L’analyse sociale de la persécution des yogis en Roumanie, une étude réalisée par le docteur en sciences sociales et politiques Seppo Isotalo (Suède)
Le docteur en science sociales et politiques Seppo Isotalo est venu en Roumanie en tant que représentant de la Suède au mois de juin 2007 pour participer à la conférence de l’OSCE (l’Organisation pour Sécurité et la Coopération eu Europe) ayant pour thème le respect des droits de l’homme. À côté de l’hôtel où il habitait se déroulait un meeting des yogis de MISA. C’est ainsi qu’il est entré en liaison avec les yogis de MISA et il a appris des détails sur le cas MISA-Gregorian Bivolaru. C’est lui qui a encouragé les représentants de MISA à présenter dans le cadre de la conférence de l’OSCE les abus auxquels ils ont été soumis durant les trois dernières années. Dans la période qui a suivie, Seppo Isotalo a envisagé de se documenter le mieux possible sur la situation de MISA. Il est entré ainsi en contact avec différents officiels européens, mais aussi avec les autorités roumaines impliquées. Il est allé au tribunal le 6 août, à la première séance du procès intenté contre les yogis. Il a envisagé de discuter avec les journalistes roumains et a eu l’occasion d’expérimenter directement la façon manipulatrice et erronée dont les nouvelles sur MISA sont présentées dans notre pays, étant lui-même ridiculisé dans des articles de presse au début du mois d’août. Il a présenté avec beaucoup de succès le cas de MISA à la presse internationale. Le plus important, il a envisagé de connaître le mouvement yogi, participant aux cours de yoga, visitant des bâtiments où les yogis habitent et discutant avec beaucoup de yogis. Une partie de ses conclusions et de ses expériences se retrouvent dans le rapport qu’il a rédigé et que nous vous offrons ci-après.
L’analyse sociale de la persécution des yogis de Roumanie
de Seppo Isotalo
docteur agrégé en sciences politiques et sociologie
Bucarest, 8 août 2007
Le 18 mars 2004, le Département d’Investigation des Infractions du Crime Organisé et du Terrorisme (DIICOT) a reçu l’ordre politique de réaliser un coup de main contre le mouvement yoga MISA. La cause directe semble être le fait que l’un des candidats aux élections de 2004 avait promis qu’il ferait en sorte que MISA arrête son activité, s’il recevait un poste important, par exemple de Président de la République ou de Premier Ministre.
Les mass média ont créé une image publique négative à l’école de yoga de MISA et cette campagne de destruction de l’image a été utilisée dans des buts politiques. Ainsi a été escaladé un processus presque incontrôlable. Suite à la campagne de 2004 la vie privée des professeurs de yoga et des sympathisants du mouvement est devenue très difficile. Gregorian Bivolaru, celui qui a fondé MISA en 1990, est depuis longtemps une personne controversée en Roumanie. Entre temps il a réussi à quitter le pays et recevoir l’asile politique en Suède.
Le cas de MISA a été présenté pour la première fois pendant une conférence internationale dans le cadre de la réunion de l’OSCE à Bucarest, les 7 et 8 juin 2007. Cela a déterminé le chef des investigations, le procureur Marian Delcea, à présenter les résultats des trois années d’enquête, 90 volumes, à l’instance de Bucarest. Sept semaines plus tard, en pleine saison de vacances, 21 professeurs et étudiants en yoga ont été appelés à l’audience. Le procès a été accéléré, dépassant même les possibilités pratiques. Pour cette raison il n’a pas été possible que toutes les personnes soient contactées. Les accusés n’ont pas reçu la permission de consulter le réquisitoire, d’avoir des avocats, etc.
Le journal « Le Journal National » a publié sur sa page Internet le réquisitoire de 790 pages qui accuse un grand nombre de yogis
Deux spécialistes, le Dr. Karl Erik Nylund pour la Cour Suprême de Suède et le professeur Gabriel Andreescu pour une revue scientifique de Roumanie, ont analysé de façon exhaustive la situation et les accusations. Il n’existe aucun doute sur le fait que les activités de MISA sont du point de vue juridique et moral irréprochables. Marian Delcea n’investigue rien, il fait seulement abus de sa fonction pour présenter de façon démoniaque les étudiants en yoga. Je vais continuer leur analyse du point de vue social ; mon analyse a été réalisée suite à deux voyages que j’ai effectué en Roumanie, entre le 5 et le 8 juin 2007 et du 29 juillet au 8 août 2007.
J’ai enquêté sur les activités de MISA à Bucarest et j’ai participé au Symposium International de Yoga de Costineşti. J’ai également participé au procès du 6 août 2007, où j’ai discuté avec six des accusés. De même, j’ai discuté également avec Marian Delcea dans une rencontre confidentielle, sans appareil enregistreur, seulement en présence d’un interprète.
