Les expériences au seuil de la mort (18)


Par Alain Moreau


Lisez la 17ème partie de cet article

1. Le film « Au-delà » et le numéro 9 (janvier 2011) du magazine de l’INREES :

En janvier 2011 est sorti un très intéressant film du réalisateur Clint Eastwood : « Au-delà », avec, parmi les interprètes principaux, Cécile de France et Matt Damon. C’est l’histoire de « trois destins croisés » : une rescapée de la mort (lors du tsunami de décembre 2004) ayant vécu une EMI (Marie, interprétée par Cécile de France), un médium (interprété par Matt Damon), et un frère jumeau cherchant à renouer contact avec son frère décédé… Il s’agit d’un film très réaliste sur le sujet, ce qui est très rare en la matière !

On trouve, dans le numéro 9 (janvier 2011), du magazine de l’INREES, une interview de Cécile de France et de Peter Morgan (l’homme derrière l’histoire de « Au-delà »). Dans ce même numéro, notons :

– Un article de Virginie Gomez sur les EMI, avec le témoignage de Nicole Dron et de Joseph McMoneagle (le célèbre « visionneur à distance »).
– « Cinq questions au cardiologue hollandais Pim Van Lommel ».
– Un texte sur les médiums, une interview du médium Henry Vignaud, et « deux questions à Julie Beischel » (qui étudie les communications entre des médiums et des défunts, et que l’on a vue, ainsi qu’Henry Vignaud, dans l’une des émissions de la série documentaire « Enquêtes extraordinaires », sur M6 en juin 2010).
– « Apprendre à utiliser son sixième sens », avec Maud Kristen.

En 1968, Nicole Dron était âgée de 26 ans. Trois semaines après la naissance de son deuxième enfant, elle a fait coup sur coup deux hémorragies, et son cœur s’est arrêté pendant 45 secondes. Durant ce bref laps de temps, elle a vécu une expérience décrite comme « profonde et inoubliable ».

« Tout d’abord, je me souviens m’être trouvée à la hauteur du profond. J’étais là avec toutes mes pensées, mes émotions, mes impressions, avec tout ce qui constitue mon être profond. J’ai pris conscience de voir de tous les côtés à la fois, mais surtout j’éprouvais un sentiment nouveau et incroyable : celui d’exister en dehors de mon corps. Je l’ai regardé et je ne l’ai pas trouvé beau. J’étais cadavérique, j’avais des tuyaux qui me sortaient du nez et de la bouche, je n’étais pas du tout à mon avantage ! J’ai entendu le chirurgien s’exclamer : ‘Elle me pète entre les mains !’ Ces propos m’ont été confirmés plus tard par une infirmière.

Je ne me suis pas trop attardée dans cette salle d’opération, car j’ai pensé à mon mari et à mon beau-père qui attendaient dans la salle d’attente, et instantanément je me suis trouvée près d’eux. J’ai pris conscience de traverser les murs.

Dans cette salle d’attente, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de siège. Mon mari me l’a confirmé plus tard. J’ai vu que mon beau-père et lui arpentaient la pièce et j’ai essayé de me manifester à eux, en vain. Ils ne me voyaient pas. Je ne comprenais pas. De ne pas pouvoir communiquer avec eux me désolait. En désespoir de cause, j’ai posé la main sur l’épaule de mon beau-père et ma main a traversé son corps !

Je me suis ensuite trouvée dans un abîme de ténèbres, de silence. J’étais seule au monde, dans un néant infini, et j’aurais tout donné pour entendre un bruit et voir quelque chose. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Peut-être une fraction de seconde ? J’ai pensé : ‘Cela y est, ma fille, tu es morte.’ Et pourtant, je n’étais pas morte puisque j’existais. L’idée de vivre dans ce néant et ces ténèbres m’est apparue insupportable.

