Les dialogues inutiles avec nous-mêmes

La différence entre le Kriya yoga et les autres formes de méditation est que celle-ci n’essaye pas du tout de forcer le processus de la pensée. Les exercices de Kriya sont indépendants du mécanisme intérieur de la pensée “verbale”, surtout parce qu’ils utilisent “le langage de la perception sensorielle”, et non leur expression en mots.

Souvent vous avez entendu, ou vous avez remarqué, de nombreuses voix dans le mental. Dans des situations d’anxiété et de stress, ce phénomène s’intensifie. Si vous avez eu un conflit avec quelqu’un, les voix continuent un certain temps, mentalement, à justifier vos actions et réactions. Des phrases entières et même des dialogues, où vous donnez et recevez la réplique, ont tendance de ses répéter à l’infini. Ce harcèlement intérieur peut durer des heures ou même des jours. La conversation intérieure peut devenir aussi puissante que la rumeur d’une fête.

Il existe aussi des voix qui se concentrent sur les activités de routine, en amplifiant “le bruit” intérieur : “Je mets les chaussettes. D’abord la droite… Bon ! Maintenant la gauche… Elle est à l’envers. Où est le pantalon ? Je mets le pantalon. Quelle heure est-il ? Suis-je en retard ?! Et je devais me brosser les dents…”

Cette conversation sans interruption est complètement inutile et fatiguante. Pour cette raison, nous envisageons d’atteindre le niveau de paix intérieure où nos actions se dérouleront sans même prononcer une seule pensée “exprimée”. Prenons par exemple une activité humaine commune : conduire sa voiture. Nous constatons comment dans la première étape nous prononçons avec des mots, phase après phase, pour nous-mêmes, quelles opérations nous devons réaliser et leur succession. Mais peu à peu, lorsque cette action devient automatique, “la voix” qui nous apprenait disparaît et nous pouvons penser facilement à autre chose, même lorsque nous conduisons la voiture dans la circulation aux heures de pointe. Une fois que nous avons atteint la maîtrise, nous pouvons conduire sans penser du tout aux opérations qui nous accaparaient au début. A partir de ce moment-là, les autres voix sont libres de continuer ; la conversation intérieure peut commencer à nouveau, peu de temps après la disparition de l’activité qui a capté toute notre attention.

Habituellement, les moments où les “voix” sont calmes apparaissent lorsque l’on est focalisé sur une certaine activité. Voilà pourquoi la télévision a ce succès aujourd’hui : elle amène les gens dans un état de transe, où ils n’entendent plus les voix intérieures, qui leur parlent des soucis quotidiens. La pratique du sport réussit aussi à les annihiler, ainsi que l’audition attentive d’une mélodie classique. Même certains types de narcotiques créent, de façon artificielle, une sorte de silence intérieur. Cependant, aucune de ces méthodes – certaines étant même nocives – ne nous aident vraiment à contrôler ces voix.

“Le silence intérieur” peut être conquis de cette façon pour peu de temps, car il disparaîtra vite. Il suffit d’entrer dans une chambre vide et de rester quelques instants immobiles et silencieux, et la rumeur de la “fête intérieure” réapparaîtra tout de suite. Voilà pourquoi la méditation constitue, encore, un essai difficile à dépasser pour de nombreuses personnes.

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