Microbiote: et si l’avenir de la médecine se trouvait dans l’intestin ?

Graphique sur le microbiote, ou flore intestinale, ensemble de bactéries vivant dans l’intestin.

Des micro-organismes présents le tube digestif peuvent-ils soigner ? Le microbiote intestinal a été au coeur d’un colloque à Paris, qui a mis en lumière ce domaine de la médecine en plein essor et tentera d’harmoniser les recherches au niveau international. 

Le microbiote, ou flore intestinale, désigne l’ensemble des bactéries, virus et champignons non pathogènes (qui ne sont pas responsables d’infections) qui peuplent le côlon et l’intestin.

Les découvertes récentes sur ce « micro-monde » niché dans le ventre ouvrent des perspectives pour mieux comprendre voire guérir des maladies aussi diverses que le diabète, l’obésité, les maladies inflammatoires de l’intestin, certains cancers voire l’autisme. 

« Les pistes d’application sont considérables. (…) C’est un sujet d’importance capitale » pour l’avenir de la médecine, souligne Patrice Debré, professeur d’immunologie à l’Université Pierre et Marie Curie, à Paris. 

Pour le moment, on reste toutefois largement dans le domaine du « potentiel », car on manque de « preuves directes » du lien entre microbiote et maladies, ou de l’efficacité des traitements envisagés, explique à l’AFP l’auteur de « L’Homme microbiotique ». 

« On commence à connaître les mécanismes du microbiote, à avoir des éléments de preuve sur des cas de patients. Maintenant il faut, pour pouvoir passer à l’étape d’enregistrement d’un médicament, répondre aux exigences réglementaires » : justifier du bénéfice apporté sur les symptômes et la maladie, et du moindre risque pour les patients, reconnaît David Salako, co-directeur du développement de la start-up lyonnaise Maat Pharma. 

Les progrès des techniques de séquençage génétique ont permis d’améliorer la connaissance de cet écosystème miniature. Chaque être humain héberge 100.000 milliards de bactéries dans son système digestif, d’environ 160 espèces, qui pèsent 1 à 2 kilos au total. Si certaines sont communes à un grand nombre de personnes, d’autres sont propres à chaque individu, ce qui fait de cet écosystème une carte d’identité unique, comme le patrimoine génétique ou les empreintes digitales. 

Transfert fécal 

Les chercheurs considèrent qu’il s’agit d’un « organe » à part entière, car il a été établi qu’il joue un rôle dans les fonctions digestive, métabolique, neurologique et immunitaire. Ainsi, pour le système immunitaire, « les bons microbes apprennent à nos défenses à lutter contre les mauvais », résume le Pr Debré, membre du comité scientifique du colloque. 

Les déséquilibres de ce microbiote, liés à l’alimentation, à certaines mutations génétiques ou à des traitements (antibiotiques, chimiothérapies), peuvent donc affaiblir les défenses et contribuer au développement de maladies chroniques. 

Ils pourraient aussi être à l’origine de certains cancers digestifs, une population de bactéries dérégulée favorisant l’inflammation et la transformation des cellules de la paroi du côlon en cellules cancéreuses. 

Plusieurs projets de recherche tentent d’établir une « cartographie » du microbiote, pour identifier les populations de bactéries qui prédisposent à certaines maladies. Et pour modifier la composition d’un microbiote déséquilibré, plusieurs pistes thérapeutiques sont explorées : l’alimentation, des antibiotiques ciblant les bactéries néfastes, ou l’implantation d’une souche de bactérie bénéfique (probiotique). 

Les probiotiques sont de plus en plus souvent déclinés en compléments alimentaires, censés agir sur les bactéries intestinales, mais leur efficacité fait débat. 

Autre piste spectaculaire : le transfert fécal, qui consiste à introduire dans le tube digestif d’un patient une suspension bactérienne préparée à partir des selles d’un individu sain, ou du donneur lui-même avant qu’il reçoive un traitement tel qu’une chimiothérapie. Cette dernière méthode a déjà prouvé son efficacité pour traiter les diarrhées récidivantes causées par la bactérie Clostridium difficile. Elle est en cours de développement pour d’autres indications : Maat Pharma a achevé en juin le recrutement pour un essai clinique cherchant à vérifier son efficacité à reconstituer le microbiote de patients traités pour un type de leucémie. 

Pour que ce champ de recherche qui suscite un « engouement exceptionnel » tienne toutes ses promesses, les experts européens, américains et chinois ont tenté pendant un colloque « d’harmoniser les procédures de recherche et les cadres réglementaires ».

« Il faut s’accorder sur des normes et des critères d’efficacité », explique Patrice Debré. C’est à cette condition que les résultats obtenus par les équipes d’un pays pourront être vérifiés par d’autres, et qu’un consensus pourra émerger sur ce que le microbiote permet ou pas. 





yogaesoteric

3 février 2018

 

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