Quelque chose en moi a appelé à l’aide, et au loin j’ai vu une lumière. A partir de ce moment, je n’étais plus seule au monde. J’ai été propulsée à une vitesse prodigieuse vers cette lumière et, au fur et à mesure que j’en approchais, elle grandissait jusqu’à occuper tout l’espace. Les ténèbres s’éclaircissaient, je sentais des présences autour de moi sans les voir distinctement. Surtout, une joie inouïe s’élevait de mon cœur, mille fois plus grande que toutes les joies que j’ai pu éprouver sur cette Terre.

Et je suis rentrée dans la lumière. Là, il n’y a plus de mots. Cette lumière était aussi un océan d’Amour pur, de celui qui s’offre sans rien demander en retour. J’étais immergée dans cet océan, totalement comprise, comblée et aimée telle que j’étais, et si loin des soucis et des agitations de cette Terre ! Je n’avais plus conscience du temps et de l’espace, mais d’être, d’avoir toujours été. J’ai compris que j’étais une partie de cette lumière, que j’étais éternelle. Dans cette plénitude et cette paix immense, j’ai compris le sens des mots : ‘Je suis’. C’est comme si, tout en étant moi, je devenais tout et que je retrouvais ma nature réelle. Mon Dieu, comment partager cette expérience ? Si chacun pouvait la vivre, ne serait-ce qu’un instant, il n’y aurait plus de misère ni de violence, ni de guerre sur cette planète. Le sens de l’existence serait perçu et la beauté serait son accomplissement.

Dans cette lumière, j’ai vu un jeune homme resplendissant de lumière venir vers moi. Mon cœur a bondi de joie quand j’ai reconnu mon frère, mort lorsqu’il avait sept mois et moi onze ans. J’adorais cet enfant, j’étais sa petite maman. Comment pouvais-je être certaine que cet être était mon frère ? Il y a évidemment une grande différence entre les traits physiques d’un bébé et ceux d’un adolescent. Pourtant, je sais de façon absolue que c’était lui. J’ai revécu ma vie à l’envers, de mes 26 ans de l’époque jusqu’à ma naissance. Près de moi il y avait un être de lumière. Je ne peux pas décrire le rayonnement et la force d’amour qu’il dégageait. J’ai entendu sa voix qui semblait venir du fond de l’univers, puissante et douce à la fois.

Il m’a demandé : ‘Comment as-tu aimé et qu’as-tu fait pour les autres ?’ J’ai senti tout de suite l’exigence de la question. C’était troublant car, pendant le déroulement de ce bilan, j’étais à la fois celle qui revivait chaque situation avec toutes les émotions qui l’accompagnaient, et l’autre partie de moi, celle qui n’était pas du tout affectée par les émotions, qui était toute sagesse, connaissance, amour et justice. Lorsque j’avais accompli un acte de bonté, j’étais dans le cœur de la personne à qui j’avais fait du bien et je recevais le bien que je lui avais fait. Il en était de même lorsque j’avais été désagréable envers autrui. J’éprouvais en moi-même les souffrances que j’avais infligées à cette personne.

Je me rappelle aussi avoir été en possession d’une grande connaissance. En quelques secondes j’ai vécu des millénaires.

Je ne me rappelle pas être sortie de mon corps, mais je me rappelle l’avoir réintégré en passant par ma tête et m’y être glissée comme dans une chaussette.

Toute l’expérience s’effaçait. Je ne pouvais pas la retenir.

Et pour moi, c’est cela le drame de l’existence. Finie la plénitude, finie la liberté, fini le fait de se sentir un et tout à la fois. On rentre dans son corps comme si l’on rentrait dans une boîte. On oublie que les autres sont nous et l’on se fait du mal…

Mais je sais depuis que l’amour est le secret de la vie. » (N. Dron)

Nicole Dron est l’auteure de : « 45 secondes d’éternité », Kymzo éditions, 2009.

