Le fondateur d’Ikea voit son passé nazi ressortir de nouveau
Un livre de la journaliste Elisabeth Asbrink revient sur les relations d’Ingvar Kamprad avec les groupuscules d’extrême droite suédois pendant la Seconde guerre mondiale.
Le fondateur du groupe suédois Ikea a entretenu, pendant et après la Seconde guerre mondiale, des liens plus poussés avec des groupuscules nazis suédois qu’il ne l’a admis par la suite, selon un nouveau livre publié dans le royaume.
Ingvar Kamprad, un milliardaire âgé de 85 ans qui continue à contrôler le numéro un mondial de l’ameublement, a reconnu depuis une quinzaine d’années qu’il avait adhéré à un mouvement de jeunesse fasciste durant la guerre, en qualifiant cet épisode de « plus grave erreur » de sa vie et de « folie de jeunesse ».
Le Suédois avait pourtant adhéré à un autre groupuscule encore plus extrémiste et il est resté un admirateur de Per Engdahl, l’une des principales figures nazies de Suède, a déclaré jeudi à l’AFP la journaliste suédoise Elisabeth Asbrink, auteur d’un livre qui a été écrit en 2011, « Et les arbres restent debout à Wienerwald ».
Encore loyal à l’égard d’un leader fasciste
« C’est peut-être le plus surprenant. Il a toujours dit qu’il s’était impliqué dans la confusion de la jeunesse. Mais en août 2010, il était encore loyal à l’égard de ce leader fasciste », a-t-elle assuré, sur la foi d’un entretien que Ingvar Kamprad lui avait alors accordé.
« Il m’a dit: c’était (Engdahl) une grande personnalité et je le maintiendrai jusqu’à la fin de mes jours », a-t-elle précisé.
Ni le Suédois, domicilié en Suisse depuis 1978, ni son porte-parole n’ont pas pu être joints pour un commentaire. Sur son site internet, Ikea a souligné que « ce qui s’est passé il y a 70 ans est une chose pour laquelle Ingvar a présenté ses excuses à de nombreuses reprises (…) et cela n’a rien à voir avec les activités d’Ikea ». « Ingvar a dédié sa vie d’adulte à Ikea et aux valeurs démocratiques que représente Ikea », est-il ajouté.
Un « très bon ami » juif
Le livre de Elisabeth Asbrink, « Et les arbres restent debout à Wienerwald », raconte l’histoire d’Otto Ullman, un jeune juif devenu un « très bon ami » d’Ingvar Kamprad, après avoir été envoyé d’Autriche vers la Suède, officiellement neutre, juste avant le début de la Seconde guerre mondiale.
Mme Asbrink a indiqué avoir voulu comprendre comment il avait pu devenir aussi proche d’Otto Ullman, tout en étant impliqué dans un mouvement dont l’idéologie avait contribué à envoyer les parents de l’Autrichien dans le camp d’Auschwitz où ils ont été tués. M. Kamprad a fini par lui répondre: « je ne peux pas voir là une contradiction ».
Même après la guerre, M. Kamprad est resté ami avec Per Engdahl (décédé en 1994). Elisabeth Asbrink a rappelé notamment qu’il avait invité le leader nazi à son premier mariage en 1950 – épisode admis par M. Kamprad dans la biographie autorisée qui lui est consacrée.
La Saepo avait ouvert un dossier « nazi »
Mme Asbrink a également découvert que le jeune Kamprad, qui a admis avoir rejoint le Nouveau mouvement suédois de Per Engdahl, avait auparavant été membre d’un groupuscule plus extrémiste, le Rassemblement socialiste suédois (SSS). Sa carte de membre portait le numéro 4014.
Autre élément nouveau dans le livre, la police de sécurité suédoise, la Saepo, avait ouvert un dossier intitulé « nazi » sur le compte d’Ingvar Kamprad en 1943, l’année où il avait fondé, à 17 ans, une petite entreprise, Ikea, dans un village du sud de la Suède.
Elisabeth Asbrink a précisé ne pas avoir pu consulter ce dossier au-delà de l’année 1949. Dans la partie du document à laquelle elle a eu accès, la journaliste a lu que Ingvar Kamprad affirmait à l’époque « avoir recruté des membres (…) et ne semblait pas manquer une occasion de servir le parti », le SSS.
yogaesoteric
28 octobre 2017
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