L’oxygénothérapie hyperbare, nouvelle arme contre les maladies neurologiques et environnementales (2)

Lisez la première partie de cet article 


La controverse

Le Dr Marois a contesté l’évaluation qu’a faite le gouvernement du Québec de l’OHB basse pression. « Des considérations politiques et économiques, plutôt que purement scientifiques, jouent un rôle important dans cette controverse. D’autres recherches systématiques sont requises, mais entre-temps les enfants ne devraient pas se faire refuser l’accès à l’OHB », écrivait-il avec des collègues en 2007 dans le Journal of American Physicians and Surgeons.

 

L’étude qu’il a cosignée en 2014 fut la toute première au monde à démontrer que l’OHB basse pression (1,3 à 1,75 ATA) améliore les fonctions motrices et cérébrales d’enfants atteints de paralysie cérébrale. « Alors qu’ils étaient presque tous en fauteuil roulant, plusieurs d’entre eux ont recommencé à se déplacer », a-t-il expliqué le 6 mars 2014 à l’émission Une pilule, une petite granule, de Télé-Québec. « En élevant les niveaux d’oxygène dans le cerveau, les traitements hyperbares permettent de remettre en marche des cellules qui n’avaient pas été détruites mais qui avaient été secouées par la lésion initiale au point de se retrouver en état d’inertie, précisait le physiatre dans Le Devoir du 10 avril 2014. Ils stimulent la circulation sanguine dans le cerveau et la création de nouveaux vaisseaux. Ils accroissent le métabolisme cellulaire. Ils augmentent le nombre de cellules souches circulant dans le cerveau. Ils réactivent les cellules réparatrices ainsi que les mécanismes de réparation cellulaire. »

Cette étude se voulait une réponse à une étude commandée par le gouvernement du Québec et publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, en février 2001. Son auteur, le Dr Jean-Paul Collet, de l’Hôpital Général Juif de Montréal, avait conclu que les améliorations observées chez des enfants atteints de paralysie cérébrale, ayant reçu 100 % d’oxygène à 1,75 ATA, étaient les mêmes que celles d’un groupe dit « placebo » recevant de l’air (donc 21 % d’oxygène) à 1,3 ATA, pression qui selon le Dr Collet serait sans effet, rapportait alors l’Agence Science Presse. Le Dr Marois conteste cette interprétation reprise par le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) qui répète depuis des années cette affirmation qu’il qualifie de désinformation. En effet, il rappelle que les sacs Gamow, qui appliquent une pression de 1,3 ATA pour traiter les grimpeurs malades en haute altitude, sauvent des vies chaque année. Une étude de Collet et al. a d’ailleurs mesuré et attesté les bienfaits d’une petite augmentation de pression, même sans ajout d’oxygène supplémentaire.

Comme le Dr Marois l’affirmait en 2002 dans le cadre du Congrès international sur la médecine hyperbare, tenu à San Francisco [notre traduction] : « L’oxygénothérapie hyperbare à 1,3 ATA [atmosphère ou bar] n’est en aucun cas un traitement placebo, les effets de l’augmentation de la pression augmente également la quantité d’oxygène dissous dans le tissu corporel de plus de 50 %. Il y a de plus en plus de preuves qui démontrent que le traitement hyperbare à basse pression induit des changements permanents dans un cerveau endommagé. Les études du Dr Heuser à U.C.L.A. et des expériences avec des milliers de cas en Russie, ainsi que certaines études chez l’homme et le rat, suggèrent que l’OHB même à une pression aussi faible que 1,1 ATA est efficace pour améliorer les compétences fonctionnelles et l’imagerie par balayage SPECT. »

Ce même Dr Gunnar Heuser, toxicologue clinique diplômé en médecine interne de l’Université McGill, fut un étudiant de l’expert du stress Hans Selye. Le Dr Heuser utilise notamment l’OHB pour traiter l’hypersensibilité électromagnétique en délogeant les métaux lourds comme le plomb, le mercure, l’arsenic et l’aluminium. « Les métaux lourds aiment se cacher dans le cerveau où ils interfèrent avec la transmission neuronale, rappelle Hugues Pascis. Or, l’augmentation en oxygène dans les tissus génère une détoxication accrue des métaux lourds, ce qui est essentiel au bon fonctionnement de toutes les cellules qui composent les tissus corporels. » Il explique une des raisons pourquoi les micro-ondes émises par les antennes et appareils sans fil sont si nocives : « Elles produisent de la chaleur, ce qui freine l’élan des molécules qui tournent normalement dans le sens des aiguilles d’une montre. Elles les font tourner en sens inverse. »

