Macron n’abandonne pas l’idée d’obliger les plateformes de médias sociaux à collecter les identités des utilisateurs
À environ deux semaines du nouveau scrutin présidentiel français, le président sortant Emanuel Macron a rouvert le débat sur la fin de l’anonymat en ligne. Le président est ouvert à l’idée de démanteler les plateformes étrangères si elles n’obligent pas les utilisateurs à vérifier leur identité avant de pouvoir publier.
« Dans une société démocratique, il ne devrait pas y avoir d’anonymat. On ne peut pas se promener dans la rue avec une capuche. Sur Internet, les gens se permettent, parce qu’ils sont encapuchonnés derrière un pseudonyme, de dire les pires abjections », a déclaré Macron au Point en mai.
Macron a commencé sa campagne contre l’anonymat en ligne en janvier 2019, affirmant qu’il était temps d’aller « vers une levée progressive de toutes les formes d’anonymat. »
Dans l’interview, Macron a attaqué les plateformes américaines des Big Tech, affirmant qu’elles « viennent utiliser nos libertés anciennes ou post-révolutionnaires pour les détourner de leur essence. »
« Nous devons créer un ordre public, comme dans la rue. Ce n’est pas l’état de nature », a-t-il déclaré. « Sur les réseaux sociaux, on peut tuer des réputations, diffuser de fausses nouvelles, pousser les gens au suicide. »
Macron espère que la loi sur les marchés numériques et la loi sur les services numériques seront une solution au « problème » que constituent l’anonymat en ligne et les pratiques antitrust des Big Tech.
Un autre moyen proposé pour freiner la liberté d’expression est que l’Europe développe des alternatives aux plateformes basées aux États-Unis. Mais il a reconnu que cela « prendrait du temps et représenterait un énorme investissement. »
« Assurer notre souveraineté dans les domaines des plateformes, des applications mobiles, des métavers, du cloud et de la cybersécurité nous prendra dix ans », a-t-il expliqué.
S’il n’est « pas trop tard » pour que l’Europe rattrape les Big Tech américaines, « nous ne devons pas exclure un démantèlement si cela s’avère nécessaire. »
Cependant, Cédric O, le secrétaire d’État au numérique de Macron, n’est pas tout à fait d’accord avec la suppression de l’anonymat en ligne. En 2020, à la suite du meurtre de Samuel Paty, il a publié un article affirmant que « la question de l’anonymat en ligne est un très mauvais combat », ajoutant que les utilisateurs en ligne ne sont « pas anonymes, juste pseudonymes. »
O a noté que les organismes d’application de la loi et les tribunaux ont des moyens d’identifier les utilisateurs de médias sociaux, car les entreprises technologiques disposent de données sur les utilisateurs, comme les adresses IP, les numéros de téléphone et même les noms.
« Une exigence d’identification serait non seulement facilement contournable, mais aussi très incertaine sur le plan juridique », écrivait O à l’époque.
yogaesoteric
8 juillet 2022