L’orgasme – la danse extatique des énergies

 

Dans le cas d’un couple qui ne pratique pas l’amour avec continence, l’orgasme dure en moyenne 10 secondes. Si ce couple fait l’amour environ 6-7 fois par mois, cela veut dire 65 secondes d’orgasme par mois, soit au total… 13 minutes par an ! D’autre part, si nous estimons combien de temps consacre un être humain chaque année pour penser, imaginer et cultiver des soucis, des peurs ou des espoirs relativement à ces 13 minutes de plaisir, nous retrouverons un intervalle bien plus grand, de l’ordre de plusieurs heures ou journées. Par conséquent, l’orgasme proprement dit mérite bien une étude plus attentive de la part de chacun de nous!
 
Comme nous l’avons décrit dans d’autres articles, il existe de très grandes différences entre la fusion amoureuse avec continence (sans perte du potentiel sexuel), telle qu’elle est réalisée par les yogis initiés aux mystères du tantrisme, et l’acte amoureux commun (sans continence). Si nous réalisons un graphique de l’intensité des états amoureux, alors les différences ressortent encore plus.
 
Dans les livres sur la sexualité, on présente souvent la soi-dite « courbe de l’orgasme ». La croissance de l’énergie pendant l’acte amoureux décrit une courbe qui, de façon simpliste, pourrait être énoncée de la façon suivante: „Nous distinguons quatre phases: l’excitation, le plateau, l’orgasme et la fin.” 
 



  
Au cours de la première étape, les « jeux » du prélude éveillent le désir érotique, tout en générant un état d’excitation. Cela se concrétise par l’apparition de l’état d’érection chez l’homme et la lubrification vaginale chez la femme. Pendant la phase de plateau, la tension érotique détermine l’accélération du rythme de la respiration, produisant un état global de tonification. Lors de la troisième phase, l’excitation localisée initialement au niveau de la zone génitale, commence à se répandre dans le corps tout entier, montant vers la zone de la tête. A ce moment, nommé le point de „non-retour” (qui doit être évité par ceux qui veulent pratiquer la continence) a lieu, en général, la perte du contrôle conscient, faisant apparaître des contractions réflexes musculaires génitales qui détermineront l’éjaculation chez les hommes et la perte explosive des sécrétions orgasmiques chez les femmes. Après la décharge du potentiel sexuel, le corps devient calme et relaxé. Du fait de la perte immense d’énergie qui apparaît suite à l’éjaculation, toute stimulation érotique en vue de l’obtention d’un nouvel orgasme est impossible dans les minutes suivantes. Cette période de stagnation est plus longue dans le cas des hommes que dans le cas des femmes.
 
En suivant la voie tantrique, nous constaterons avec enchantement que les états qui surviennent pendant la fusion amoureuse avec continence sont beaucoup plus intenses et plus durables que dans le cas d’une fusion amoureuse sans continence. L’une des différences essentielles entre l’orgasme avec décharge et l’orgasme prolongé est que la durée pendant laquelle se maintient le niveau d’excitation où l’homme (la femme) sent que l’éjaculation (la décharge) est en train de survenir, est prolongée pour une période indéfinie; il survient une séparation entre l’orgasme proprement dit et l’éjaculation.
 

Un autre aspect qui fait la différence entre la façon de faire l’amour de l’homme et celle de la femme est le suivant: la femme, pendant l’acte amoureux, n’a pas de direction précise, elle ne suit pas quelque chose de précis mais vit avec une grande intensité toutes les sensations et les perceptions érotiques. C’est pour cela qu’il est difficile que l’homme comprenne son comportement, lui ayant un but précis: l’orgasme. La femme a plus de besoin d’un état érotique les premières deux phases de la fusion amoureuse ; si elle essaye d’accélérer la courbe de son orgasme afin de contenter l’homme, elle risque de perdre le contact avec ses sensations personnelles. Au regard de cette situation, tant l’homme que la femme doivent connaître leur rythme personnel et en même temps tenir compte des désirs et des états de l’autre. Et ainsi, tout le jeu amoureux peut être décrit comme une danse extatique où les protagonistes sont les deux amoureux.
 
