La médecine qui guérit définitivement n’est pas du tout rentable

            Les médicaments et le système médical : les plus grands dangers pour les malades

                                                                                                                           d’Alex Ionescu

Devise: „À l’heure actuelle la médecine est une industrie avec un risque augmenté, de même que l’aviation. Mais la chance de mourir dans un accident d’aviation est de 1 sur 2 millions de cas, pendant que le risque de mourir dans un accident médical est de 1 sur 200 cas” – Dr. Leape, Harvard Medical School of Public Health.

Tout le système moderne de santé est accusé de permettre, et parfois promouvoir, des procédures et des protocoles thérapeutiques qui ne sont pas nécessaires. En ce qui concerne l’acte médical et des erreurs qui apparaissent dans la réalisation de celui-ci il existe des grandes différences entre ce qui se passe en réalité et ce que l’on rapporte. La question apparaît : qui rapporte les erreurs médicales ? D’habitude le patient ou la famille du patient. Mais si personne n’observe l’erreur, celle-ci n’est pas rapportée.

Les informations qui seront présentées ci-après concernent le système médical américain. Sur le système médical roumain de pareilles études n’ont pas été réalisés, mais cela ne veut pas dire que notre pays est hors de l’incidence de ce problème.

Un système médical qui provoque plus des décès que les maladies et les guerres

Janet Heinrich, directeur associé des U.S. General Accounting Office, institution responsable pour la distribution des finances dans le système de santé et pour les problèmes de santé publique aux USA, affirmait devant un comité secondaire de la Maison Blanche que: “la vraie dimension des répercussions des erreurs médicales sur la population est inconnue”, ajoutant que “’il est très difficile de réunir des données valides quant à ces aspects”.

Par la centralisation de plusieurs données il a été observé que la simple hospitalisation peut générer:
– 2,1% de chances d’avoir une réaction contraire sérieuse à la médication administrée;
– 5 à 6% de chances de contracter une infection intra hôpital;
– 4 à 36% de chances d’une affection iatrogène (erreur médicale ou réaction contraire aux médicaments recommandés)
– 17% de chances d’une erreur de procédure.

Il a été constaté que les décès de cause iatrogène (par erreur médicale ou à cause des réactions contraires aux médicaments) dépassent celles causées par la guerre – les données faisant référence aux américains qui sont morts dans les guerres auxquels les USA ont participé. Le chiffre d‘actes médicaux et chirurgicaux inutiles réalisés chaque année est de 7,5 millions. Le nombre des personnes exposées aux hospitalisations inutiles est de 8,9 millions. En 2001, le nombre total de décès ayant une cause iatrogène a été d’environ 780 000 aux USA, pendant que durant la même année le nombre annuel de décès causés par les maladies cardiaques a été d’environ 700 000, ceux dues au cancer d’environ 550.000, ces deux derniers chiffres étant inférieursaux décès avec une cause iatrogène. Et ces données sont seulement pour une année. Mais pour dix ans ? On peut en déduire que le système médical américain est une importante cause de décès. Chaque spécialité médicale a ses records et ses données sur la morbidité et la mortalité. Mais ces chiffres et statistiques ne sont pas publics.

La production de médicaments – une industrie orientée vers le profit, comme toute autre activité économique

Les laboratoires pharmaceutiques, les sociétés de technique médicale et les groupes d’affaires du domaine médical se trouvent face à des réformes médicales absolument nécessaires, étant donné cette situation alarmante, or ce sont, en fait, ceux qui retirent le plus de bénéfices suite aux maladies, par les médicaments administrés, les tests de diagnostic réalisés, les techniques qui sont réalisées aussi bien pour le diagnostic que dans un but thérapeutique. Ces catégories de l’industrie sponsorisent des recherches médicales, des écoles médicales et des hôpitaux. Ces subventions peuvent faire pencher la balance, dans le cas d’une étude clinique, d’une évaluation par le filtre de la prévention professionnelle à l’acceptation sans critique d’une nouvelle thérapie, d’un nouveau médicament ou d’un nouveau teste de diagnostic.

