveilleuse et finissant par la dorer et la placer dans une vitrine. C’est seulement lorsqu’il veut se lever et marcher qu’il réalise en tombant le rôle de la béquille. Et ceci, chacun de nous le sait bien. Il est important de ne pas oublier l’humilité et de la faire venir le plus souvent possible en nous. Notre guide spirituel nous le rappelle souvent. Qui sait, peut-être un jour, lorsque nous en auront compris toute la mesure, l’humilité restera en permanence en nous.

Yogaesoteric
2013

Also available in: Română

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