Ginseng (2)
Lisez la première partie de cet article
Stimulation des fonctions cognitives. La Commission E et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) reconnaissent l’usage du ginseng asiatique (Panax Ginseng), entre autres pour rétablir la capacité de travail physique et de concentration intellectuelle. Bien que quelques essais cliniques aient donné des résultats positifs, d’autres n’ont pas été concluants. L’ensemble des données ne permet pas de conclure à l’efficacité du ginseng asiatique (pas plus que de l’américain) sur la mémoire, notamment à cause de la faible qualité méthodologique des études et du fait qu’on a utilisé des doses et des types de préparations différents.
Deux essais croisés avec placebo publiés en 2010 indiquent que la prise d’une dose unique d’extrait de ginseng asiatique ou américain a eu un effet bénéfique sur la mémoire à court terme, tout en induisant une perception de plus grand calme chez les participants. Au cours d’un de ces essais, on a poursuivi le traitement durant 7 jours : il n’y a pas eu d’amélioration de ces effets aigus ni de différence au chapitre de l’humeur ou de la performance cognitive générale entre le groupe placebo et le groupe traité.
Au cours de 2 essais cliniques, on a testé l’efficacité d’un mélange de ginseng asiatique et de ginkgo biloba (Gincosan®) pour améliorer la mémoire, avec des résultats contradictoires.
Au chapitre de la maladie d’Alzheimer, les auteurs d’une revue systématique se sont penchés sur 2 études ayant comparé les effets du ginseng asiatique comme adjuvant à ceux d’un traitement classique seul. Bien que le traitement avec ginseng ait donné des résultats nettement supérieurs, selon ces chercheurs, la validité de ces résultats est limitée par des failles méthodologiques importantes.
Amélioration de la performance physique. Là encore, les essais cliniques ont donné des résultats contradictoires. La majorité d’entre eux n’ont pas été concluants. L’auteur d’une synthèse publiée en 2009 souligne qu’on attend encore un essai fait dans les règles de l’art pour démontrer l’efficacité du ginseng chez les sportifs voulant améliorer leurs performances. Un essai sur des coureurs amateurs n’a pas été concluant au cours d’un test d’endurance dans des conditions chaudes et humides : les sujets avaient pris une dose unique d’un extrait de ginseng.
Bien-être général. Les auteurs d’une synthèse publiée en 2003 se sont penchés sur 9 essais. Malgré certains effets constatés, le ginseng, seul ou en combinaison avec des vitamines ou minéraux, n’a pas donné de résultats clairement concluants au chapitre de la qualité de vie de différents sujets (personnes en bonne santé, ménopausées et diabétiques).
Ménopause. Le ginseng est utilisé de façon traditionnelle pour soulager les symptômes de la ménopause. Le seul essai d’envergure a porté sur 384 femmes en ménopause. Un extrait de ginseng asiatique normalisé pris durant 16 semaines n’a pas été plus efficace qu’un placebo pour réduire les bouffées de chaleur des participantes, mais il a très légèrement amélioré leur bien-être psychologique. Au cours d’un essai préliminaire mené auprès de 12 femmes aux prises avec des symptômes graves de ménopause, la prise de 6 g de ginseng rouge asiatique par jour durant 1 mois a réduit la fatigue, l’insomnie et la dépression des participantes. Au cours de ces 2 études, les chercheurs ont constaté que le ginseng n’avait pas eu d’effet sur le plan hormonal.
Prévention et traitement du cancer. On dispose uniquement d’études menées en Asie et d’un seul essai clinique avec placebo, ce qui ne permet pas de conclure à l’efficacité du ginseng pour prévenir ou traiter le cancer.
Des études cas-témoins et des recherches épidémiologiques menées en Corée ont fait état d’une diminution du risque de cancer chez les sujets qui consomment du ginseng asiatique. Dans le cadre d’une vaste étude épidémiologique menée en Chine (Shanghai Women’s Health Study), des chercheurs ont suivi durant 3 à 4 ans un sous-groupe de 1.455 femmes chinoises souffrant d’un cancer du sein. Ils ont établi 2 corrélations intéressantes : le taux de survie était supérieur chez les femmes qui prenaient régulièrement du ginseng avant que le cancer ne soit diagnostiqué ; et celles qui ont consommé du ginseng après avoir reçu leur diagnostic ont eu une meilleure qualité de vie. Cependant, l’analyse a amalgamé l’ensemble des préparations et types de ginsengs consommés, de même que des durées très variables de traitement. On ne peut donc pas formuler de recommandations précises sur les meilleurs protocoles à partir de ces résultats. Par ailleurs, au sein de l’ensemble des participantes à la Shanghai Women’s Health Study (près de 75.000 femmes) la consommation de ginseng n’a pas été associée à un risque réduit de cancer de l’estomac.
Un essai clinique avec placebo a été publié. Il a porté sur 643 patients chinois souffrant de gastrite atrophique chronique, une atteinte de la paroi interne de l’estomac qui peut prédisposer au cancer de cet organe. Les patients traités ont pris 1 g de poudre d’extrait de ginseng rouge coréen durant 3 ans et ont été suivis pendant 8 autres années. À la fin de cette période, seuls les hommes avaient bénéficié d’un effet préventif statistiquement significatif contre le cancer, tous organes confondus.
