Les cerveaux créatifs effectuent des connexions uniques en leur genre, ont découvert les scientifiques

Un des aspects les plus importants de l’innovation est la créativité. Mais le trait caractéristique reste insaisissable. Comment génère-t-on la créativité ? Les histoires d’artistes régalent les gens avec leurs méthodes bizarres. Par exemple, Salvador Dali faisait la sieste dans une chaise avec ses clés suspendues sur une plaque métallique. Une fois qu’il était assez relaxé pour relâcher les clefs, elles tombaient sur une assiette, le réveillant de son sommeil, son rêve encore frais dans sa tête, alors il se précipitait alors pour capturer le souvenir de son rêve et l’immortaliser.

 

Le compositeur russo-américain Igor Stravinsky avait une méthode tout à fait différente mais tout autant bizarre. Il se tenait debout sur la tête, comme un gymnaste hongrois le lui avait enseigné. Il a dit que l’acte « lui viderait le cerveau ». Tandis que l’inventeur Yoshiro Nakamatsu, qui avait 3.000 brevets à son nom – y compris la fameuse disquette – plongeait et attendait sous les vagues pour s’inspirer, ce qui, disait-il, arrivait souvent « seulement 0,5 seconde avant la mort ».

On n’obtient pas de progrès technologique ou artistique sans créativité. Et pourtant, les artistes et les inventeurs ont eu des méthodes si variées et souvent incroyables que les neuroscientifiques se sont demandé s’il y avait ou non certains modèles uniformes associés à l’état créatif. En raison de sa centralité, ces scientifiques se sont demandé s’ils ne pouvaient pas déchiffrer la créativité ou la stimuler d’une manière méthodique. Cette dernière étude, publiée dans les Actes de l’Académie nationale des sciences (PNAS), suggère qu’on le peut.

 

Les artistes utilisent des méthodes variées et parfois étranges pour inspirer la créativité.

Ce que les chercheurs ont découvert, c’est que lorsqu’on fait preuve de créativité, un certain schéma ou une certaine signature neurologique se produit à l’intérieur du cerveau. « Nous avons identifié un réseau neuronal associé à la capacité créative, qui comprend des régions par défaut, des systèmes d’importance et des systèmes exécutifs – des circuits neuronaux qui fonctionnent souvent par opposition », écrivent des chercheurs. « Dans quatre ensembles de données indépendants, nous montrons que la capacité d’une personne à générer des idées originales peut être prédit de façon fiable à partir de la force de la connectivité fonctionnelle au sein de ce réseau, indiquant que la capacité de pensée créative est caractérisée par un profil distinct de connectivité cérébrale. »

Ne vous inquiétez pas. On n’a pas encore développé de machine phildickienne capable de lire les pensées. Par contre, les chercheurs commencent tout juste à comprendre quels modèles neurologiques sont associés à la créativité. Le psychologue Roger Beaty, de l’Université Harvard, a déclaré à The Guardian : « Nous avons identifié un modèle de connectivité cérébrale qui varie d’une personne à l’autre, mais qui est associé à la capacité de trouver des idées créatives. » Il a ajouté : « Ce n’est pas comme si nous pouvions prédire avec une précision parfaite qui sera le prochain Einstein, mais nous pouvons avoir une assez bonne idée de la flexibilité de la pensée d’une personne donnée ».

Les réseaux impliqués sont le réseau en mode par défaut, le réseau de contrôle exécutif et le réseau de saillance. Le mode réseau par défaut est celui qui prend le dessus lorsque vous rêvez ou que votre esprit s’égare. Si vous avez déjà commencé votre trajet et que vous vous êtes retrouvé chez vous, sans vous rappeler comment c’est parce que vous avez activé votre réseau en mode par défaut. Le réseau de contrôle exécutif intervient lorsque vous êtes pleinement engagé dans vos pensées, vos plans, vos décisions, vos apprentissages, votre mémoire, etc. Et le réseau de saillance est ce qui nous aide à décider à quoi prêter attention, et ce qu’il faut ignorer. Parmi les trois réseaux neuronaux, deux travaillent l’un contre l’autre.

Ce que les gens créatifs peuvent faire mieux que les autres, c’est la capacité d’appréhender simultanément les idées provenant de chaque système. « Une caractéristique intéressante de ces trois réseaux est qu’ils ne sont généralement pas activés en même temps », a écrit Beaty. « Par exemple, lorsque le réseau exécutif est activé, le réseau par défaut est généralement désactivé. Nos résultats suggèrent que les gens créatifs sont mieux à même de réactiver les réseaux neuronaux qui fonctionnent habituellement séparément. »

 

Source : Actes de l’Académie nationale des sciences.

Dans cette étude, Beaty et ses collègues autrichiens et chinois ont recruté 163 participants. Des types créatifs tels que musiciens, artistes et scientifiques ont été recrutés. Chacun a pris part à ce qui était appelé « une tâche de réflexion classique divergente », tout en étant dans un appareil d’IRM. Les recrues disposaient de 12 secondes pour imaginer l’utilisation la plus créative d’objets banals tels qu’une chaussette, un savon ou un paquet de chewing-gum. Les recrues ont crié leur réponse le plus rapidement possible lorsqu’elle clignotait sur un écran. La matière blanche des participants était scannée au fur et à mesure qu’ils répondaient. En ce qui concerne le niveau de créativité, les réponses des recrues ont été notées par des évaluateurs indépendants.

Des recherches antérieures menées à l’Université de Caroline du Nord ont abouti aux mêmes résultats. Dans les études à venir, les chercheurs veulent scruter le cerveau des personnes qui participent aux activités artistiques, aux sciences et à d’autres activités créatives, afin de voir si elles trouvent des moyens de stimuler le flot créatif. Aux États-Unis, les programmes artistiques ont subi d’importantes compressions budgétaires dans les écoles de tout le pays. Cela a-t-il nui au développement des futurs innovateurs ? Les chercheurs doivent découvrir dans les études futures si la créativité est traduisible ou inhérente à chaque individu.

Pour en savoir plus sur l’intersection des neurosciences et de la créativité, regardez la vidéo ci-dessous (en anglais) :

 

yogaesoteric

30 janvier 2020

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