Le vaccin Moderna contient bel et bien un ingrédient douteux
par Philippe Huysmans
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la polémique qui fait rage autour d’un des ingrédients listés par le fabricant Moderna pour l’élaboration de son vaccin à ARNm. Tout débute lorsque, sur les réseaux sociaux, un internaute curieux à cherché à savoir à quoi correspondait l’ingrédient listé sous sa dénomination commerciale, le SM-102.
Ceci faisait suite à la publication, sur le site officiel de l’État du Connecticut de la liste des substances intervenant dans la fabrication du vaccin de Pfizer et celui de Moderna.
Tout d’abord il faut savoir que le produit SM-102 est une dénomination commerciale, un peu comme les fraises Tagada sont un produit du catalogue de la société Haribo.
En l’occurrence, le SM-102 est un produit de la société Cayman Chemical.
Vous pouvez trouver sa fiche technique ici. Il s’agit d’un amino lipide ionisable (corps gras, donc), dont la description stipule :
« Le SM-102 est un lipide aminé ionisable qui a été utilisé en combinaison avec d’autres lipides dans la formation de nanoparticules lipidiques. L’administration d’ARNm de luciférase dans des nanoparticules lipidiques contenant du SM-102 induit l’expression de la luciférase hépatique chez la souris. Des formulations contenant du SM-102 ont été utilisées dans le développement de nanoparticules lipidiques pour l’administration de vaccin à base d’ARNm. »
Le problème? Sur la page de description du produit on trouve l’avertissement suivant :
« AVERTISSEMENT : Ce produit n’est pas destiné à un usage humain ou vétérinaire. »
Ce que les internautes pointaient du doigt c’est que le SM-102, le fameux lipide est stabilisé en le diluant dans du chloroforme qui s’avère pour l’homme un poison violent. Le produit final contient 90% de chloroforme pour 10% de lipide.
Sentant le désastre arriver, les représentants de la ligue du beau, du bon et de la vérité vraie (les débunkeurs à gages) se sont aussitôt attelés à la tâche qui consistait à désamorcer ce qui est dans le fond, une bombe.
C’est précisément quand j’ai lu ces débunkages d’une maladresse crasse que j’ai commencé à croire sérieusement qu’il y avait anguille sous roche, et nous le verrons, c’est une belle bête.
Petit florilège des arguments des débunkeurs :
1. Le vaccin Moderna ne contient pas de chloroforme mais utilise du SM-102, qui fait partie du lipide utilisé pour délivrer le code génétique, ou ARNm de la protéine de pointe qui recouvre le coronavirus, dans nos cellules. Source : AP
2. Les messages ignorent les informations sur Cayman Chemical qui répertorie le chloroforme comme « composant dangereux » sur la fiche de données de sécurité du produit et répertorie le SM-102 séparément sous « autres ingrédients ». Source : AP
3. Le chloroforme est utilisé comme milieu stabilisant pour transporter les lipides, a déclaré le Dr Nicholas Davidson, médecin et biologiste lipidique. « Ils ne sont certainement pas injectés avec du chloroforme », a déclaré Davidson à propos des vaccins. Source : AP
4. Le vaccin Moderna contient des lipides comme le SM-102, et ils sont sans danger pour l’homme. Les lipides permettent à l’ARNm utilisé dans le vaccin de se glisser dans une cellule en recouvrant la molécule d’une enveloppe grasse. Les sociétés de biotechnologie vendent des versions du lipide en suspension dans une solution de chloroforme aux sociétés pharmaceutiques à des fins de recherche. Le chloroforme est toxique, mais pas le lipide lui-même. Cette version ne fait pas partie du vaccin COVID-19. Source : Politifact
5. Le vaccin COVID-19 de Moderna est-il toxique? S’adressant au Newsweek, Al Edwards, responsable de l’impact pour la division de recherche en pharmacie de l’Université de Reading, a déclaré que certains solvants sont souvent utilisés pour préparer des choses comme les lipides, mais sont éliminés après utilisation. « Je ne connais pas le processus exact utilisé pour fabriquer le vaccin Moderna, mais même s’il s’agissait de dissoudre le lipide dans un solvant tel que le chloroforme, toute quantité résiduelle de solvant laissée dans le vaccin – si elle n’est pas complètement éliminée – serait mesurée très précisément et répertorié comme un ingrédient. Il ne serait également autorisé que s’il était connu pour être sûr », a ajouté Edwards.
