Les cinq nectars tantriques : les essences sacrées de l’éros

La vision tantrique considère l’organisme humain comme étant simultanément spécial et sacré.

Il est spécial parce que l’incarnation en tant qu’homme représente le sommet du cycle des différentes formes dans le cycle des réincarnations, en étant “la forme physique la plus élevée”, qu’il est difficile d’acquérir.
Le corps humain est sacré parce qu’il est la maison de la divinité sous la forme occultée du Soi individuel (Jivatman) et pour cette raison ,“le temple du corps” est devenu un concept tantrique traditionnel.

Il est connu que tout ce qui provient d’un temple est considéré comme étant sacré, à condition que le temple soit traité avec une attitude de sacralité, avec une permanente attitude spirituelle de la part de celui qui s’y trouve. En plus il faut que son propriétaire s’occupe de son état physique, en suivant des règle d’hygiène et de santé. Les tantriques offrent des solutions radicales, non-conformistes, pour les diverses situations de la vie quotidienne. Ils nous apprennent comment affronter la dualité de façon directe. Propre ou sale, bon ou méchant, acceptable ou inacceptable – ce sont des notions relatives qui tiennent à la culture et à la façon de voir les choses. Mais elles peuvent souvent constituer une barrière dans la voie de l’évolution spirituelle rapide que suivent les tantriques.

Contrairement à l’hindouisme traditionnel, obsédé par ce qui est “pur” ou “impur”, dans le cadre des traditions tantriques authentiques un tel concept n’existe pas. “Le Chandamaharosana Tantra” exprime très clairement cet aspect: “Le pratiquant ne doit jamais penser dans les termes de “pur” ou “d’impur” ; il ne doit jamais penser dans les termes de : “comestible” ou “non comestible”, “digne d’être réalisé” ou “ indigne d’être réalisé”, “adéquat pour être aimé” ou “inadéquat pour être aimé”. Le yogi qui ne respectera pas ce conseil sera maudit et perdra tous ses siddhis!”

La plupart de cultures de l’Ouest soutiennent d’habitude que la transpiration, la salive, l’urine, les sécrétions sexuelles, le sang menstruel et les excrétions sont impures. Cependant les enseignements tantriques nous disent que, lorsque le corps est bien nourri, sain et propre, tout ce qu’il produit représente une chose sacrée qui peut avoir pour nous une utilité spéciale.

Les tantriques ont cherché à découvrir les propriétés spéciales de tous les produits de notre corps. Ils ont étudié les propriétés de la transpiration, des larmes, des morceaux d’ongles coupés, de la cire des oreilles, des cheveux, de la barbe, des sourcils, du nez, des axillaires, de la région pubienne etc. Ils ont exploré toutes les facettes du corps, toutes les matières qu’il produit, en trouvant des utilisations magiques pour chacune. Leurs recherches se sont axées spécialement sur cinq produits particuliers du corps, auxquels les textes tantriques hindous et bouddhistes font référence en les dénommant “les cinq nectars”. Ce sont la salive, l’urine, les sécrétions sexuelles (le sperme et les sécrétions vaginales), le sang menstruel et les excrétions. Dans le cadre des enseignements tantriques les plus élevés, ce sont des éléments spirituels, sacrés qui sont utilisés dans le cadre des rituels mystiques, ils concourent à l’atteinte de la libération spirituelle.

On a souvent fait référence à ces cinq nectars tant dans la tradition occulte hindoue que dans la tradition bouddhiste. Ils constituent des secrets bien gardés par les tantriques. Leur utilisation en tant qu’éléments sacrés, spirituels, s’oppose dans une certaine mesure à la vision de l’hindouisme et du bouddhisme traditionnel. Les tantriques argumentent que si notre corps est vraiment pour nous un temple et s’il est soigné et nourri correctement, alors tous les produits qu’il offre représentent des substances sacrées, douées de propriétés divines.

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