Ex-agent du SBU – Révélations sur le MH17, l’usage de la torture, etc. (1)


Le 25 mars 2019, lors d’une conférence de presse à Moscou, un ancien lieutenant-colonel du SBU (Service de Sécurité Ukrainien), Vassili Prozorov, a dévoilé devant les médias un grand nombre d’informations concernant l’Ukraine et le Donbass, allant du MH17, à l’usage de la torture par Kiev, en passant par les assassinats des commandants des Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk (RPD et RPL).

La conférence de presse de cet ancien expert du quartier général du Centre Anti-Terroriste (CAT) du SBU a été organisée le jour même où l’Ukraine célèbre son service de sécurité. Tout un symbole. Le tout dans le plus grand secret. Les médias invités à la conférence de presse ne savaient pas qui ils allaient interviewer. Ce n’est que lorsque Vassili Prozorov s’est présenté, que les journalistes ont compris que l’ex-agent du SBU était en fait un agent des services secrets russes, qui a travaillé pour Moscou pendant presque quatre ans. Ensuite, il leur a divulgué un certain nombre de faits concernant l’Ukraine post-Maïdan.

Si ces déclarations sont bien sûr à prendre avec précaution, à cause du fait que Vassili Prozorov était, pendant tout ce temps, un agent double, plusieurs des informations qu’il a fournies sont corroborées par des informations venant d’autres sources, comme des reportages d’époque et des ex-prisonniers des geôles secrètes du SBU.

L’Ukraine a bien sûr de suite essayé de salir Vassili Prozorov, comme étant un mauvais agent et un alcoolique, mais ses médailles et son grade avant son départ montrent que tout cela ne tient pas la route.

Voici la traduction de l’interview qu’il a accordée à Alexandre Kots, journaliste russe, pour Komsomolskaya Pravda, et de morceaux issus de la conférence de presse qui viennent compléter l’image globale que donne cette interview.

La tactique des provocations sanglantes

À quel moment avez-vous décidé de coopérer avec les services secrets russes ?

Pendant le Maïdan. J’ai clairement compris que ces autorités feraient tout pour rester au pouvoir. Et pour eux, le sang humain ce n’est rien. Il faut y ajouter la question de la langue russe, la rupture des relations avec la Russie. Je vivais dans une ville industrielle, où il y a beaucoup de liens avec la Russie. Où les ingénieurs iront-ils travailler ? J’avais des portes de sortie vers Moscou, et j’ai fait un choix. Après la tragédie qui a eu lieu à Odessa, j’étais convaincu que c’était la bonne chose à faire.

Il y a-t-il beaucoup de gens comme vous ?

Vous savez, beaucoup de gens sont inertes. Ils se tranquillisent eux-mêmes – « J’ai une famille, je serai bientôt à la retraite, etc. ». Par conséquent, peu de gens prendront une telle décision. Je connais quelques membres des forces armées, et de la Garde Nationale, mais, malheureusement, ils ont été découverts. J’ai réussi à tenir jusqu’à la fin.

Quelles taches accomplissiez-vous ?

Je ne peux pas tout dire. Par exemple, en janvier 2015, au moment de la bataille de Debaltsevo, la partie ukrainienne avait prévu une provocation – vous étiez là-bas à ce moment-là [adresse faite à Alexandre Kots NDLR]. Des corridors humanitaires ont alors été ouverts pour que les civils puissent partir – et une opération a été organisée pour tirer à l’artillerie sur les bus au moment où le convoi partirait. Pour ensuite blâmer la RPD et la Russie. J’ai pris connaissance de ceci, j’en ai immédiatement informé le Centre [son contact en Russie NDLR]. La fuite de l’information a été organisée, et il a été décidé d’abandonner l’opération. Au sein du SBU c’était le général Mikhaïlov qui était responsable de cela, il était alors le chef du quartier général opérationnel du bureau central du SBU à Kramatorsk, et mes agents faisaient alors partie de son équipe.

Il y a certainement des provocations qui n’ont pas pu être évitées…

Oui, prenez par exemple le bombardement de Marioupol en janvier 2015 avec des Grad [31 personnes sont mortes NDLR]. Les habitants de Marioupol étaient certains qu’ils avaient été bombardés par la partie ukrainienne. Mais les médias ont concentré leurs accusations sur la Russie et la RPD.

Avez-vous travaillé là-bas, à Marioupol ?

Pas seulement là-bas. La première rotation de mai à juin 2014 était à Slaviansk. La seconde en juillet-août 2014 était à Marioupol. Puis Marioupol de nouveau en octobre-novembre 2014. Puis de janvier à avril 2015 j’étais à Kramatorsk, mais j’étais plus chargé de la région de Lougansk, je supervisais le travail du groupe opérationnel du SBU à Lissitchansk. De mai à juillet 2017, j’étais le commandant adjoint de l’Opération Anti-Terroriste (OAT)…

Nous étions au même moment aux mêmes endroits, mais du côté opposé. Quand la limite psychologique a été franchie, quand il a été possible de tirer sur vos propres citoyens. Comme à Slaviansk… Ils [les soldats ukrainiens NDLR] ont compris qu’ils tiraient sur des civils?