Quelques éléments de réflexions sur ces arguments :
1. Ne contient pas de chloroforme ? Ah, ils ont donc retiré totalement le chloroforme pour ne garder que le lipide SM-102 sans casser la fragile molécule. Ils ont utilisé quel solvant, du coup ? Se souvenir que ce produit a bel et bien été utilisé tel quel pour l’expérimentation de vaccins ARNm sur des primates.
2. Eh bien c’est là qu’est l’os, en fait, nous y reviendrons.
3. Idem que pour le point 1. Reste à nous expliquer par quel solvant ils ont remplacé le chloroforme sans détruire le lipide.
4. Cette version ne fait pas partie du vaccin COVID-19 : est un complet mensonge c’est bien le produit qu’ils ont utilisé, indiqué par sa dénomination commerciale, et Cayman ne produit pas d’autre version (API) de ce lipide.
5. Du grand n’importe quoi, il vaut mieux garder en tête que ces vaccins restent des produits expérimentaux et n’ont jamais fait l’objet d’une procédure d’agréation FDA autre qu’une Autorisation de Mises sur le Marché Conditionnelle (AMMC).
De fait, vous pouvez être bien sûr qu’il y a comme qui dirait un problème puisque presque immédiatement après le début de cette polémique, Cayman Chemical s’était fendu d’un communiqué précisant notamment :
« SM-102 pour la recherche uniquement (RUO)
Les produits de qualité RUO, tels que le Cayman’s SM-102 (article n ° 33474), sont destinés uniquement à une utilisation in vitro ou animale (exploratoire ou préclinique).
[…] Les API utilisées pour la fabrication pharmaceutique commerciale adhèrent à des directives strictes en vertu des protocoles de bonnes pratiques de fabrication (GMP) réglementés par la FDA afin de garantir leur sécurité pour un usage humain et vétérinaire.
[..] Les FDS sont nécessaires pour présenter le contenu et les dangers de chaque ingrédient d’un produit chimique expédié. La FDS du Cayman’s SM-102 (article n ° 33474) indique avec précision que le mélange de produits chimiques dans le produit est composé de 90% de chloroforme (un solvant courant) et de 10% de SM-102. Bien qu’il s’agisse d’un solvant courant, le chloroforme présente plusieurs dangers graves connus, qui ont été inclus dans la FDS de Cayman. »
Dans lequel on comprend que Cayman Chemical a décidé de sortir immédiatement le parapluie (format familial) pour ne pas risquer d’être éclaboussée par le scandale qu’ils ont bien vu venir.
Parce que le fondement du problème n’est pas de savoir si le vaccin contient ou pas du chloroforme (1), mais que le produit n’est tout simplement pas destiné à l’usage pharmaceutique. Pour produire des substances destinées à l’usage médical, les fabricants doivent suivre des règles draconiennes, qu’on appelle les règles GMP (Good Manufacturing Practices). Ce sont les fameux API mentionnés par Cayman. Chaque ingrédient rentrant dans la composition du produit fait l’objet d’une évaluation permanente, il doit respecter des critères de pureté très stricts, chaque lot est libéré par le pharmacien, et s’accompagne du dossier complet de production, qui peut être audité ultérieurement par la FDA ou des mandataires du client. La moindre déviation fait l’objet d’un rapport et la traçabilité doit être totale.
Rien de tout ça ici, le SM-102 est fabriqué comme n’importe quel produit qui n’est pas destiné à l’usage humain ou même vétérinaire. Je vous laisse imaginer l’écart de prix entre une version RUO et une version API d’une même substance, on arrive aisément à un prix multiplié par mille.
Ce SM-102 n’a pas sa place dans l’élaboration d’un vaccin, c’est un produit chimique lambda fabriqué sans aucun respect des procédures en vigueur dans l’industrie pharmaceutique. À cette aune, à quand les poils de chauve-souris dignes de figurer dans les potions concoctées dans le chaudron de Gargamel ? Une petite goutte de sang de pangolin tué à la pleine lune, peut-être ? Il est là le scandale, et les débunkages bidons ne changent rien à ce simple fait.
Note :
1. Ce qui reste quand même à établir, or pour l’instant, c’est le silence radio du côté de Moderna qui n’a pas souhaité répondre aux demande des débunkeurs à gage.
yogaesoteric
27 juillet 2021