Pour comprendre le déterminisme de l’acceptation de certains médicaments, observons seulement les fonctions que certaines personnes détiennent dans un hôpital et dans certains comités gouvernementaux, ou dans certaines entreprises pharmaceutiques. Une étude de 2003 a montré que presque la moitié des médecins qui sont dans les commissions institutionnelles de révision qui approuvent les tests cliniques (trial, en anglais) pour les différents médicaments, détiennent aussi des postes de consultants dans l’industrie pharmaceutique. Le Dr. Erik Campbell affirma ceci : “Ce genre de liaison avec l’industrie pharmaceutique peut affecter le comportement scientifique. Ils peuvent faire du commerce avec certaines informations secrètes et peuvent retarder la publication des recherches”.

Jonathan Quick, directeur du Département des médicaments essentiels et de la Politique médicale, dans le cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), écrivait dans un des bulletin de l’OMS: “si les trials (tests) cliniques deviennent une aventure commerciale où l’intérêt personnel dépasse l’intérêt des gens, alors le contrat social qui permet la recherche sur des sujets humains en échange d’avantages médicaux, est compromis”.

En 2000, une étude réalisée par le gouvernement britannique a montré que la plupart des gens considèrent que “la science est dirigée par les affaires – finalement, il est toujours question d’argent”. D’autant plus, les trois quarts de ceux qui ont été interrogés ont affirmé qu’“il est important qu’il existe des scientifiques qui n’aient aucune liaison avec les affaires”.

L’ex-éditeur de la prestigieuse publication New England Journal of Medicine (NEJM), le Dr. Marcia Angell, se donnait du mal pour attirer l’attention du monde envers le problème de la commercialisation des recherches scientifiques, dans l’éditorial “Is Academic Medicine for Sale?”. Le Dr. Marcia soutenait que “lorsque la frontière entre l’industrie et la connaissance médicale académique devient si incertaine comme à présent, les objectifs commerciaux influencent de diverses façons la mission des écoles médicales. Les conflits d’intérêt en ce qui concerne la science sont croissants”. Elle n’a pas nié les bénéfices de la recherche médicale, mais soutenait le fait qu’il existe une relation faustienne entre les écoles médicales et l’industrie pharmaceutique (une sorte de pacte avec le diable).

Le rapport d’ABC affirmait que les entreprises pharmaceutiques dépensent plus de 2 milliards de dollars par an pour 314 000 événements auxquels participent les médecins. Le rapport d’ABC notait aussi que lorsqu’une société pharmaceutique sponsorise une étude, il existe 90% de chances que le médicament en question soit déclaré conforme, alors qu’une étude sponsorisée par une entreprise non pharmaceutique trouverait la substance guérisseuse seulement à proportion de 50% pour l’affection pour laquelle elle a été créée. Il paraît que l’argent peut acheter tout résultat scientifique désiré.

Un lauréat du prix Nobel affirme: “la production pharmaceutique est intéressée pour prendre votre argent, et non pas de vous guérir”

En 2006, dans le journal La Vanguardia, journal avec la plus grande diffusion à Barcelone et en Catalogne, est parue une interview avec Richard J. Roberts ayant pour titre “Le médicament qui guérit définitivement n’est pas rentable”. Richard J. Roberts est né en 1943 en Angleterre. L’unique fils de John et Edna Roberts, est un esprit extrêmement vivace en ce qui concerne les sciences exactes, aimant les mathématiques, la logique et la chimie. Il a poursuivi ses études à l’Université de Shefield, où il a obtenu un doctorat en chimie organique sous la direction de David Ollis. Il est parvenu à connaître et à approfondir de façon théorique et pratique le domaine de la biologie moléculaire. Ainsi, après bon nombre d’années de travail spécialement dans le domaine des enzymes de restriction et de la division de l’ARN et de l’ADN, il a reçu le prix Nobel pour la médecine et physiologie, en compagnie de Philip A. Sharp, en 1993, pour les recherches et les découvertes réalisées sur la division des gênes.

Nous vous présentons ci-dessous quelques extraits de l’interview accordée au journal La Vanguardia:

“Reporter : Quel modèle de recherche vous paraît le plus efficace, celui des États-Unis ou l’européen?

