Le scandale L214, ou pourquoi les tech-capitalistes américains financent l’écologie en France

L’association L214 est bien connue pour ses interventions tonitruantes et ses vidéos chocs sur l’abattage des animaux et la nocivité des aliments carnés. Officiellement, tout ceci se résume à de l’amour de la nature. Mais derrière cette façade rassurante, on découvre que L214 est le cheval de Troie d’intérêts beaucoup plus économiques, ceux des tech-capitalistes américains qui investissent massivement dans la nourriture de substitution et verraient avec bonheur une mise à mal de filières traditionnelles de viande. C’est pour cela qu’ils financent L214 à coup de millions…

L214 vient encore de recevoir une subvention de plus d’1 million € de l’Open Philanthropy Project, une association « caritative » américaine financée (de façon opaque) par les tech-capitalistes de la Silicon Valley. C’est le côté obscur de la lumineuse écologie : officiellement, on lutte contre les excès de l’horrible capitalisme libéral, mais en coulisse on lui mange dans la main. Fais ce que je dis…

L’opaque Open Philanthropy Project

L’Open Philanthropy Project (Open Phil pour les intimes) est l’une de ces associations caritatives américaines qu’on a tant de mal à décoder en Occident, grâce auxquelles de richissimes personnages comme Mark Zuckerberg financent des projets en apparence désintéressés partout dans le monde. L’Open Phil aime par exemple vanter son action contre la malaria.

Ce qu’on oublie de préciser, c’est que ces opérations servent d’abord à l’optimisation (voir l’évasion) fiscale, puisque les contributions aux fonds viennent en déduction des impôts à payer. Voilà l’explication première du succès rencontré par ces structures opaques où transitent parfois plusieurs milliards $. L214 ne juge pas utile de préciser que ses moyens viennent aussi de cette technique de défiscalisation qui n’est donc pas perdue pour tout le monde…

Un ancien de Facebook à la manoeuvre

On notera que l’Open Phil est le produit de fusions en chaînes entre différentes structures associatives. Sa naissance en tant que telle date de 2017, et dès cette année-là, l’Open Phil a soutenu L214.

Son président fondateur est un certain Dustin Moskovitz, co-fondateur de Facebook avec Mark Zuckerberg. L’intéressé possèderait toujours des parts dans le réseau social, grâce auxquelles il est devenu le plus jeune milliardaire du monde.

Open Phil est né de la transformation de la fondation initiale de Moskovitz, Good Ventures, présidée par la femme de Moskovitz, Cari Tuna. Good Ventures avait une vocation simple : proposer des « charities », des financements de bonnes oeuvres à des milliardaires pour qu’ils puissent défiscaliser leurs revenus.

Il n’est pas inutile de relever que Good Ventures était dirigée par ce binôme, renforcé par un troisième personnage, très discret, un certain Divesh Makan, fondateur de IconiQ Capital.

Le gestionnaire de fortune de Zuckerberg en est aussi…

Divesh Makan est en réalité le gestionnaire de plusieurs fortunes bâties dans la Silicon Valley, dont celle de Mark Zuckerberg. Le magazine Business Insider lui a consacré un portrait fouillé, particulièrement édifiant, où l’on comprend que IconiQ Capital gère l’épargne de quelques tech-capitalistes comme Mark Zuckerberg, et de quelques grands managers des start-up américaines qui ont réussi.

Dans la pratique, Divesh Makan distingue deux types de clientèles : les iconiques, c’est-à-dire les grands patrons et des vedettes comme Justin Timberlake, qui font la renommée de son fonds et le rangent dans la catégorie des must have, et les IQ (les quotients intellectuels) qui sont plutôt les directeurs généraux des entreprises, les cadres décisionnaires, qui se font mousser en confiant leurs moindres économies à IconiQ Capital. Mais l’effet masse joue en leur faveur !

Divesh Makan est aux petits soins pour tout ce petit monde, et son métier n’est pas seulement de leur permettre de faire de belles plus-values par des placements malins, ni de disposer d’un club privilégié pour faire des affaires ensemble. Son métier est aussi de leur offrir des solutions simples de défiscalisation.

L214 fait partie de ce bouquet, à côté de la lutte contre la malaria à l’autre bout du monde.

Joindre le juteux au moral

Défiscaliser sa fortune n’interdit jamais de faire des bonnes affaires. Et c’est aussi à cela que Divesh Makan sert, même s’il n’apparaît pas directement dans l’organigramme de l’Open Phil, alors qu’il apparaissait dans celui de Good Ventures. Son rôle est par nature opaque, mais une certitude est acquise : il fait partie de ces personnalités qui font le nouveau capitalisme de connivence à l’américaine, mêlant intérêts financiers et « altruisme efficace » tel qu’il est prôné par la Silicon Valley.

Comme par hasard, ces gestionnaires de fortune sont souvent les chargés d’affaires de tech-capitalistes qui investissent dans la viande de synthèse. Ce procédé consiste à créer de la protéine animale… sans avoir à élever des animaux. Si la législation américaine permet de défiscaliser ses revenus tout en soutenant des causes humanitaires qui font gagner de l’argent, pourquoi s’en priver ?

C’est le principe même de l’altruisme efficace : on aime son prochain, et on s’enrichit en l’aimant.

Société ouverte contre société traditionnelle

On comprend ici comment se structure la géopolitique de l’écologie, qui passe d’abord par des intérêts privés, défendus par des structures privées, dont les ambitions politiques sont larges, puissantes, financièrement structurées, mais dissimulées derrière un argumentaire philanthropique qui brouille les pistes.

Pour comprendre le mécanisme général qui est à l’oeuvre dans cette opération, il faut saisir la portée des mots, car elle en dit long sur l’enracinement idéologique qui est à l’oeuvre ici.

L’Open Philanthropy Project fait évidemment référence au projet d’Open Society forgé par Karl Popper, et mis en musique par George Soros. Ce projet peut se résumer de façon assez simple : au lieu de compter de vieilles sociétés héritières de traditions et d’identités morcelées, émiettées, remplaçons ce mille-feuilles par des sociétés ouvertes, métissées, où toutes les croyances, opinions, religions, convictions, valeurs, se vaudront et vivront en harmonie ! Et, dans cet ensemble, la vieille tradition d’élevage en Europe de l’Ouest, la vieille tradition bovine ou porcine en France, sont des obstacles au grand remplacement qui permettrait à l’humanité de vivre en paix.

L’écologie, cheval de Troie des sociétés ouvertes

L214 est un exemple parmi d’autres de la collusion de fait entre les écologistes qui prônent une « transition » et les tech-capitalistes américains qui ont massivement investis dans les produits de cette transition. On pense ici aux voitures électriques de Tesla, aux fabricants de viande de synthèse, et à de nombreux autres.

Par une croyance un peu bêtasse, beaucoup s’imaginent que l’écologie est un simple gauchisme qui a repris les gimmicks du marxisme-léninisme. L214 nous montre que ces gimmicks diffèrent de la lutte des classes parce qu’ils sont au service des plus grandes fortunes qui investissent financièrement dans le marché de la transition écologique.

C’est l’altruisme efficace, qui théorise les raisons pour lesquelles l’écologie est le prête-nom des marchés de demain… et ouvre la voie au grand remplacement des propriétaires traditionnels des moyens de production par une nouvelle caste dont la fortune s’est constituée grâce à Internet. On notera avec amusement que le Great Reset n’est rien d’autre que l’idéologie collective de ce mouvement.

 

yogaesoteric
23 juin 2022

 

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