Le miracle de la vie et la vision de l’homme sur la réincarnation
par le professeur de yoga Gregorian Bivolaru
« Je suis absolument convaincu que… la vie a son origine dans la mort et que les âmes des défunts continuent à vivre. » (Socrate)
« De même que l’âme incarnée passe de l’enfance à la jeunesse puis à la vieillesse, de même, analogiquement parlant, l’âme change de corps et passe dans un autre. » (Bhagavad Gita II, 13)
« Il n’a jamais existé une croyance plus belle, plus vraie, plus pure, plus morale, plus féconde, plus consolatrice et, jusqu’à ce moment, plus véridique que celle de la vie perpétuelle. » (Maurice Maeterlinck – poète et dramaturge belge)
De plus en plus de gens savent aujourd’hui que le matérialisme athée qui nie l’existence de Dieu et de la vie après la mort, et qui met son empreinte néfaste sur la science officielle, a ses racines dans les courants du siècle des Lumières et du rationalisme, qui sont encore présentés par l’histoire officielle comme des étapes majeures du progrès de la société humaine. En fait, les chercheurs sérieux ont montré que les deux tendances sont soutenues et financées par des clans subversifs de requins qui ont posé au XVIIIè siècle les bases de l’ordre satanique des soi-disant « illuminati ».
Le but de ceux-ci et de leurs descendants d’aujourd’hui est l’asservissement du monde en détruisant la foi du peuple en Dieu, ce qui le rend plus facile à manipuler. La science matérialiste soutient qu’en fait, il n’y a dans le monde rien d’autre que ce que nous pouvons percevoir avec nos sens. Défiant les doctrines des traditions spirituelles millénaires, les représentants de marque du matérialisme athée (qui comprend, de façon surprenante, des personnalités comme les mathématiciens Laplace et Descartes) ont souvent dit en se moquant que pour trouver l’Esprit de Dieu, ils ont fouillé partout dans ce monde et que pourtant, ils ne L’ont pas trouvé.
Ainsi, le cas de Laplace est célèbre : lorsque Napoléon lui a demandé pourquoi il ne mentionnait pas Dieu dans ses écrits sur l’astronomie, il a répondu cyniquement qu’ « il n’a pas eu besoin de cette hypothèse ». Dans la même catégorie s’inscrit l’affirmation méprisante du chirurgien français François-Joseph-Victor Broussais (1772-1838) : « Je n’ai jamais trouvé l’âme sous la lame de couteau ». Ceci est souvent cité comme un discours emblématique par les scientifiques matérialistes.
Malgré toutes les prétentions de ses promoteurs, la science matérialiste n’a cependant toujours pas réussi ni à expliquer de façon cohérente la nature ultime de la matière et de l’énergie, ni à révéler l’origine ultime du mouvement, ni à démêler l’énigme de la conscience dans son aspect général et de la simple sensation en particulier, ni à révéler le mystère de la première apparition de la vie ou de la façon mystérieuse dans laquelle la Nature suit son cours et atteint son but, pour ne nommer que quelques questions fondamentales.
Du point de vue des anciennes traditions spirituelles du monde, la vie est un miracle et l’âme et le corps sont deux niveaux différents de la réalité qui, bien qu’ils coexistent temporairement dans le monde physique, se séparent par leurs fréquences de vibrations différentes. Les anciens sages et les yogis soutenaient non seulement que l’âme humaine existe, mais qu’elle est immortelle. La doctrine de la transmigration des âmes après la mort (et on peut utiliser des termes plus nuancés comme « métempsychose », « métensomatose », « palingenèse », etc.) est connue depuis l’Antiquité en Orient, étant un aspect fondamental de l’ensemble du spectre de la tradition hindoue.
Les Védas et la Bhagavad Gita, les textes sacrés de l’Inde, parlent des vies successives de l’âme. Le grand yogi et sage Patanjali a noté dans son ouvrage fondamental Yoga Sutras (III, 18) qu’un pratiquant avancé acquiert l’accès à ses imprégnations inconscientes (samskaras) grâce à certaines techniques de yoga, et réussit ainsi à se rappeler les existences antérieures, qui sont stockées sous forme d’imprégnations subtiles latentes dans le subconscient (chitta).