Michèle Beaudin, qui est électrosensible, a suivi cinq traitements avec M. Pascis, à Saint-Jérôme. « Dans la machine, ça m’a enlevé la pression que j’avais au niveau de la tête, ça oxygénait mes cellules. Mais quand j’en sortais, ça revenait. Il aurait fallu que je fasse beaucoup plus de traitements pour sentir les bienfaits à long terme. » Elle insiste sur le fait que le premier traitement de l’électrosensibilité consiste à réduire son exposition aux champs électromagnétiques. « La chambre hyperbare aide sur le coup, mais quand tu en sors, tu sens les ondes. Il y a trop de Wi-Fi partout et les tours [de téléphonie cellulaires] sont trop fortes. On n’a pas d’aide du gouvernement, au Québec. »

Thérapie très répandue en Russie et en Asie

Hugues Pascis souligne qu’en Europe de l’Est et en Asie, les médecins utilisent couramment l’oxygène pressurisé pour traiter une foule de petits et grands maux. Il y a 4.000 chambres hyperbares dans les hôpitaux chinois, selon le Dr Marois, qui déplore que ce traitement ne soit pas enseigné aux médecins qui le trouvent « presque ésotérique ». « L’étude du Dr Marois a démontré que ses résultats dépassent ceux de 90 % des médicaments approuvés. Les chirurgies n’ont besoin que de 10 % d’efficacité pour être approuvées par la FDA [Food and Drug Administration américaine] et Santé Canada. »

Hugues Pascis ajoute que des médecins russes et roumains lui ont dit soigner les athlètes olympiques avec l’OHB basse pression. « Environ 80 % des gens sont désoxygénés et déshydratés. Sous oxygène pressurisé, les fractures guérissent typiquement en 7 à 10 jours au lieu de 30 et la peau brûlée récupère en 21 jours. Et si on est mieux oxygéné, un médicament va mieux faire son effet. Chaque personne est un cas d’espèce, mais beaucoup de gens atteints de fatigue chronique et de fibromyalgie sont passés par chez nous. Après 10 à 20 “ plongées ” de 90 minutes, ils disent “ Oh mon dieu! ” Chez les sportifs, le pipi éliminé après une séance est plus jaune et plus opaque. Mon petit-fils de 24 ans a réglé sa dyslexie en 15 séances. Ça sort les toxines par les émonctoires. Un scanner peut montrer à la seconde près ce qui se passe dans le cerveau. Une femme qui fait du yoga et qui était assise dans la tente en lotus disait voir des couleurs en transcendant. On voit se passer des choses que vous n’avez jamais vues. »

 

Un article cosigné en 2005 par le médecin américain Richard Neubauer, pionnier de l’OHB, traitait des dysfonctions cognitives postopératoires (DCP) en rapport avec la médecine hyperbare. Il affirme : « La Dre Natalia Kazantseva, chef de l’Agence spatiale russe et consultante en médecine hyperbare en Russie, a déclaré qu’elle n’était pas au courant des DCP. Il y a des années, le Dr Sergie Efouni a établi environ 1.000 centres hyperbares qui traitent couramment les patients âgés gravement malades en phases préopératoire et postopératoire. Selon le Dr Rafael Castellanos, qui a la charge de 33 centres hyperbares à Cuba et qui a été formé par les Russes, les personnes âgées et même les plus jeunes sur le point de subir une chirurgie étendue sont prétraitées avec oxygénation hyperbare. À Taiwan, les patients à risque sont également traités en postopératoire, a déclaré le Dr Alan Ko Chi Niu. En Chine, de nombreuses interventions chirurgicales, en particulier la chirurgie à cœur ouvert, sont faites dans une chambre hyperbare. Le Dr Lianbi Xue, ancien président de la Chinese Hyperbaric Society, affirme que les DCP n’existent pas en Chine et que diverses autres complications chirurgicales graves à long terme ont été réduites significativement. »