Richard J.Roberts: Évidemment le modèle américain, où participe de façon active le capital privé, il est plus efficace. Vous pouvez prendre l’exemple du progrès spectaculaire de l’industrie informatique, où le capital privé est celui qui finance la recherche de base et celle appliquée, mais en ce qui concerne l’industrie de santé… j’ai des réserves.

R: Je vous écoute !

RJR: Il n’est pas possible que la recherche dans le domaine de la santé humaine dépende seulement de la rentabilité économique. Ce qui est bien du point de vue de l’argent n’est pas toujours bien pour les gens.

R: Vous pouvez préciser ?.

RJR: L’industrie pharmaceutique veut être utile pour les marchés du capital…

R: Comme toute autre industrie ?

RJR: Oui, mais celle-ci n’est pas “toute autre industrie” : nous parlons ici de notre santé et de nos vies et de celles de nos enfants et des autres millions d’êtres humains.

R: Mais si elles sont rentables, on réalisera une meilleure recherche.

RJR: Si on pense au profit, on ne pense plus à être utile aux gens.

R: Par exemple…

RJR: J’ai des preuves que, dans certains cas, les chercheurs qui dépendent de fonds privés auraient pu découvrir des médicaments très efficaces qui auraient pu mettre fin à certaines maladies…

R: Et pourquoi ont-ils renoncé aux recherches ?

RJR: Parce que la production pharmaceutique est plutôt intéressée à ne pas vous guérir, pour vous prendre plus d’argent, et donc d’un coup la recherche en question est déviée vers la découverte des médicaments qui ne guérissent pas entièrement, mais qui entretiennent seulement la maladie, faisant en sorte que vous constatiez une amélioration de l’état, qui disparaîtra si vous ne prenez plus le médicament.

R: C’est une accusation grave.

RJR: Eh bien, c’est quelque chose d’ordinaire que les entreprises pharmaceutiques soient intéressées par des directions de recherche non pas pour guérir, mais pour rendre chroniques les douleurs avec des médicaments qui permettent ceci et qui sont beaucoup plus rentables que ceux qui guérissent une fois pour toute. Et vous n’avez qu’à examiner l’analyse financière de l’industrie pharmaceutique pour vérifier ce que je vous dis.

R: Il existe de l’argent qui tue !

RJR: C’est pourquoi je vous disais que la santé ne peut être un marché de plus et ne peut pas seulement être comprise comme une façon de gagner de l’argent. Et je crois que dans le modèle européen mixte, avec capital public et privé, il est moins facile que ce genre d’abus se propage.

R: Un exemple de ce genre d’abus ?

RJR: On a renoncé à la recherche sur les antibiotiques parce qu’ils sont trop efficaces et qu’ils guérissaient complètement les gens. Et du fait que la production d’antibiotiques a été stoppée, les microorganismes infectieux sont devenus résistants et à présent, la tuberculose, qui était vaincue lorsque j’étais enfant, réapparaît et a tué cette année plus d’un million d’individus

R: Vous me parlez du « troisième monde » ?

RJR: C’est un autre triste chapitre: les maladies du troisième monde sont trop peu soumises à la recherche, parce que les médicaments qui peuvent les combattre ne seraient pas rentables. Mais je vous parle du premier monde, notre monde : la médecine qui guérit définitivement n’est pas rentable et pour cela on ne fait pas des recherches dans ce domaine…

R: Les politiciens n’interviennent pas ?

RJR: Ne vous faites pas d’illusions : dans ce système les politiciens sont des simples employés des grands capitaux, qui investissent autant qu’il est nécessaire pour que leurs enfants soient élus et s’ils ne sont pas élus, pour acheter ceux qui le sont.

R: Tout est possible ?

RJR: Pour le capital il existe un seul intérêt : de se multiplier. Presque tous les politiciens – et je sais de quoi je parle – dépendent avec impudence des entreprises pharmaceutiques multinationales qui financent leurs campagnes. Le reste ce ne sont que des paroles sans fondement…”

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yogaesoteric
2008

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