Les Égyptiens croyaient en la transmigration des âmes et les enseignements des anciens Grecs, dont Pythagore, Socrate et Platon, y ont également fait référence. Pythagore a affirmé qu’il pouvait se souvenir de ses vies antérieures et Platon a évoqué à maintes reprises l’idée que, conduit par les sens, l’âme pure quitte la réalité absolue pour habiller un vêtement physique.
Dans la Kabbale de la tradition juive, il y a d’innombrables références aux existences antérieures. Dans le livre du Zohar, on peut trouver au moins un passage relatif à la réincarnation : « Les âmes doivent se réintégrer dans la substance dont elles proviennent. Elles doivent révéler les perfections dont elles portent les semences en elles, sinon elles seront obligées de revenir encore et encore jusqu’à ce qu’elles accomplissent les conditions pour la réunion avec Dieu. »
Dans l’Islam, les adeptes de la voie spirituelle du soufisme considèrent que l’âme est immortelle et que l’esprit progresse de stade en stade, en passant par de nombreux règnes. Le grand mystique Rumi décrit ainsi de manière allégorique le processus de l’évolution spirituelle et de la transmigration de l’âme dans son célèbre poème Mathnavi : « Quand j’étais une pierre, je suis mort et je naquis de nouveau comme une plante / Et ensuite je suis mort comme une plante et je renaquis sous la forme d’un animal / Je suis mort comme animal et je renaquis en tant qu’être humain / Pourquoi aurais-je peur de risquer de perdre quelque chose en mourant ? / En tant qu’homme, je vais mourir à nouveau / M’élevant comme un ange parfait de la tête aux pieds / Je deviendrais quelque chose au-delà de toute l’imagination humaine. »
En dépit de certaines affirmations dogmatiques contraires, il y a des indications que, dans les premiers siècles chrétiens, la doctrine de la transmigration des âmes était acceptée en Occident. Ainsi, au troisième siècle de notre ère, l’érudit chrétien Origène, l’un des pères de l’Église primaire, a écrit dans son ouvrage « De principiis » qu’il est naturel pour les âmes de recevoir des corps selon leurs inclinations et leurs tendances. Après deux siècles, lors du cinquième Concile œcuménique de Constantinople en 553 après JC, dans le contexte de certaines intrigues politiques avec des implications monastiques, dix des thèses universitaires de l’érudit Origène ont été condamnées comme hérétiques, bien qu’elles n’avaient dérangé personne antérieurement.
Parmi les dix thèses condamnées par les autorités humaines de l’époque, il y a celle de la préexistence de l’âme. De cette façon, l’idée de la réincarnation a été anathémisée en même temps. Depuis lors, l’Église chrétienne soutient que l’homme a une seule vie à disposition pour retourner à l’état paradisiaque qui a précédé le péché originel.
Malgré les efforts de structurer le dogme chrétien dans une certaine direction, il y a dans la Bible des passages qui évoquent l’idée de la réincarnation, le christianisme héritant du judaïsme l’idée de la résurrection du corps et du Jugement. Ainsi, dans l’Evangile de Matthieu (11, 14, 17, 10-13) Jésus se réfère à Jean le Baptiste comme ayant été le prophète Elie. « Et si vous voulez m’en croire, il (Jean le Baptiste) est Elie qui doit venir. » « Mais je vous dis qu’Elie est déjà venu, mais ils ne l’ont pas reconnu, mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; de même le Fils de l’homme souffrira de leur part. » Alors, les disciples comprirent que Jésus leur parlait de Jean le Baptiste. »
Dans l’ouvrage le Grand Evangile de Jean, écrit sous la dictée de l’inspiration divine par le prophète Jakob Lorber, il y a un passage (volume 5, chapitres 236-238) dans lequel Jésus a confirmé qu’Elie s’est réincarné comme Jean le Baptiste et il explique très bien le concept de la résurrection du corps qui est assumée par le Credo chrétien. Il y a aussi une référence à la réincarnation du point de vue de la loi de la cause et de l’effet dans l’Évangile de Jean (9, 2), le passage où l’on demande à Jésus : « Qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle? ». Et dans l’Évangile de Matthieu, il y a une référence à la loi spirituelle de l’action et de la réaction concordante « Qui prend l’épée périra par l’épée » (26, 52).