Une autre différence importante est celle du rythme, qui fait que l’orgasme féminin nécessite une période plus longue pour être atteint. L’orgasme féminin a un caractère implosif, alors que l’orgasme masculin a un caractère explosif. Du fait des différences de temps nécessaires aux deux amoureux pour arriver à l’orgasme, apparaît comme une évidence, la nécessité que l’homme devienne capable de contrôler et de stopper l’éjaculation.
 
En conclusion, on peut dire que l’orgasme féminin et celui masculin se distinguent l’un de l’autre par la fréquence et par le niveau d’implication : les femmes parviennent plus difficilement à l’orgasme, mais une fois atteint, elle le vivent dans tout leur être, prolongeant l’état aux niveaux émotionnel et mental, tandis que les hommes arrivent assez vite à l’état d’orgasme, mais dans les premières phases, ils le vivent très intensément seulement au niveau physique, corporel. Donc, pour atteindre l’orgasme simultané prolongé, la femme devra rester en phase avec l’excitation sexuelle pour arriver au plus souvent à l’orgasme, pendant que l’homme devra s’ouvrir de plus en plus au niveau énergétique pour étendre l’énergie résultante del’orgasme dans tout son corps et tout son être.
 
Les courbes orgastiques, dans le cas de la femme et dans le cas de l’homme qui réalisent une fusion amoureuse avec continence sont les suivantes:
 



 
Durant la phase de prélude, l’énergie fondamentale de l’être, Kundalini Shakti, commence à s’éveiller, produisant dans les êtres des deux amoureux des états d’enchantement extatique, de sensualité bien amplifiée; la focalisation de l’attention est orientée particulièrement sur le plaisir des sens, sur les sensations sexuelles, sur les états amoureux et sur l’excitation. L’orgasme atteint dans cette phase est vécu au niveau des centres de forces Muladhara Chakra et Swadhisthana Chakra (ce type d’orgasme est le plus souvent vécu par les êtres humains).
 

Lorsque l’énergie sublimée atteint le niveau du centre de force de Manipura Chakra, les deux amoureux vivront dans leurs êtres des états d’expansion, de liberté et de passionnalité ardente. Ces états deviendront de plus en plus raffinés, étant transformés via le processus de sublimation en des états affectifs, comme l’état de don de soi, de tendresse, de délicatesse. L’orgasme vécu au niveau du centre de force Anahata Chakra conduit à l’amplification de l’état d’amour détaché, en arrivant à l’état profond de contentement et d’équilibre intérieur. La communion entre les deux amoureux est intense et raffinée; la satisfaction érotique commence pratiquement à disparaître, sa place étant prise par un accomplissement complexe de nature affective très intime. Ensuite les états deviennent de plus en plus raffinés et plus profonds une fois arrivés au niveau de Vishuddha Chakra. Les orgasmes seront vécus au niveau cosmique, des perceptions subtiles de la musique des sphères apparaîtront, des états de pureté intérieure, des inspirations divines et des perceptions des plans subtils élevés. A partir de ce moment, tout se dilate et revêt une autre consistance plus suave, le centrage des énergies se réalisant au niveau de la tête, le centre de force Ajna Chakra étant désormais dynamisé. A ce niveau, s’amplifie la capacité de contrôle du plan mental, se dynamise l’intelligence, les capacités de clairvoyance commençant à se manifester chez les deux amoureux. Les différences qui existent entre eux disparaissent, leurs êtres fusionnent et s’étendent dans l’infini ; ils embrassant l’univers entier. C’est alors qu’ils atteignent l’orgasme cosmique total.
 
Sous une autre perspective, Gabrielle Roth, qui a dédié dix ans à l’étude de la danse chez les divers peuples du monde, réalise une analogie entre les 5 phases de la danse et les moments de la courbe orgastique.
 
La phase fluide : la danse commence avec un rythme fluide, comme l’eau, les mouvements sont circulaires, ondulés, successifs.
Pour la fusion amoureuse, cette phase correspond au prélude. C’est la phase pleine de désir, l’état d’excitation étant généré chez les deux amoureux. Cette phase est étroitement liée à l’intimité, en libérant les sentiments, en suivant l’inspiration du moment et les ouvrant aux aspects doux et relaxants de la sexualité. Si nous entamons tout de suite la deuxième phase (saccadée), de caractère plus actif, sans parcourir auparavant le prélude, nous nous fatiguerons trop vite.
 