Traitement adjuvant. Au cours d’essais in vitro et sur des animaux, plusieurs ginsénosides ont montré une activité anticancer, jumelée à une faible toxicité. Voilà pourquoi des chercheurs se sont intéressés au ginseng comme traitement adjuvant du cancer, notamment pour contrer la fatigue extrême ressentie par les patients. Dans cette étude, les patients qui avaient pris une dose de 1.000 mg ou de 2.000 mg de ginseng américain ont rapporté avoir plus d’énergie, se sentir moins fatigués et avoir amélioré davantage leur bien-être général, comparativement aux sujets du groupe placebo et à ceux qui avaient pris une dose de 750 mg. Au cours d’un essai antérieur avec placebo mené sur 53 sujets aux prises avec le cancer, la prise de 3 g d’extrait de ginseng rouge avait amélioré la qualité de vie des participants, surtout au plan psychologique.
La Commission E et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) reconnaissent l’usage du ginseng asiatique (Panax Ginseng) pour tonifier l’organisme des personnes fatiguées ou affaiblies, rétablir la capacité de travail physique et de concentration intellectuelle et aider les convalescents à reprendre des forces.
En Médecine traditionnelle chinoise (MTC), le ginseng (depuis 2.000 ans pour l’asiatique et près de 300 ans pour le nord-américain) entre dans la composition d’une multitude de préparations classiques. Selon la MTC, c’est un tonique général de l’organisme.
Précautions – Attention
– L’automédication en cas de diabète peut entraîner de graves problèmes. Lorsqu’on entreprend un traitement ayant pour effet de modifier son taux de glucose sanguin, il faut surveiller sa glycémie de très près. Il est aussi nécessaire d’avertir son médecin, afin qu’il puisse, au besoin, revoir la posologie des médicaments hypoglycémiants classiques.
– Il est important de distinguer les espèces asiatique et américaine de ginseng, car elles ont des effets spécifiques à chacune. Il est conseillé de consulter un naturopathe, un herboriste dûment certifié ou un professionnel de la santé bien informé afin de choisir l’espèce pertinente.
Contre-indications
– La Commission E recommande d’éviter le ginseng asiatique (P. ginseng) en cas d’hypertension artérielle.
– Bien qu’il semble que la plante n’exerce pas d’action oestrogénique, certaines sources continuent de recommander la prudence aux patientes ayant souffert d’un cancer hormonodépendant ou dont le risque de contracter ce type de cancer est élevé.
– Selon les auteurs d’une synthèse, les données sont insuffisantes pour conclure à l’innocuité des ginsengs pour les femmes enceintes et celles qui allaitent. Ils recommandent donc la prudence.
Effets indésirables
– Aux dosages recommandés, les ginsengs sont essentiellement dénués d’effets indésirables. Une analyse des données portant sur les effets indésirables qui ont été relevés dans l’ensemble des études cliniques révèle qu’il n’y a pas eu, chez les sujets traités, plus d’effets indésirables que chez les sujets des groupes témoins.
– Notez qu’en 1979, une étude portant sur 133 sujets prenant du ginseng asiatique a fait état de plusieurs effets indésirables chez 14 personnes : hypertension, nervosité, irritabilité, insomnie, diarrhée, etc. L’auteur a nommé ce phénomène ginseng abuse syndrome (GAS), mais son étude a été discréditée pour manque de rigueur, car entre autres, les sujets ayant rapporté ces effets indésirables consommaient de très grandes quantités de ginseng (jusqu’à 15 g par jour) et plusieurs ingéraient aussi beaucoup de caféine. Aucun autre cas de GAS n’a été signalé depuis.
Interactions
Avec des plantes ou des suppléments
– Le ginseng peut augmenter l’effet des aliments, plantes ou suppléments aux propriétés stimulantes (thé, guarana, chocolat, etc.).
– Le ginseng peut augmenter l’effet des plantes ou suppléments ayant des propriétés hypoglycémiantes (psyllium, glucomannane, fenugrec, par exemple).
Avec des médicaments
– Le ginseng pourrait interagir avec les anticoagulants. Deux études publiées en 2004 et menées sur des volontaires en bonne santé prenant du ginseng et de la warfarine (Coumadin®) sont cependant arrivées à des conclusions opposées. Au cours de la première, les chercheurs ont conclu à l’absence d’interaction, tandis que la deuxième a permis de constater que la prise de ginseng réduisait l’effet du médicament anticoagulant. Les patients qui prennent de la warfarine ou un autre anticoagulant en même temps que du ginseng devraient donc en aviser leur médecin.
– Le ginseng peut interagir avec les médicaments hypoglycémiants.
– Théoriquement, le ginseng pourrait interagir avec les stimulants du système nerveux central et les antidépresseurs de type inhibiteurs de la monoamine-oxydase (2 cas rapportés).
Sur les tablettes
Qualité des suppléments de ginseng. De 1995 à 2000, des analyses ont révélé une grande variabilité de la teneur en ginsénosides des suppléments offerts dans le commerce, notamment en Suède, en France, aux États-Unis et en Ontario.
yogaesoteric
29 septembre 2018