Toutefois, dans le Livre de Job (1, 21), à la fois dans le texte en hébreu et dans la traduction grecque qui est utilisée dans les monastères, on trouve ce passage très important pour l’idée de la réincarnation : « Je suis sorti nu du ventre de ma mère et nu j’y retournerais. » Malheureusement, la traduction roumaine offerte dans le texte de la Bible déforme l’original par l’adaptation sous la forme « nu je retournerai dans la terre ».
Au fil du temps, beaucoup de grands esprits étaient préoccupés par la question de la naissance et de la mort et par conséquent par celle de la réincarnation. Le savant Giordano Bruno a fait valoir avec sa vie, jusqu’au bout, malgré la pression de l’Inquisition, l’idée que l’âme va d’un corps à un autre. Le philosophe Voltaire disait que « la doctrine de la réincarnation n’est ni absurde ni inutile » et que « l’idée de la métempsychose est peut-être le plus ancien dogme de l’Univers connu » et le grand poète allemand Johann Wolfgang Goethe a dit : « Je suis sûr que je suis déjà venu sur Terre, comme je le suis maintenant ici, mille fois ». Napoléon disait à ses généraux que dans une vie antérieure, il avait été Charlemagne.
De nombreux écrivains ont abordé la question des vies successives de l’être humain. Honoré de Balzac, dans son livre « La comédie humaine », a écrit: « Toutes les âmes humaines passent à travers des vies successives… Combien d’incarnations doit consommer l’âme promise au Ciel avant d’être en mesure de comprendre le prix de la paix et de la solitude dont les steppes étoilées sont le fondement des mondes spirituels ? » Léon Tolstoï écrivit à son tour : « Tout comme nous vivons des milliers de rêves dans cette vie, de la même manière cette vie n’est qu’une parmi d’autres milliers de vies que nous vivons après avoir quitté une autre vie plus réelle… où nous retournons après la mort. Notre vie n’est qu’un des rêves d’une vie plus réelle, et sera toujours ainsi jusqu’à ce que nous atteignons la dernière, la vraie – la vie divine. »
Il est évident qu’il est très difficile pour l’homme, voire impossible, d’atteindre la perfection dans une seule vie. Il doit développer des vertus telles que l’amour, la compassion, la tolérance, le pardon, l’équilibre, le courage, etc., processus qui nécessite souvent un temps équivalent à d’innombrables vies, car les tendances et les compétences se développent le plus souvent dans un temps long. On ne peut pas expliquer dans une seule vie le mystère de la mort avant la naissance de certains bébés innocents ou de la vie courte de seulement quelques mois ou quelques années de certains êtres humains, par rapport à la longue vie d’autres humains.
Certains gens sont riches, certains sont pauvres, certains sont en bonne santé, certains sont malades, certains sont brillants, certains sont stupides et dans le cadre d’une seule vie, ce serait une injustice, un non-sens flagrant. En outre, la condamnation « pour toujours » à l’enfer de ceux qui n’acquièrent pas dans une seule vie la croyance en Dieu ou de ceux qui n’entendent pas parler de l’existence du Christ, comme certains dogmatiques allégués chrétiens le prétendent est complètement irrationnelle, parce qu’elle n’accorde pas la possibilité de correction, de croissance spirituelle et de développement progressif.
Toutes ces situations et faits doivent avoir une raison, et la seule explication plausible et naturelle pour elles est la loi divine de la cause génératrice et de l’effet compensateur qui régit tout l’Univers (la Loi fondamentale du Karma). Personne n’est en réalité puni pour ses actions, ils cueillit tout simplement les effets compensatoires de ses actions antérieures, ce qui le fait devenir finalement responsable, de corriger son attitude et d’assimiler les leçons spirituelles qui lui sont nécessaires. Le but de la vie est d’atteindre la perfection spirituelle et la communion avec Dieu, et non la punition pour le péché, même si les erreurs commises doivent être corrigées et les tendances inférieures de l’être annihilées.
Enfin, nous pouvons dire que la réincarnation prépare progressivement, étape par étape, l’être humain à atteindre la perfection et la Réalisation ultime, ce qui le libère du cycle des naissances et des morts, le conduisant à la pleine communion avec Dieu.
yogaesoteric
2013