La phase saccadée : le rythme est pulsant, plein d’énergie, avec des mouvements brusques et puissants, au rythme des tambours, les mouvements étant séparés les uns des autres.

Dans la fusion amoureuse, c’est la phase où la tension sexuelle augmente, où le rythme de la respiration s’accélère. La deuxième phase a parfois un caractère agressif. De nombreuses personnes tendent à éviter cette phase, ne parvenant pas à en comprendre la charge énergétique. Si nous ne respirons pas profondément et nous ne nous focalisons pas sur les idées et les pensées, davantage que sur les sensations, nous ne réussirons pas à contrôler l’énergie ; nous n’obtiendrons qu’un orgasme rapide et rien d’autre. L’un des principes fondamentaux de la sexualité consciente est celui de dépasser nos limites, en essayant toujours de prolonger, d’approfondir et d’explorer les états extatiques.
 
La phase de chaos : pendant cette phase, les mouvements échappent au contrôle, ils deviennent automatisés, audacieux, vibrants, impliquant l’être entier.
Pour la fusion amoureuse, l’énergie des deux amoureux a perdu une direction précise, l’excitation localisée initialement au niveau de la zone génitale commence à se répandre dans tout le corps et culmine avec l’orgasme. Pour garder le contrôle dans la phase chaotique, il est nécessaire d’être très conscients de soi. Seul un être puissant, lucide, peut affronter un moment de chaos avec la certitude qu’il pourra revenir vite dans le monde ordonné de la conscience ; un être faible, instable, vit toujours avec la peur de perdre le contrôle. C’est aussi la phase la plus profonde où on rencontre ce qui est le meilleur en soi, où l’ego commence à se fondre. Pour arriver avec succès à cette étape et vivre pleinement l’état d’orgasme, il est nécessaire de nous impliquer consciemment dans les premières deux phases.
 
La phase lyrique : c’est la phase où les danseurs se sentent très légers, comme s’ils étaient sur un nuage qui les guide sans le moindre effort; tout le corps est imbu d’une ardeur sensuelle.
Dans la fusion amoureuse, c’est le moment où nous nous retrouvons dans les bras du partenaire, l’écho des pulsations qui viennent d’être vécues persistant encore dans notre corps. La phase lyrique est proportionnelle avec celle saccadée: plus on arrive haut dans la phase saccadée, plus nous approfondissons la phase lyrique. Bon nombre de personnes ne réussissent pas à s’orienter pendant cette phase, ils la traversent trop rapidement, n’ayant pas de points de références.
 
La phase de silence: sereins et relaxés, les danseurs expriment le mouvement par des gestes simples, plutôt statiques, se laissant pénétrés par le frisson de la charge énergétique qu’ils viennent de vivre et qui remplit encore leur être. Ils se ressentent limpides et contents d’être ce qu’ils sont.
 
Pendant la fusion amoureuse, nous avons l’impression que nous pouvons continuer ainsi pendant des heures, nous sommes encore pleins d’énergie et de sensations subtiles, contents et calmes à l’extérieur. La cinquième phase, la phase de silence, est un produit des premières quatre phases. Si nous réalisons de tout notre être les étapes précédentes, le silence va s’installer de lui-même, il nous remplira, nous nourrira et nous donnera la sensation très concrète, très profonde d’être unis, unis avec nous-mêmes et avec l’être aimé. A la fin de la fusion amoureuse, nous parviendrons à un état de profonde intimité, et l’énergie accumulée persistera une longue période de temps.
 
Par conséquent, nous pouvons comprendre pourquoi les sages tantriques ont affirmé que, alors que l’homme commun tombe et s’épuise du fait d’une sexualité débridée, le yogi qui pratique la continence, en connaissant ses secrets, s’élèvera et sera de plus en plus heureux. Parallèlement, il progressera du point de vue spirituel via l’amour, qui, au lieu de l’épuiser, le régénèrera, lui permettant de garder presque inaltérée la vitalité et le pouvoir mental intérieur. L’être humain qui suivra ces conseils, pourra transformer la sexualité ordinaire en un acte sacré.
 
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yogaesoteric
avril 2007

 
 

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