Les actions des jeux vidéo chutent alors que Pékin impose un quota de 3 heures de jeu par semaine

Quatre semaines après que les régulateurs chinois ont dénoncé pour la première fois les jeux vidéo comme de « l’opium spirituel » et identifié la « dépendance aux jeux vidéo » comme un phénomène répandu qui détourne les jeunes de leurs responsabilités, les autorités ont annoncé, à la fin du mois d’août, qu’elles allaient restreindre les heures pendant lesquelles les mineurs chinois sont autorisés à jouer. Dorénavant, les jeux vidéo seront interdits en semaine. Le vendredi soir, ainsi que pendant les vacances et les samedis et dimanches, les joueurs ne pourront jouer que pendant une seule heure, entre 20 heures et 21 heures, heure locale.

Les nouvelles règles ont eu un impact sur les actions des sociétés chinoises de jeux en ligne. Les actions d’un grand nombre de sociétés, dont Tencent, NetEase, Bilibili, Kingsoft Cloud, Huya et Sohu.com, ont chuté au cours des échanges asiatiques.

Les nouvelles restrictions sur les jeux vidéo ne sont que la dernière étape des efforts déployés par la Chine pour limiter le pouvoir des grandes entreprises technologiques. Les mesures de répression ont déjà fait disparaître plus d’un billion de dollars de la capitalisation boursière combinée des entreprises chinoises cotées en Chine, aux États-Unis et à Hong Kong.

D’autres sociétés chinoises à grande capitalisation, comme Alibaba, ont progressé à la fin de l’année dernière.

« Tencent, NetEase et d’autres sociétés de jeux en ligne en Chine pourraient ne subir qu’un impact modeste sur leurs performances financières du fait du durcissement des restrictions sur le temps passé par les mineurs à jouer à des jeux à trois heures par semaine », ont déclaré les analystes Matthew Kanterman et Tiffany Tam de Bloomberg Intelligence dans une note aux clients. Les actions du secteur de l’éducation sont également en hausse après que Morgan Stanley a déclaré qu’il voyait des opportunités dans ce secteur. New Oriental Education a augmenté de 10 %, Tal Education de 8,5 % et Gaotu Techedu de plus de 4 %. »

Ce qui est plus alarmant que les restrictions elles-mêmes, c’est la manière dont Pékin entend les faire respecter, avec une technologie de reconnaissance faciale et l’obligation pour les joueurs d’utiliser des comptes vérifiés.

Un utilisateur de Twitter s’est demandé si d’autres pays ne risquaient pas de suivre les traces de la Chine avec de nouveaux pas.

Le président chinois Xi Jinping s’est également exprimé publiquement sur les dangers de la dépendance des jeunes aux jeux, des propos qui ont renforcé la pression sur les responsables pour qu’ils agissent.

Après la publication de la nouvelle réglementation, lundi 30 août, après la clôture de la bourse de Shanghai, Tencent a déclaré avoir introduit une série de nouvelles fonctions pour mieux protéger les mineurs. Il a promis de continuer à le faire car il « respecte strictement et met activement en œuvre les dernières exigences des autorités chinoises ».

Tencent soutient certains des plus grands producteurs de jeux vidéo du secteur, et a investi dans le fabricant de « Fortnite », Epic Games, et le créateur de « World of Warcraft », Activision Blizzard.

En 2018, la Chine a cessé de délivrer des licences de jeux vidéo pendant près de neuf mois sur fond de préoccupations similaires, ce qui a coûté à Tencent plus d’un milliard de dollars en ventes perdues, selon les estimations des analystes, et a entraîné un effondrement prolongé du cours de ses actions. En 2019, Pékin a interdit aux utilisateurs de moins de 18 ans de jouer à des jeux vidéo entre 22 heures et 8 heures, tout en les empêchant de jouer plus de 90 minutes aux jeux vidéo les jours de semaine.

Le président de Tencent, Martin Lau, a prévenu que les régulateurs s’attachaient à limiter le temps et l’argent que les mineurs consacrent aux jeux en ligne.

Ces remarques montrent également que la répression des jeux vidéo n’est pas inattendue. Pékin cherche à freiner les jeux vidéo chez les adolescents depuis 2017.

yogaesoteric
21 mars 2022