Cet alpiniste américain sur lequel reposaient de grands espoirs à partir des années 1970 avait subi une ablation de ses deux membres inférieurs. Des années après l’accident, l’homme a mis au point des prothèses permettant de retrouver ses sensations afin de poursuivre sa passion et bien plus encore !
Né en 1964, Hugh Herr était un précoce, déjà prodige de l’escalade dès ses 8 ans. En effet, il gravit à cet âge-là une des faces du mont Temple, une montagne des Rocheuses canadiennes s’élevant à 3544 mètres de hauteur. À 17 ans, il est considéré comme un des meilleurs alpinistes américains. L’espoir qu’il suscitait était à la hauteur de la tragédie dont il a été victime.
En 1982, il entreprend avec Jeff Batzer, un ami alpiniste, l’ascension du Mont Washington (1916 m). Après avoir réussi à gravir une paroi de glace particulièrement ardue, le duo est pris dans un blizzard lui faisant perdre son chemin. Les alpinistes finissent par descendre dans un cirque glaciaire dans lequel ils se retrouvent paralysés pendant 3 jours à une température de -29 °C. Après avoir été secourus, Jeff Batzer et Hugh Herr sont amputés de plusieurs membres pour cause de gelures. Hugh Herr est pour sa part amputé de ses deux jambes en dessous du niveau des genoux.
Alors qu’après ses opérations et sa convalescence, les médecins lui annoncent qu’il ne pourra plus jamais escalader, mais Hugh Herr ne se laisse pas abattre. Interviewé par Euronews, ce dernier confiait :
« Quand c’est arrivé, j‘étais équipé de technologie conventionnelle. On était en 1982. Et j‘étais horrifié. Je me disais : comment c’est possible ? Les prothèses étaient alors en bois en caoutchouc. Pas d’ordinateur, pas de capteurs, pas d’activation musculaire. Et je me suis dit “ On se moque de nous, il doit y avoir quelque chose ”. C’est alors que j’ai commencé à concevoir quelque chose. Mon premier travail a été de dessiner mes propres membres pour pouvoir revenir vers mon sport préféré, l’alpinisme. »
Aujourd’hui directeur du groupe Biomécatronique au Media Lab du MIT, Hugh Herr indique être sorti du cursus classique dès le lycée pour travailler le bois et le métal dans une formation technique. Une fois être revenu à sa passion grâce à ses prothèses, l’intéressé a décidé d’aller beaucoup plus loin :
« Je grimpais mieux avec des membres artificiels qu’avec mes jambes naturelles. J’ai alors commencé à imaginer un monde futur sans handicap, j’ai voulu partager mon expérience avec le reste de l’humanité. Partager une technologie de pointe pour soigner la cécité, des personnes lourdement handicapées, paralysées, pour s’attaquer à toute de forme de handicap. Pour en venir à bout. »
Hugh Herr évoque également ses actuelles prothèses bioniques en expliquant leurs caractéristiques. Celles-ci comportent trois ordinateurs (puces), mais également 12 capteurs dont la mission est de mesurer la position, l’accélération, la vitesse, la température ainsi que les forces. Un algorithme se charge ensuite de décider du contrôle des mécanismes des prothèses qui agissent comme des muscles. Ainsi, les prothèses s’adaptent aux décisions prises par l’inventeur.
« Le système a sa propre intelligence. En fonction de la position, il détermine la force à utiliser. Dans le laboratoire nous contrôlons les nerfs. En fait nous nous connectons les nerfs aux muscles pour pouvoir communiquer avec les microprocesseurs et les ordinateurs embarqués », indique Hugh Herr.
L’intéressé parle également d’une innovation à venir. Selon lui, les personnes recevront « des informations sensorielles venues de la moelle épinière et transmises au système nerveux pour pouvoir vraiment ressentir les membres », une avancée en cours de recherche, mais qui devrait arriver à terme sur le marché.
Hugh Herr déclare également vouloir rendre ce genre de technologie accessible au commun des mortels. En effet, le MIT Media Lab dispose d’une « branche qui travaille sur la qualité d’un traitement médical tout en gardant son prix le plus bas possible et en améliorant son accessibilité », mais il faudra encore attendre un peu avant de voir tout cela arriver. Des questions de logique de production doivent être réglées pour intégrer à la fois une production de masse tout en réduisant les coûts et en ayant une personnalisation des prothèses. À suivre !