À ce moment-là, l’armée ne voulait pas réellement se battre. Elle ne voulait pas, réellement. Mais alors le premier bataillon de volontaires est apparu – c’était le premier bataillon de réserve, qui s’appelait le bataillon Koultchiski. En fait Secteur Droit et d’autres forces spéciales travaillaient dedans. La vague d’informations était tout simplement énorme. Naturellement, il était plus facile pour les soldats appelés de l’Ouest de l’Ukraine ou de la région de Jitomir de croire que les « agresseurs » voulaient nous prendre le Donbass, et que c’est « une terre ukrainienne depuis les temps immémoriaux ». Puis, quand le premier sang a été versé, tout devient plus simple. Ils vous tirent dessus – vous leur tirez dessus en retour. Et après le premier mort, un sentiment de revanche naît. Vous avez devant vos yeux une opération bien organisée pour amener l’armée à faire la guerre, mais vous ne pouvez rien faire pour changer cela. Quand Strelkov était à Slaviansk, il avait un NONA-S et trois véhicules de combat d’infanterie, plus quelques mortiers. Et ils pilonnaient Slaviansk avec des obusiers, des lance-roquettes multiples Grad… Je me souviens très bien de la façon dont les chars d’assaut bombardaient directement Semionovka, et où ça tombait. Et ils ne ressentaient aucun remord.

Vous communiquiez beaucoup avec les représentants des bataillons de volontaires, les unités territoriales. Quel genre de personne est-ce ? Est-ce qu’ils sont idéologiquement des Nazis ?

Je voudrais les diviser en deux grands groupes. Certains sont réellement idéologiquement des Nazis, des supporters du Maïdan, qui considèrent la Russie comme une menace. En 2014 il y en avait beaucoup. Mais après Ilovaïsk, beaucoup de ceux qui étaient encore en vie, sont partis très rapidement. Parce que, rouler à bord de 4×4 à travers Marioupol, et menacer les gens de les « jeter au sous-sol » pour un regard de travers dans leur direction, c’est une chose. S’en prendre plein la gueule tous les jours, en est une autre. L’autre partie, ce sont les gens qui sont venus dans les bataillons spéciaux pour jouer les mercenaires. Et il y en avait beaucoup. L’ampleur des pillages en 2014, en 2015, quand la ligne de front n’était pas fixée, était au-delà du concevable. À l’automne 2014, quand j’étais le chef du groupe opérationnel, nous avons organisé des vérifications à la « Nouvelle Poste » avec le SBU de Donetsk.

Nous avons réellement vu, comment un four micro-onde, avec un sandwich desséché dedans, avait été envoyé dans un colis. Ce qui veut dire qu’il a été volé quelque part dans une maison, et envoyé. Et à Talakovka, l’annonce publiée sur le mur était magnifique : « les machines à laver avec de l’eau à l’intérieur ne sont pas acceptées pour expédition ». Combien de voitures ont-ils volées à Marioupol. En ma présence, le bataillon Dniepr a envoyé une colonne de véhicule à Dnipropetrovsk contenant quatre Lexus, deux Porsche Cayenne, etc. Il y a eu des cas où les gens ont tout simplement été tués sur l’autoroute. Une bonne voiture arrive, elle est arrêtée, ils regardent – il n’y a personne – l’homme est enterré dans un champ et la voiture est emmenée.

Le développement rapide du nazisme au sein des FAU et de la Garde Nationale

Lors de la conférence de presse, Vassili Prozorov a expliqué que l’idéologie nazie et celle du fascisme, se répandaient rapidement au sein de l’armée ukrainienne et de la Garde Nationale.

« En parlant des crimes commis par les Forces Armées Ukrainiennes dans le Donbass, il est impossible de ne pas mentionner qu’ils sont été rendus possibles en grande partie à cause des idéologies nazie et fasciste largement répandues. Je ne parle pas seulement des bataillons dits « de volontaires », où cette idéologie est monnaie courante. J’ai vu par moi-même des croix gammées et des insignes SS sur leurs casques en acier et des tatouages de croix gammée à bien d’autres endroits également. Ils se saluent avec le salut nazi en étendant leur bras droit en l’air. Et dans les baraquements, ils gardent des drapeaux avec des croix gammées et des symboles des divisions SS sur les murs. Je parle maintenant des idées nazies répandues dans les divisions ordinaires des Forces Armées Ukrainiennes et de la Garde nationale opérant sur le terrain. Vous vous souvenez d’un parachutiste de la 95e brigade portant un écusson de la division SS Totenkopf sur son uniforme lors d’une visite du président Porochenko ? Ou le commandant du 503e bataillon de Marines gardant une photo du SS-Obersturmbannführer Otto Skorzeny dans son bureau. Vous conviendrez que tout cela parle de lui-même », a déclaré Prozorov.

Lisez la deuxième partie de cet article


yogaesoteric
16 février 2020

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