Le sens mystérieux de la sacralité – le septième sens?
de Gregorian Bivolaru
“Il existe une nécessité fondamentale de la nature humaine, une cible de la vie incarnée – celle de chercher, plus ou moins consciemment, l’expérience infinie, à partir d’une base finie.” (Sri Aurobindo)
Vous êtes-vous jamais posé la question de-ce qui vous fait croire avec force dans les idéaux et de les suivre ? Avez-vous remarqué comment tout votre être s’ennoblit par l’aspiration vers un sublime idéal ?
En réalité, l’aspiration représente l’engrenage à l’unisson d’un ensemble de forces mystérieuses, élevées, divines corrélées avec les aspects sublimes de l’être. L’aspiration est en même temps une forme de désir qui déclenche des états de RÉSONANCE, mais située sur un niveau supérieur et qui est éveillée par les modèles idéaux qui sont impliqués dans l’évolution spirituelle. Elle influence très facilement dans un sens positif toutes nos décisions et simultanément permet la transformation intérieure des états, générant ainsi le progrès psychique, mental et spirituel.
En évoluant par rapport à l’âge et aux situations, les aspirations déclenchent d’ineffables processus de RÉSONANCE intérieure et connaissent une dynamique particulièrement complexe, où un rôle important revient à la connaissance de soi, à l’estimation juste des possibilités latentes de réalisation, de l’expérience individuelle accumulée et des modèles divins qui sont intuitivement choisis. Milosz, un penseur contemporain, écrivait: “L’évolution intérieure de notre être nous conduit, en étroite liaison avec nos efforts, plus ou moins vite, du physique au spirituel.”
La croyance – la clef de la connaissance ultime
Dans un traité sacré de la sagesse il est écrit:
“Un jour Parvati a demandé à Shiva: “Souverain adoré, dis-moi quelle est en réalité la clef de la connaissance de Dieu ?”.
Alors Shiva lui a répondu:
“La seule clef est la croyance ferme et inébranlable en Lui. La croyance vraiment ferme et inébranlable est toujours toute puissante. La raison ne peut jamais te conduire aussi loin que la croyance puissante peut le faire. Finalement la raison s’arrête à un point ou à un autre. Au contraire, en ce qui concerne la croyance ferme, inébranlable, même un individu quelconque peut traverser presque sans aucune difficulté l’immensité d’un océan. Devant la croyance ferme et puissante, inébranlable, même les forces de la nature se penchent et cèdent. Et, encore plus, même le pêché et l’inquiétude, la mondanité et l’ignorance se retirent vite devant la croyance puissante et ferme, inébranlable, enDieu.”
Le nouveau corps d’amour
Le grand yogi Sri Ramakrishna avait l’habitude de dire que le vrai chercheur spirituel doit aimer et penser tellement et si intensément à Dieu, qu’il donne naissance à un véritable “corps d’amour”. Ce “nouveau” corps mystérieux est totalement différent du corps d’un homme habituel. On ne peut 
jamais comparer le cosmique et le mystérieux élan de joie divine, qui apparaît pendant l’expérience plénière de l’état d’extase, à aucune forme de joie de ce monde. Dans ce sens, Ramakrishna disait: “Frénétique folie divine, c’est le mot. Il faut devenir fou envers Dieu pour vraiment Le réaliser”.
En percevant de cette manière, l’aspiration envers l’Absolu ou DIEU éveille en nous une force immense, surnaturelle, qui ouvre instantanément le cœur vers l’Infini. La nostalgie frénétique d’après le Divin est en essence une focalisation simultanée du mental et de l’âme, qui permet notre accès dans le monde de l’esprit et nous fait entrer en mystérieuse et ineffable résonance intérieure avec la base immatérielle ultime du monde.
Ainsi, le sens spirituel peut être comparé au besoin impérieux d’oxygène. En conséquence, l’aspiration devrait être regardée comme un état parfaitement naturel du psychisme, du mental et de notre esprit. L’homme a toujours un besoin impérieux de Dieu, de même qu’il a un besoin impérieux d’air, d’amour ou de bonheur. Pour celui qui le découvre, le Divin est, en fait, tout cela réuni, mais en même temps beaucoup plus. Le sens spirituel mystérieux, intimement uni avec l’intuition, avec le sens moral, le sens bienfaisant de la beauté et la lumière sublime de l’intelligence, confère ainsi à la personnalité humaine son total épanouissement et pouvoir.
La plus haute forme de l’aspiration est l’aspiration envers l’Absolu DIVIN (DIEU)
Au fil du temps, le besoin des gens de prier ou d’aspirer avec frénésie envers Dieu a été souvent aussi intense que le besoin de travailler, de construire, d’aimer et de se réjouir. Le sens mystérieux de la sacralité ainsi exprimé est un ineffable impulsion mystérieuse, provenant des profondeurs de notre nature, un état comblant, transfiguré, fondamental.
