L’ADN de l’astronaute Scott Kelly n’a PAS été modifié par son séjour dans l’espace
Scott Kelly et son frère jumeau, participent à un programme d’observation de la NASA qui vise à mieux comprendre les conséquences d’un long séjour dans l’espace sur le corps humain.
Contrairement à ce qu’affirment plusieurs articles, le long séjour dans l’espace n’a pas modifié l’ADN de l’astronaute Scott Kelly.
Plusieurs médias affirment que l’ADN de l’astronaute américain, Scott Kelly, a été modifié à hauteur de 7% par son séjour dans l’espace. Il n’en est rien, la Nasa a d’ailleurs publié un communiqué pour clarifier la situation. Pour comprendre l’imbroglio, une petite mise au point biologique s’impose.
Scott Kelly fait l’objet, avec son frère jumeau (astronaute lui aussi) d’une étude de la Nasa appelée « the Twin Study » (l’étude des jumeaux). Son but est de comprendre les conséquences d’un long séjour dans l’espace sur le corps humain. L’un des deux frères a été envoyé en apesanteur pendant que l’autre était resté sur Terre. Après un séjour de 340 jours à bord de l’ISS pour Scott, les deux frères ont été soumis à une batterie d’analyses. Des résultats ont été publiés le 15 mars sur le site de la Nasa, soit deux ans après le retour sur Terre.
Résultat : 7% de l’expression des gènes, c’est à dire leur niveau d’activité, a changé après le séjour dans l’espace. L’expression des gènes est modifiée, mais l’ADN reste, lui, identique ! « C’est ici, qu’il y a confusion », explique Alexis Verger biologiste moléculaire au CNRS. « Pour donner un ordre d’idées, la différence entre l’ADN humain et celui du chimpanzé est de 2% ! Ça voudrait donc dire qu’après un an dans l’espace, Mark, le frère jumeau de Scott serait plus proche génétiquement du chimpanzé…, que de son frère jumeau. »
Que l’expression des gènes soit modifiée par l’environnement n’est en soi pas très étonnant. « Si vous passez deux mois en haute montagne, votre corps va s’adapter à des conditions très dures », rajoute Alexis Verger. Les gènes produisent des molécules (les protéines) qui ont un rôle actif dans le fonctionnement cellulaire. Un long séjour dans des conditions extrêmes peut changer les besoins du corps en protéines, et donc amener les gènes à modifier leur production. Ce qui est surprenant dans l’histoire de Scott Kelly, c’est que deux ans après, l’expression génétique reste marquée par l’expérience spatiale, comme si le corps était toujours dans l’espace.
« Le problème du communiqué de la Nasa, c’est qu’il n’y a pas de publication scientifique », rajoute Alexis Verger. « Il est possible que deux ans après un long séjour en apensanteur, le corps ne se soit pas déshabitué, mais on manque d’informations, pour l’instant, pour comprendre tous les enjeux ». La Nasa a d’ailleurs expliqué qu’une publication scientifique serait effectuée dans le courant de l’année.
Pour terminer, les mutations génétiques existent bien. Tout au long de notre vie, les cellules se reproduisent et certains gènes peuvent muter. Beaucoup de ces mutations sont silencieuses. Mais quel que que soit le nombre de ces changements, ils ne représentent pas un pourcentage aussi élevé que celui annoncé pour Scott Kelly. « Le génome de deux êtres humain diverge d’environ 0,1% en moyenne seulement ! », conclut le chercheur du CNRS.
yogaesoteric
7 octobre 2018