J’ai analysé spécialement l’interaction entre Marian Delcea et les mass média. Cela est possible parce que les mass média roumains agissent à l’unisson – jusqu’aux moindres détails. À l’étranger les mass média sont réservés dans l’abord de ce cas – peut-être ayant en vue la Roumanie est un nouveau membre de l’UE. Vibeke Sperling dans son article récent de “Politiken” est une exception brillante, mais elle est experte dans les droits de l’homme. [n.n. Politiken est un important journal danois qui a publié un article extrêmement incisif à l’adresse des autorités roumaines, signée par la journaliste Vibeke Sperling, après le procès du 6 août.]
MISA a été fondé en 1990 et à partir de 1991 ses membres ont été sans arrêt soumis à des campagnes médiatiques diffamatoires. Mais en 2004, la violation des droits de l’homme a atteint un nouveau niveau d’agressivité.
Pendant la période 2004-2006 le système juridique a été réformé en vue de l’entrée de la Roumanie dans l’UE. Maintenant, en 2007 il se passe exactement l’opposé: le système juridique roumain viole si gravement les droits de l’homme que tous les pays membres de UE ont maintenant le devoir d’accorder l’asile politique aux professeurs et aux étudiants en yoga qui sont l’objet des persécutions du procureur Marian Delcea et des mass média.
L’ashram – une invention sociale de type maison collective
MISA offre des cours de yoga pour des dizaines de milliers de yogis en Roumanie et pour des milliers de yogis de l’étranger. Marian Delcea attaque un aspect mineur des activités de MISA, les “ashrams”. Les 16 maisons qui contiennent des ashrams ont fait l’objet de descentes policières auxquelles ont participé 300 hommes en mars 2004. Le matériel que Delcea a présenté au procès de 2007 a été ramassé pendant ce coup de main, à l’exception des déclarations des témoins qui ont été recueillies plus tard!
L’ashram ressemble aux anciens foyers d’étudiants. Deux ou trois personnes partagent la même chambre, la salle de bain et la salle à manger sont communes. La salle de yoga de l’ashram est utilisée par MISA pour les cours pratiques. Ceux qui habitent des « foyers » ne paient rien pour la nourriture et pour le logement, mais ils doivent réaliser différentes activités nécessaires pour entretenir la maison et faire le ménage. Au début, s’il est nécessaire, la maison est rénovée, ensuite tous participent à l’entretenir : faire le ménage, cuisiner, assurer la garde, par exemple pour que les journalistes agressifs n’y entrent pas.
Les maisons et la nourriture coûtent en Roumanie presque aussi cher qu’en Suède, bien que les salaires ici représentent environ 10 à 30% d’un salaire suédois. Les prix des maisons ont tellement augmentés qu’il est extrêmement difficile d’acheter une nouvelle maison, si vous n’en avez pas une autre pour la vendre en échange. Les yogis ont acheté des maisons pendant que les prix des immeubles étaient bas, les ont rénovées par leur travail et ainsi ils ont un toit garanti. Cela correspond au principe selon lequel la pratique du yoga doit être parfaitement combinée avec le travail désintéressé pour la communauté. D’autre part, Marian Delcea est convaincu que cela signifierait un “retour au communisme”.
Les ashrams de MISA pourraient être comparés à des habitats collectifs. Les ashrams sont une très bonne solution face à une situation souvent rencontrée dans les pays post-soviétiques. À l’aide des habitations collectives, les individus sont aidés pour avoir une vie indépendante et pour s’orienter vers la création. On peut habiter dans un ashram sans dépenser trop d’argent, sans payer de loyer, ayant une base sûre pour continuer la vie. Certains de ceux qui habitent dans ces ashrams travaillent, d’autres sont des étudiants.
J’ai habité quatre jours dans un ashram sur les trois qui existent à Costineşti. Il faut au moins 500 € pour habiter un mois dans cette station balnéaire, pendant que habiter dans le cadre de MISA coûte 10 € par mois, avec un logement assuré, la nourriture végétarienne et l’accès au programme de yoga du Symposium International. En échange, tu fais du volontariat, en participant au ménage de la résidence ou à la cuisine.
Dans ces maisons il existe des règles de bon sens, par exemple, ne pas consommer de nourriture dans la chambre pour éviter l’apparition des insectes. Il faut se déchausser à l’entrée et garder le silence surtout le matin parce que la plupart de ceux qui sont présents pratiquent le yoga et méditent pendant ces heures. Les lits et les étagères doivent rester dans les chambres où ils ont été distribués. Les femmes et les hommes habitent à des étages différents, mais il n’existe aucune interdiction de se rendre des visites. Dans la salle de bain commune il existe des chaussures spécialement destinées pour le bain et sont utilisés à l’intérieur de la salle, pour maintenir la propreté. On n’entre pas chaussé dans les chambres. Dans les chambres il n’existe pas d’appareils de TV ou de radio, mais presque chaque soir sont organisées des conférences ou des activités spirituelles. La salle à manger est ouverte pendant deux heures pour le déjeuner et pendant deux heures pour le dîner. À part des heures établies, il est possible de consommer de la nourriture personnelle dans cette salle à manger, mais pas dans les chambres. Dans les couloirs il y a des réfrigérateurs.
