Humanisme chrétien et Transhumanisme : deux visions contradictoires de l’évolution de l’Homme ?

Au cours de ces dernières décennies se sont développées aux États-Unis, puis répandues dans le monde occidental, diverses théories qui se rattachent à ce que l’on appelle le courant transhumaniste, qui est puissamment soutenu par de grands groupes internationaux comme Google. Ce courant vise à un dépassement des limites de l’homme actuel. Il comporte à un premier niveau la promotion de tous les moyens techniques permettant ce que l’on appelle en anglais un human enhancement, c’est-à-dire un perfectionnement et une « augmentation » de l’être humain. Comme le montre cette double traduction, ce dépassement est envisagé à des degrés divers qui peuvent aller d’un simple remède à des maladies ou des infirmités, jusqu’à une amélioration des performances physiques, psychiques et intellectuelles, réalisant un être humain ayant des capacités et des performances supérieures à celles de l’homme actuel. Cela débouche sur le concept plus large de transhumanisme, qui désigne un mouvement qui a l’ambition de créer un homme supérieur, ayant une nature différente de la nature présente, une nature qui accédera notamment à l’incorruptibilité et à l’immortalité, et à une toute-puissance sur elle-même et son environnement, une nature quasiment parfaite.

 

Dance cette approche, la foi chrétienne apparaît comme l’adversaire principal de l’idéologie transhumanisme et de ses projets. La foi chrétienne est porteuse de la révélation biblique, qui est, non seulement la révélation de Dieu, mais la révélation de l’homme. Il est normal qu’elle conteste un projet qui, sous couleur d’augmenter l’homme et de la porter à la perfection, doit conduire au contraire à le déshumaniser. La robotisation, l’eugénisme, le marché de la vie humaine, le phantasme d’un prolongement indéfini de la vie, et d’autres perspectives alarmantes, n’autorisent pas à rester indifférent.

Il n’y a pas d’opposition à la science, dans la position chrétienne : celle-ci maintient seulement, simplement, constamment, que la science et la technologie soient au service de l’homme et de la Création. Être chrétien, c’est défendre l’homme, éventuellement contre l’homme – s’interposer, comme le fit le Christ. La science existe pour, et non contre l’homme.

Cette conception du transhumanisme qui remet en cause la conception de l’homme actuel, de ses limites, de son imperfection, et qui ambitionne de changer sa nature même pour lui conférer des qualités quasi-divines ne peut qu’interpeller les chrétiens. L’ATEM (Association des théologiens pour l’étude de la morale), qui réunit des universitaires catholiques et protestants spécialisés dans le domaine de l’éthique ou susceptibles d’apporter leurs compétences à la réflexion éthique, lui a consacré son dernier colloque annuel. Comme chaque année, un numéro hors-série de 2018 de la Revue d’éthique et de théologie morale contient les Actes de ce colloque.

A l’occasion de la publication aux éditions Apopsix du livre « Le transhumanisme décrypté » par le Père Jean Boboc, prêtre économe stavrophore de la cathédrale orthodoxe roumaine de Paris, docteur en médecine de la faculté de Paris et docteur en théologie, Jean-Michel Vernochet a reçu l’auteur pour une présentation passionnante de ce livre, préfacé par le Professeur Pierre Magnard.

 
yogaesoteric

11 mars 2019

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