La faim, arme politique pour dominer et tuer les plus faibles de cette planète

Si on voulait vraiment la preuve que la faim n’est pas un accident climatique ou je ne sais quelle fatalité qui pèserait sur des contrées abandonnées des Dieux, il suffirait de regarder la carte des famines à venir. Dressée par l’économiste en chef du Programme alimentaire mondial, Arif Husain, cette carte est édifiante.

Selon lui, en 2017, 20 millions de personnes risquaient de mourir de faim dans quatre pays au cours des six prochains mois : le Yémen, le Nigéria, le Sud-Soudan et la Somalie.

Or la cause majeure de cette insécurité alimentaire est politique. Quand elle n’a pas directement provoqué le chaos générateur du non-développement ou la rupture des approvisionnements, l’intervention étrangère a jeté de l’huile sur le feu. La guerre civile et le terrorisme y ont ruiné les structures étatiques, banalisant une violence endémique et provoquant l’exode des populations. 

Au Yémen, les bombardements saoudiens, depuis mars 2015, ont généré un désastre humanitaire sans précédent. L’ONU s’alarme de la situation, mais c’est une résolution du conseil de sécurité qui a autorisé l’intervention militaire étrangère !

La fermeture de l’aéroport de Sanaa et l’embargo infligé par la coalition internationale ont privé la population de médicaments.

Les stocks de blé baissaient à vue d’œil. Les banques étrangères refusaient les transactions financières avec les établissements locaux. 14 millions de personnes, soit 80 % de la population, avaient besoin d’aide alimentaire, dont 2 millions étaient en état d’urgence. 400.000 enfants souffraient de malnutrition. Jugée coupable de soutenir le mouvement houthi, la population yéménite était condamnée à mort. En fournissant son arsenal à Riyad, les puissances occidentales ont participé à ce crime de masse.

Au Nigéria, la situation chaotique dans laquelle a été plongé le nord-est du pays gangrène toute la région. Des millions de personnes, fuyant les violences du groupe Boko Haram, se sont entassées dans des camps de réfugiés. Totalement dépendants de l’aide humanitaire, ces populations « survivent par 50 °C, dans des huttes au toit de tôle, avec un point d’eau, des cuisines communes et un repas par jour », expliquait Arif Husain. Alimenté par la propagande saoudienne, le terrorisme défie cet Etat, le plus peuplé du continent, qui comptera 440 millions d’habitants en 2050. Depuis la calamiteuse destruction de la Libye par l’OTAN, l’Afrique sub-saharienne est devenue le terrain de chasse préféré des djihadistes. La famine qui s’annonce est la conséquence directe de cette déstabilisation.

Au Sud-Soudan, la proclamation de l’indépendance, en 2011, a débouché sur une guerre civile où deux camps rivaux se disputent le contrôle des richesses énergétiques. Cet Etat sécessionniste, fragmenté, enclavé, coupé du nord auquel l’opposa une interminable guerre civile, est le fruit de la stratégie américaine. Cette création artificielle visait à contrecarrer l’influence du Soudan, inscrit de longue date sur la liste des « rogue states ». Porté sur les fonts baptismaux par Washington, qui a armé la guérilla sécessionniste de John Garang pendant 20 ans, le Sud-Soudan est un champ de ruines.

Depuis décembre 2013, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été tuées. Plus de 2,5 millions ont fui leurs foyers et 5 millions font face à une insécurité alimentaire « sans précédent », selon l’ONU. Pour les réclamations, prière de s’adresser aux néo-cons de Washington.

En Somalie, les aléas climatiques font peser la menace d’un nouveau désastre alimentaire. En 2011, la terrible famine consécutive à la sécheresse avait fait 260.000 morts. Cette vulnérabilité de l’agriculture vivrière reflète l’état de non-développement du pays, écartelé en une dizaine d’entités politiques rivales. Le règne sanglant des seigneurs de la guerre locaux, les interventions militaires étrangères (USA, Ethiopie, Kenya), l’influence croissante, sur fond de décomposition politique, de l’organisation islamiste radicale Al-Shabab, ont donné à ce pays l’indice de développement humain le plus faible de la planète. Depuis l’effondrement du régime marxiste de Syaad Barré en 1991, les structures étatiques se sont évanouies. L’économie est exsangue, le système éducatif délabré. La hausse des prix des denrées et la chute des revenus font redouter le pire.

D’autres zones de tensions, hélas, suscitent l’inquiétude. Les conflits en cours en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Ukraine, en Libye, au Zimbabwe, bouleversent les conditions de vie et génèrent des flux migratoires. Certains pays, enfin, vivent dans une insécurité alimentaire chronique : la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Burundi, le Mali, le Niger. Ce n’est pas un hasard si la plupart de ces pays sont en proie à la guerre civile, au terrorisme et à l’intervention militaire étrangère. Le désordre qui y sévit est d’abord de nature politique et géopolitique. Loin d’être une fatalité, il résulte de causes endogènes et exogènes identifiables. La famine ne tombe pas sur les damnés de la terre comme frappe la foudre. C’est l’arme des puissants pour écraser les faibles.

Que dire devant cette honteuse situation ? Les famines ont toujours été un moyen de conquête pour les empires, et elles ont été utilisées comme arme de guerre, aussi efficaces que des bombes. Les empires continuent à se servir de la famine pour contrôler, abuser, piller, voler, diviser et faire souffrir des innocents. Non, ce n’est pas le réchauffement de la planète qui est la cause de ces génocides. Ce sont l’avarice, le mépris, le sadisme les vrais responsables de ces famines, cette horreur de la condition humaine qui vit sous le joug des psychopathes.

yogaesoteric

17 novembre 2019 

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