Risques et précautions

Par ailleurs, Dr Marois déboulonne la théorie selon laquelle la thérapie hyperbare créerait un stress oxydatif car l’apport d’oxygène aux mitochondries (génératrices d’énergie dans les cellules du corps) produit des radicaux libres qu’il faudrait combattre en prenant des anti-oxydants ou des acides aminés. « Théoriquement, l’hyperbare à haute pression avec 100% d’oxygène peut augmenter les radicaux libres. Toutefois dans la réalité ce n’est pas ce qui se passe et à basse pression ce n’est pas à considérer, même sur le plan théorique. En fait, la chambre hyperbare est reconnue pour aider à éliminer les radicaux libres. On ne recommande la prise d’aucun médicaments ou produit anti-oxydants et encore moins d’acides aminés qui n’ont été utilisés que pendant une très courte de temps en Angleterre. On ne les jamais utilisés ici dans toutes nos recherches et traitements et tous nos protocoles ont été révisés par les comités scientifiques et éthiques. » D’ailleurs, la biologiste québécoise Maria Acosta, spécialiste de l’autisme et webmestre du site Basses-Laurentides Refuse, a transmis une étude sur le traitement hyperbare chez les autistes, publiée en 2012, étude confirmant que l’OHB augmente la production de protéines et enzymes, dont le glutathion peroxydase, protégeant contre les dommages causés par les radicaux libres. Mme Acosta confirme par ailleurs ce que Nathalie Champoux affirme au début de ce dossier : « Avant de commencer n’importe quelle thérapie, la première chose à faire est débloquer (en ostéopathie) et ensuite normaliser la flore intestinale, autrement les suppléments ne sont pas absorbés et les parasites se développent davantage. Il ne faut pas oublier que le rôle premier des “ parasites ” est de nous protéger : en premier lieu ils se nourrissent de nos déchets et ils absorbent les métaux lourds, et à notre mort ils décomposent notre corps. Ils sont nos alliés, s’ils sont gardés en nombre réduit. Les tuer avant d’avoir des mouvements intestinaux normaux va simplement relâcher le mercure qui va se déposer dans le cerveau et autres tissus. »

Dr Marois ajoute que l’on peut utiliser des appareils électriques ou électroniques dans les chambres portables basse pression. « C’est vrai qu’il faut s’abstenir de les utiliser dans les chambres pressurisées avec de l’oxygène [à 100 %], ce qu’on voit seulement dans les hôpitaux ou cliniques, mais dans les chambres portables il n’y a pas de danger car le taux d’oxygène est entre 21 et 28% selon qu’on utilise un concentrateur ou non. C’est la pression qui fait maintenant tout le travail. Il y a même des prises de courant dans les chambres portables aujourd’hui. »

Mais encore faut-il savoir utiliser la valve de pressurisation de la chambre hyperbare correctement. « Beaucoup de gens l’installent n’importe comment et certains empirent même leur situation, dit Hugues Pascis. Il faut prendre au moins dix minutes pour “ plonger ”, pour donner le temps aux molécules d’oxygène de rapetisser et ne pas pénétrer trop grosses dans le corps sous l’effet de la pression, et au moins 12 à 14 minutes pour remonter. Sinon, c’est comme si on ouvre une bouteille de champagne trop vite. Le liquide prend trop d’expansion au contact de l’air. »

Ce que confirme Claudine Lanoix qui a fondé le Centre hyperbare de l’île, à Pincourt, avec son mari Thomas Fox en 2004. Seule clinique privée en son genre au Québec, elle utilise des caissons rigides dont la pression varie entre 1,75 et 2,5 bar. Elle affirme que plusieurs personnes qui ont acheté ou loué un caisson souple de certains fournisseurs l’appellent pour de l’aide. « Les gens qui les utilisent à la maison ne sont pas toujours bien informés. Certaines personnes passent trop de temps dans la chambre hyperbare. Trop d’une bonne chose n’est pas bon », dit-elle en rappelant que l’oxygène est un oxydant qui génère des radicaux libres qui sont nécessaires mais pas en trop grande quantité. La principale plainte concerne les barotraumatismes. « Ils ont des blessures aux oreilles. Ils ont monté la pression trop rapidement et se sont blessé les oreilles. Si les gens sont congestionnés, il faut y aller doucement et leur montrer à déboucher leurs oreilles », en pinçant leurs narines et en soufflant.

