L’esprit du temps inspire à la fois les savants et les artistes

Ce genre de synchronicités ne se limite pas seulement à la culture classique. Elles sont même apparues dans la science moderne. Il y a des cas très connus de découvertes faites pratiquement simultanément par des chercheurs qui n’avaient pas connaissance des travaux des autres scientifiques.

Les plus fameux cas de découvertes simultanées et réalisées de manières indépendante sont celui du calcul infinitésimal conçu par Newton et Leibniz, de l’élaboration des mécanismes fondamentaux de l’évolution et de la biologie par Darwin et Wallace, et de l’invention du téléphone par les deux concurrents Bell et Grey. Les recherches et les découvertes ont également rayonné dans d’autres branches de la culture. Pendant que Newton utilisait un prisme pour décomposer les rayons de lumière qui traversaient sa fenêtre de Cambridge, Vermeer et d’autres artistes flamandes étudiaient la nature de la lumière qui traverse le verre et les vitraux.

Alors que Maxwell formulait sa théorie sur l’électromagnétisme selon laquelle la lumière est produite par le mouvement des ondes électriques et magnétiques, Turner dessinait la lumière sous forme de tourbillons.

Récemment, les physiciens ont exploré indépendamment les espaces multidimensionnels dans le cadre des grandes théories de l’unification, pendant que les artistes d’avant-garde représentaient sur leurs toiles des espaces comptant jusqu’à sept dimensions par un jeu de superposition visuelle.

Espace et temps, lumière et gravitation, masse et énergie ont toujours été l’objet des investigations des physiciens et des artistes, souvent en même temps, parfois les uns précédents les autres et souvent les uns ignorant le travail des autres. Leonard Shlain a étudié en détail ces „coïncidences” et a offert de nombreuses illustrations de la capacité de refléter et souvent d’anticiper les découvertes des physiciens, tout en ignorant leurs recherches, y compris celles de la physique. Les recherches sur ces phénomènes nous ont permis d’arriver à un grand nombre d’exemples de telles „coïncidences”. Certaines sont cataloguées de façon simpliste et superficielle comme illusoires, mais beaucoup d’entre elles défient toute explication conventionnelle.

Le phénomène en soi a attiré certains penseurs éminents. Hegel a formulé son célèbre concept d’esprit du temps qui infuse dans les cerveaux de ses contemporains et Jung a avancé le concept d’inconscient collectif, source de symboles mythiques et d’archétypes communs aux différentes cultures.

Le phénomène de synchronicité culturelle peut indiquer une interaction entre les individus qui transcendent les limites de l’espace-temps des perceptions sensorielles communes et qui arrivent à vibrer à l’unisson sur les mêmes fréquences de manifestation idéatique. De nombreux actes de créativité ont été influencés par une telle interaction perçue comme l’apparition de certaines visions ou même de réponses spontanées aux questions posées. Ceci pourrait être l’équivalent d’une dialogue au sens platonicien du terme, c’est-à-dire un processus où le résultat transcende les capacités de chaque partenaire de la discussion. Ce fait rappelle la vision de Platon selon laquelle le mental réassemble les idées durant un dialogue. Il faudrait seulement étendre le terme de réassembler à celui de collecter, parce que selon la thèse de la créativité interactive, les gens collectent, ils ramassent des éléments de créativité des autres personnes. Une autre preuve réside dans le fait que les vrais actes de créativité sont souvent basés sur ce que les allemands appellent „Einfall”, ce qui signifie avoir une intuition soudaine et spontanée conduisant à une découverte de type conceptuel ou esthétique.

yogaesoteric
2014

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