Voici le témoignage de Joseph McMoneagle :

« Je dînais avec ma femme et un ami. A l’apéritif, j’ai pris un verre, et après avoir bu une gorgée je me suis senti très mal. J’ai quitté la table et je me suis dirigé vers la sortie du restaurant. J’ai atteint la porte, et je me souviens d’une sorte de bruit, un peu comme un claquement de doigts. Je me suis retrouvé debout sur le pavé devant l’entrée, regardant mes paumes et la pluie qui passait au travers, sans savoir comment j’étais arrivé là. J’ai alors regardé vers la porte, j’ai vu un corps allongé en travers : c’était moi. A ce moment-là, j’ai compris que ça allait mal ! J’ai su plus tard que j’avais eu des convulsions et que j’avais avalé ma langue, ce qui m’empêchait de respirer. Je les ai regardés qui chargeaient mon corps dans une voiture. Je l’ai suivie alors qu’elle passait la frontière austro-allemande. La voiture s’est arrêtée à Passau. Je les ai vus alors décharger mon corps et l’emmener aux urgences. Je les ai observés quand ils ont coupé mes vêtements et m’ont planté des aiguilles partout… Puis, tout cela a commencé à m’ennuyer prodigieusement. J’ai senti une chaleur derrière, dans le cou, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une de ces lampes très brillantes qu’on trouve dans les services d’urgence. Je me suis retourné pour voir ce que c’était et je me suis retrouvé en train de tomber à travers un tunnel. Je suis sorti au bout dans une lumière très, très intense, et brillante. J’étais enveloppé dans cette lumière et j’ai pensé que j’avais rencontré Dieu. Puis il y a eu cette voix dans ma tête qui a dit : ‘Tu ne peux pas mourir ici, tu dois repartir.’ Et j’ai dit : ‘Non, je veux rester ici, dans cette chaleur, cette lumière.’ Résultat, il y a eu un autre claquement de doigt et je me suis retrouvé assis, nu sous un drap, à regarder tout autour de moi, sous le regard étonné du pauvre patient allemand allongé dans le lit d’à côté. »

Notons aussi ce témoignage de l’actrice Sharon Stone, celle-ci ayant vécu, en septembre 2001, une EMI à la suite d’une hémorragie cérébrale.

C’est le 29 septembre 2001 qu’elle a été transportée à l’hôpital par son mari Phil Bronstein après avoir ressenti de violentes douleurs à la tête. Deux angiogrammes successifs n’ayant rien révélé, les médecins furent sur le point de la renvoyer chez elle. En janvier 2004, elle confia à « Paris Match » qu’elle avait alors perdu connaissance et qu’elle avait eu l’impression de se retrouver dans un grand tunnel de lumière blanche :

« Et, à un moment précis, ma grand-mère défunte est venue vers moi, non sous son apparence de vieille dame, mais avec le visage de sa jeunesse. Elle m’a dit de ne pas quitter l’hôpital et de rester allongée, immobile. Alors, j’ai insisté pour rester à l’hôpital. Finalement, on m’a fait un troisième angiogramme et cette fois ils ont décelé le problème. Je suis persuadée que ma grand-mère m’a sauvé la vie. »

Elle précise que cette expérience l’a profondément affectée :

« Désormais, je n’ai plus peur de la mort et je n’hésite pas à dire aux gens que c’est une chose fabuleuse ; que la mort est un cadeau. Je ne veux pas dire que vous devriez vous suicider, mais tout le monde devra un jour être confronté à la mort, et quand ce jour viendra ce sera une expérience magnifique et merveilleuse. Je voyais cette splendide lumière blanche au-dessus de moi et soudainement je baignais dans cette magnifique et aveuglante lumière. J’y ai rencontré certains de mes amis. Tout est allé très vite. Tout à coup, je suis revenue. J’étais dans mon corps et j’étais dans la chambre. »

2. « Version Femina », numéro du 17 au 23 janvier 2011 :

Dans un numéro de janvier 2011 du magazine « Version Femina » (magazine dominical du journal « Sud-Ouest »), un article de deux pages présente, à l’occasion de la sortie du film « Au-delà », les avis de diverses personnes : le médecin Jean-Pierre Jourdan, le médium Henry Vignaud, le psychologue Pascal Le Maléfan, la bouddhiste Marie-Ange Cambois. Ces commentaires sont précédés du rappel du témoignage du journaliste et écrivain Philippe Labro, un « expérienceur », selon le terme souvent usité.