Selon l’école de médecine Johns Hopkins, les complications (dommages pulmonaires, liquide ou rupture de la membrane du tympan, dommages aux sinus et myopie ou presbytie, empoisonnement à l’oxygène pouvant causer la formation de liquide ou une insuffisance pulmonaire) sont rares et généralement temporaires. « Les effets secondaires sont généralement mineurs aussi longtemps que la thérapie ne dure pas plus de deux heures et que la pression dans la chambre est moins de trois fois la pression normale dans l’atmosphère. La thérapie d’oxygène hyperbarique n’est pas sûre pour tous. En général, vous ne devriez pas la recevoir si vous avez certains types de maladies pulmonaires, à cause du risque d’affaissement pulmonaire, si vous avez un poumon affaissé, avez un rhume ou de la fièvre, avez récemment subi une chirurgie ou une blessure à l’oreille et n’aimez pas les petits espaces clos. »

Claudine Lanoix et Thomas Fox ont découvert cette thérapie en 1997 en cherchant à soigner ses deux fils atteints de paralysie cérébrale. Comme il n’existait alors aucune clinique hyperbare au Canada, ils ont suivi leurs traitements en Écosse, en 1998. « Nos enfants furent les premiers au Canada traités pour des blessures neurologiques avec l’OHB, raconte Mme Lanoix. L’un d’eux a alors commencé à marcher et l’autre a commencé à parler et à se redresser dans son fauteuil roulant. »

Formée en OBH à l’Université McGill et avec les sommités internationales dont le Dr Neubauer, Philip James et Paul Harch, elle avoue ne pas être familière avec les chambres hyperbares à basse pression. Elle explique que la haute pression – à partir de 1,75 bar – réduit la spasticité et est particulièrement indiquée pour les plaies parce qu’elle détruit plus efficacement les bactéries. « Les études sur les blessures sportives et les plaies utilisaient une pression de 2 à 2,5 ATA et 100 % d’oxygène car la pression supérieure le pousse plus profondément dans les tissus. Mais il y a indéniablement de la place pour les deux types de chambres. Tout le monde devrait avoir accès à cette thérapie en centre de réadaptation. C’est vraiment triste que le gouvernement ne l’offre pas gratuitement. C’est simple, pas douloureux et sans contrindication. »

 

Dans sa clinique, les traitements durent en général 60 minutes (une fois la pression désirée atteinte). Ils coûtent 122 $ pour les enfants et 130 $ pour les adultes. « Il faut 45 minutes pour saturer le corps complètement d’oxygène. Il a alors absorbé autant d’O2 qu’il peut prendre. Les traitements de 90 minutes sont plus appropriés aux blessures diabétiques. »

Hugues Pascis raconte une conférence donnée en Floride au début du 21 e siècle par Natalia Kazantseva, l’une des sommités en matière d’OBH. « Elle expliquait qu’à l’Université de Moscou, ils traitaient toutes les maladies neurologiques à 1,2 ATA. Elle a fait très peur aux gens de la FDA [Food and Drug Administration, l’agence fédérale américaine qui régit les aliments et les médicaments]. Ils ne sont là que pour protéger l’industrie pharmaceutique. C’est pourquoi aux États-Unis, il faut une prescription médicale pour acheter une chambre hyperbare portative. »

Pour la femme d’Hugues Pascis, Suzanne Gouin, ce sont les témoignages de parents d’enfants autistes clients qui sont les plus éloquents. Le premier effet est de calmer ces enfants souvent hyperactifs… ainsi que leurs parents épuisés ! « Un enfant autiste de 2,5 ans, qui pleurait sans cesse la nuit, est rapidement tombé endormi. Ses parents disaient que c’était la première fois de sa vie qu’il dormait. Ils n’y croyaient pas, tellement qu’ils pensaient qu’il était mort ! Au Cosmodôme, au Salon de l’autisme, une maman nous a dit que son fils de 14-15 ans s’était mis à courir avec son mari après des séances d’hyperbare. Il s’est mis à aimer ça au point où il a participé à des olympiades. Sa mère disait que c’était comme si un tarot avait bougé dans son cerveau. J’ai toujours des frissons en contant ça ! ».
 
 
 

yogaesoteric

23 mai 2019

Leave A Reply

Your email address will not be published.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More