Il ne suffit pas à l’homme de contempler, plein d’étonnement, la beauté de la mer, des montagnes, des nuages, des chef-d’œuvres ou des formules mathématiques qui expriment les lois naturelles. Il ne doit pas être une âme qui aspire constamment pour atteindre un haut idéal sacré, une âme qui cherche la lumière divine au milieu de l’obscurité des choses et qui, en parcourant les voies sublimes 
de l’évolution spirituelle, renonce à lui-même pour arriver au substrat absolu, divin, invisible à première vue, de ce monde.
La force spirituelle se trouve être, à une analyse attentive et lucide, aussi nécessaire à la réussite dans la vie, que la force intellectuelle et vitale. C’est la raison pour laquelle il faut ressusciter le plus vite que possible en nous les aspects liés aux niveaux spirituels de l’être qui, plus que les niveaux intellectuels ou vitaux, font croître en nous le Sens du Sacré ou le Sens du Divin.
La sacralisation intense et profonde de l’espace et du temps transforme fondamentalement toute notre existence. À partir de ce moment, la nature n’est plus inerte, mais vive ; il n’existe plus rien qui ne soit sous le signe de Dieu, tout devenant Sa manifestation. Cette vie originaire, profonde et unique est alors partout ressentie, en tout et par tous, dans les minéraux, les fleurs, dans les animaux, dans les êtres humains et dans l’Univers tout entier. Le sens mystérieux du sacré transforme et illumine fondamentalement tout ce qui nous entoure et, sur un autre niveau, il guide les plus hautes aspirations de l’être vers la réalisation suprême, vers la perfection. Ce sens mystérieux est souvent rencontré chez les êtres pleins de pureté et de candeur. Il apparaît aussi et s’amplifie graduellement chez les êtres qui pratiquent chaque jour l’Art de la Bénédiction, en réalisant des bénédictions et des auto-bénédictions.
Le moment présent est unique et inestimable
L’aspiration envers l’Absolu dépend, en tant que forme de manifestation, à partir de la prière courte et intense, jusqu’à la méditation profonde, des mots intensément vécus prononcés avec simplicité devant la croix et jusqu’aux chants profondément inspirés, extatiques des cathédrales. L’aspiration frénétique envers Dieu signifie parfois le gémissement de l’âme, des larmes intérieures et non pas des mots dépourvus de sens.
Le grand yogi Ramakrishna disait: “En quoi consiste la force d’un disciple ? Dans ses larmes de nostalgie envers Dieu. De même qu’une mère ne résiste pas au désir de son enfant qui pleure, toujours ainsi Dieu offre pleinement à Son enfant qui pleure d’amour pour lui, Sa Grâce Suprême.”
Il n’est pas nécessaire d’être éloquent pour que Dieu nous écoute. Celui qui est aveugle, sourd, sceptique, désorienté, ignorant et même celui qui est le plus misérable de toute l’humanité, chacun 
peut prier sincèrement et avec frénésie Dieu, parce que en PERMANENCE la prière est écoutée lorsqu’elle part du cœur.
Lorsque nous prions Dieu, il faut, avant tout, le faire de toute notre âme. Alors il est nécessaire de dire ce que nous ressentons vraiment, et non pas ce que nous croyons qu’Il aimerait que nous ressentons. Pendant ces moments il faut être totalement sincères, parce que nous ne pouvons jamais cacher à Dieu nos états intérieurs.
Le moment est unique est c’est pourquoi il est inestimable. Chaque instant magique où notre pensée, notre aspiration impétueuse, notre amour déchaîné s’oriente envers Dieu, L’appelant en nous, est un appui fondamental, il devient une vraie base sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Quoi que nous ayons fait dans le passé ou nous n’avons pas encore fait au présent, en ignorant les perspectives du futur, maintenant et seulement maintenant, à cet instant magique nous pouvons agir, nous pouvons transformer quelque chose.
Ainsi, en vivant toujours cet instant magique, chaque jour, nous remarquerons ensuite, enchantés, comment notre être s’élève et s’achève, acquérant de plus en plus de qualités divines. En aspirant constamment et avec frénésie, nous dépassons ainsi la condition humaine limitatrice, nous dilatant sans arrêt pour atteindre, ici et maintenant, l’Océan de la Béatitude Universelle, la fusion avec Dieu le Père.
Note: L’être humain qui est doué de cinq sens et des organes correspondants. Les cinq sens sont l’odorat, le goût, la vue, le toucher et l’ouïe. La tradition yogie considère le mental (manas) comme étant le sixième sens. De là le symbolisme du titre: “le septième” sens.
Article extrait de la Revue des Mystères n° 37
yogaesoteric
2008