Philippe Labro a vécu une EMI relatée dans son livre « La traversée » (éditions Folio) :

« Des années après, j’ai encore en mémoire précisément ce qui s’est passé, ce que j’ai vu dans ce service de réanimation. Cette sensation de sortir de mon corps, puis de me soulever, jusqu’à avoir une vision détaillée de mon propre corps et de toute la pièce en plongée. J’étais devenu une caméra. L’instant d’après, j’étais dans un tunnel blanc, baignant dans une lumière aveuglante, et j’ai ressenti une sensation extraordinaire, à l’inverse de mes cauchemars habituels. Je distinguais des formes, des volutes, je m’incorporais dans un au-delà. Ce voyage est l’effet des produits hypnotiques… Je ne suis pas le premier à avoir vécu une NDE (near-death experience). Seulement, à l’époque, je n’en avais jamais entendu parler. C’est un ami qui m’a appris que cela portait un nom. J’avais déjà le projet d’écrire à ce sujet, alors je me suis bien gardé de lire quoi que ce soit sur ce thème : je ne voulais surtout pas être influencé. Aujourd’hui, cette expérience ne m’obsède pas, je n’y repense jamais, mais elle m’a forcément modifié. Après ma convalescence, j’ai voulu en témoigner. Contrairement à mes autres livres où je mêle réalité et fiction, dans La traversée je n’ai rien inventé. Ce livre n’est pas un roman, c’est un reportage sur moi-même, ce que j’ai vécu. »

Le médecin Jean-Pierre Jourdan, directeur de la recherche médicale de l’association IANDS-France (The International Association for Near-Death Studies), est l’auteur de : « Deadline. Dernière limite » (éditions Les 3 Orangers, réédité aux éditions Pocket). Voici ce qu’il dit à propos des NDE :

« En tant que médecin, je veux rester objectif. Mais je constate que, après un coma, des personnes ont été en mesure de donner des détails comme la couleur ou la marque d’un défibrillateur utilisé à un moment où leur cerveau était inactif. Décorporation, tunnel, lumière intense…, les témoignages d’EMI sont répétitifs et cohérents : j’en recueille depuis vingt ans. C’est une réalité connue des équipes de réanimation. Dans ce trou noir, il est facile de mettre pêle-mêle Dieu, démons ou toute autre pseudo explication. C’est à cause de ces âneries que la recherche avance mal : c’est un répulsif à scientifiques. Mais les témoignages, eux, sont bien réels, et ces personnes sont les premières à rejeter les explications fumantes et à s’éloigner des dogmes religieux. A ce jour, les EMI représentent quelque chose de nouveau aux yeux de la science. Des psychiatres, des neurologues, des cardiologues ont cherché une cause physiologique : sans succès. Et les découvertes des liens entre les perceptions sensorielles et le gyrus angulaire (une zone du cerveau) sont loin d’expliquer l’ensemble de ce que vivent les patients. Pour percer cette énigme, il faut dépasser nos certitudes, chercher du côté d’un nouveau concept que ces disciplines, prises séparément, n’expliquent pas. Nous n’avons pas encore compris toutes les lois de la nature, de la même façon que nous n’avons découvert la radioactivité qu’à la fin du XIXème siècle. Cette découverte a ouvert un champ inédit dans la physique telle qu’elle était connue et pratiquée jusqu’alors. J’espère que nous parviendrons à coordonner la recherche dans cet esprit d’exploration. Et peut-être, qui sait, à trouver une théorie qui bouleversera tout autant les sciences médicales et permettra de découvrir l’origine des EMI. »

Lisez la 19eme partie de cet article


yogaesoteric
4 décembre 2019

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