Marian Delcea a fait un abus de la fonction qu’il détient pour forcer quelques habitants des ashrams à déposer de faux témoignage contre MISA, mais il n’a réussi cela qu’avec deux familles, au total sept personnes. Le reste des personnes – un très grand nombre de gens qui habitent dans ces ashrams en sont très contentes. Les pratiquants de MISA sont des gens ouverts avec un puissant respect de soi.
Les Mass médias et le procureur en chef
La discussion avec Delcea m’a laissé l’impression que j’avais devant moi un homme incertain, qui ne comprend pas qu’il fait du mal à des personnes innocentes. Dès que je suis entré dans son bureau il a dit à l’interprète qu’elle fait partie de MISA et qu’il détient des détails intimes de sa vie. Il s’est montré critique à l’adresse des peu nombreux témoignages qu’il a arrachés et déclaré qu’il fonde ses convictions sur ses idées personnelles comme : “Comment les femmes peuvent partir au Japon pour travailler là-bas?” ou “Ce n’est pas possible que quelqu’un accepte de vivre dans un ashram dans des conditions précaires”. Il ne cherche pas de preuves. Lorsque j’insiste avec la question de savoir si c’était lui qui avait dévoilé le réquisitoire à la presse, il a commencé à me raconter qu’il est un bon pilote de moto et qu’il a une licence de pilote, mais qu’il a atterrit en catastrophe deux fois.
En termes médicaux, Marian Delcea devrait être considéré comme un psychopathe
Marian Delcea a commencé à agir dès que ce cas à été présenté l’attention internationale. Le 14 juin, les accusations non fondées contre MISA ont été offertes à la presse. Le quotidien « Le Journal National » a publié sur sa page Internet le réquisitoire. Ensuite le procès a été stoppé. Ce matériel n’a pas été utilisé par d’autres journaux ou chaînes de télé. Les médias ne sont pas venus au procès et ont donc manqué l’occasion de présenter aussi le point de vue des accusés. Les quelques journalistes présents m’ont seulement interviewé mais aucun des accusés.
Derrière le juge de la salle d’audience il y avait deux drapeaux, le roumain et l’ européen. Mais ce qui s’est passé dans la salle d’audience n’a été que la variante roumaine de la justice. Les accusés ont été alignés devant le juge et ce qui a suivi était un échange de répliques concernant la citation envoyée à Bivolaru en Roumanie, fait totalement dépourvu de signification étant donné qu’il a reçu l’asile politique en Suède, où il habite d’ailleurs. Ensuite ils ont pris la décision d’ajourner le procès pour six semaines. L’avocat de la défense a aussi précisé que l’une des accusations mentionnées dans les citations est « trafic de mineurs », bien que dans le dossier aucun mineur ne soit mentionné. Alors le juge a immédiatement modifié l’accusation. Nous avons quitté la salle de jugement confuses.
La chaîne de télévision Realitatea TV m’avait accordé un interview dans lequel j’ai précisé que ce procès nuit à la Roumanie, parce que les milliards d’euros alloués par l’UE pourraient lui être retirés. Rien de cette interview n’a été retransmis sur les ondes. À l’exception du Journal National, aucun mass média n’a plus diffusé les fausses accusations que Marian Delcea répand, mais aussi celà n’a pas permis aux voix critiques contre ce procès de s’exprimer d’une manière ou d’une autre.
Des reporters de deux agences d’information m’ont aussi interviewé, me posant de nombreuses questions. Mes réponses ont été envoyées à leurs clients. Le résultat est que la presse a mentionné ma présence au procès, mais n’a publié aucune de mes opinions relatives à ce procès. Par contre j’ai été critiqué pour la raison que je me suis trompé sur le nom de la source où j’avais trouvé le réquisitoire de Marian Delcea.
Le but de la visite rendue à Marian Delcea était d’apprendre si ce qui a été publié sur la page Internet du Journal National est en effet son réquisitoire, le réquisitoire officiel. Le réquisitoire se trouvait sur son bureau, et je lui ai montré la version électronique que j’avais tiré de l’Internet. Il m’a été interdit de regarder le réquisitoire se trouvant sur son bureau, et il n’a fait aucun commentaire à l’adresse du document offert à la presse il y a deux mois.
J’ai donc continué la recherche au siège du Journal National. La direction du journal a refusé de me recevoir. Quelqu’un du département de relations avec l’étranger a raconté que dans la rédaction il était connu que le matériel publié provient de Marian Delcea.
L’opinion publique n’a aucune visibilité sur ce procès. Nous pouvons supposer que par la publication du réquisitoire, Marian Delcea veut influencer en fait l’opinion publique avant que le procès soit commencé. Mais quelque chose était intervenu entre temps. Comme la presse s’était tue, le procès a été ajourné pour six semaines, pour lui accorder plus de temps pour diffuser les fausses accusations.
De même que le professeur Andreescu le mentionne aussi, les conditions pour un procès juste ont déjà été éliminées.
yogaesoteric
2007
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