Le « Stonehenge allemand ». Un site archéologique ancien de 4.300 ans a été ouvert pour le public

 

Les découvertes archéologiques sur ce site mis au jour tardivement au sud-ouest de Berlin laissent penser qu’il était le théâtre de rituels saisonniers dont la nature exacte reste toutefois mystérieuse.

Découvert lors d’un survol en avion peu après la chute du mur de Berlin, en 1991, au sud-ouest de la ville, le site de Pömmelte est en quelque sorte le « Stonehenge allemand ». En plus discret. Les cercles concentriques ne sont en effet pas matérialisés par d’imposants rochers comme en Grande-Bretagne (ce qui explique leur découverte si tardive). D’après les archéologues, le site était vraisemblablement constitué de structures en bois, aujourd’hui disparues (elles ont depuis été reconstituées), ce qui lui vaut aussi le petit surnom de « Woodhenge ».

Bien que les deux sites soient éloignés de 1000 km l’un de l’autre et que la version allemande ait été érigée 500 ans plus tard (en – 2300 avant J.-C.), ils participent vraisemblablement du même type de rites, estiment les deux grands spécialistes du lieu, André Spatzier du Service d’État allemand de gestion de l’héritage culturel du Bade-Württenberg et François Bertemes, de l’Université Martin Luther de Halle-Wittenberg. Les deux chercheurs ont détaillé dans la revue Antiquity les nombreuses trouvailles effectuées lors de travaux d’excavations menées entre 2005 et 2008.

Il est assez clair que le site n’était pas habité, expliquent-ils par exemple. Il était composé de sept cercles concentriques, de 115 mètres de diamètre pour le plus grand à 47 mètres pour le plus petit, formés de trous ou de tranchées de diverses tailles. Les archéologues ont retrouvé dans les fosses des mélanges de morceaux de poteries, de têtes de haches, de meules et d’ossements d’animaux. La taille uniforme des brisures laisse penser que les objets étaient détruits de façon rituelle. La nature précise de ces rites n’est toutefois pas extrêmement claire.

Comme à Stonehenge, la géographie du lieu semble liée à la course du Soleil dans le ciel au cours de l’année. Si le célèbre site britannique est orienté de façon à voir le Soleil se lever le jour du solstice d’été, les ouvertures du site de Pömmelte marquent quant à elles des dates médianes entre les équinoxes et les solstices. Il s’agissait vraisemblablement de moments importants dans ces sociétés agraires qui devaient rythmer les cultures et les récoltes.

Un site minutieusement démantelé il y a 4000 ans…

Des découvertes plus macabres laissent par ailleurs penser que le site a pu être le théâtre de sacrifices humains. Les corps démembrés de 10 femmes et enfants, dont quatre présentent de sévères traumatismes crâniens et des côtes brisées, ont notamment été mis au jour. La nature sacrificielle de ces morts est difficile à établir, avec certitude, mais les dépouilles semblent avoir été jetées sans précautions particulières. Le fait qu’aucun homme ne figure parmi les victimes ne semble pas être un hasard non plus.

Treize autres corps, uniquement des hommes cette fois-ci, ont été retrouvés à l’est du site. Cette fois-ci, ils ont au contraire été enterrés avec beaucoup de précaution, la tête tournée vers l’est, comme pour pouvoir assister au lever du Soleil. Ils n’étaient toutefois accompagnés d’aucun artefact. Les archéologues penchent pour une inhumation symbolique de personnages importants.

Le site semble avoir été utilisé pendant près de 300 ans, jusqu’à – 2050 avant J.-C. avant d’être minutieusement démantelé. Les trous dans lequel les poteaux étaient enfoncés ont par exemple été remplis de cendres, probablement celle des poteaux eux-mêmes qui auraient été brûlés selon un rituel mystérieux.

Ces découvertes exceptionnelles éclairent d’un jour nouveau les autres sites similaires, mais bien plus petits, découverts dans le reste de l’Europe continentale. Leur nature rituelle ne semble plus faire beaucoup de doutes, confirmant que Stonhenge n’était vraisemblablement pas un cas isolé. Cela semble montrer que les populations européennes de l’époque, vivant à cheval entre le Néolithique et l’Âge de Bronze, partageaient probablement plus d’éléments culturels qu’on ne l’imaginait auparavant.

 

yogaesoteric
18 octobre 2018

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