Nombreux orphelins ont trouvé refuge grâce à cet homme avec une grande âme

Abdul Sattar Edhi, était révéré dans son pays pour son dévouement au service des plus démunis, qui l’avait amené à créer un empire caritatif comprenant moult ambulances, orphelinats et centres de soins.

 

Cet ascète peu éduqué, dont la valeur principale était « l’humanitarisme », avait plusieurs fois été proposé pour le prix Nobel de la paix. Né en Inde britannique dans une famille de petits commerçants musulmans, il était arrivé au Pakistan lors de sa création en 1947. « Il pensait trouver dans cette nouvelle nation musulmane un Etat-providence, mais c’était tout sauf cela », expliquait à l’AFP son fils cadet, Faisal.

Animé par une quête spirituelle de justice, Edhi s’était attelé à combler la faillite de l’Etat dans le domaine social, créant à Karachi en 1951 son premier dispensaire sur ses deniers personnels. Convaincu que tout homme mérite d’avoir accès à des soins, quelles que soient sa religion ou son ethnie, il avait affronté d’abord l’hostilité des chefs féodaux de sa propre communauté, les Memons, et celle de groupes intégristes tentant de lui faire concurrence.

Au fil des ans, il avait ouvert dans tout le pays des maternités, morgues, orphelinats, asiles, maisons de retraite, et surtout une flotte de 1.500 ambulances réputée pour son efficacité sur les lieux d’attentats et devenue le symbole de la Fondation Edhi. Son épouse Bilquis gère à l’heure actuelle les foyers pour femmes et enfants. Le couple, qui a élevé cinq enfants, a aussi servi de parents de substitution à des centaines d’orphelins. Les lieux d’accueils sont spartiates, et leur gestion très conservatrice, mais pour beaucoup de Pakistanais, ils représentent la seule planche de salut en cas d’accident de la vie.

Enfants ou personnes âgées abandonnés, femmes battues, handicapés, drogués, 5.700 personnes vivent actuellement dans les 17 foyers de la fondation Edhi. Malgré sa notoriété, Edhi continuait à vivre très simplement. Il avait refusé d’être soigné à l’étranger, préférant un hôpital gouvernemental alors que les dirigeants pakistanais se rendent régulièrement en Occident pour y être opérés.

« Il y a eu peu d’hommes qui aient fait autant de bien qu’Abdul Sattar Edhi, a dit le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif. Malgré tous ses succès, il est toujours demeuré humble, vivant une vie simple dans une petite maison à peine assez grande pour contenir son gigantesque cœur ».

Abdul Sattar Edhi, la charité sans frontières, exemple pour l’humanité

« Abdul Sattar Edhi a montré le visage humain du Pakistan. Il s’agissait d’un musulman qui a dédié toute sa vie à la charité et au prochain, sans aucune discrimination. Il a fait du bien également à de nombreux catholiques. Il nous a enseigné que la charité n’a ni frontière ni barrière, au nom de l’humanité de chacun de nous ». C’est ce que déclare à l’Agence Fides le Père Emmanuel Parvez, Curé à Pansara, petite ville sise à 25 Km de Faisalabad, faisant mémoire du philanthrope qui, au Pakistan, a été comparé à la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta. Il s’agit d’un « héros national » du Pakistan, engagé dans l’assistance humanitaire sans aucune discrimination, créateur de l’une des plus grandes fondations privées d’assistance sociale du pays.

« Abdul Sattar Edhi a été un exemple et un bien pour la nation et ses services rendus à l’humanité ont été une pure manifestation de l’amour de Dieu. » indique une note de la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale du Pakistan, signée par le Directeur national, le Père Emmanuel Yousaf Mani, et par le Directeur exécutif, Cecil Chaudhry. Abdul Sattar Edhi « a travaillé sans relâche en faveur des pauvres et des communautés marginalisées ». Les services d’ambulance garantis sur l’ensemble du territoire national par la Fondation Edhi sont les plus efficients du pays « et continuent à contribuer au bien commun dans les moments de besoin, en particulier au cours des attaques terroristes et des catastrophes naturelles ». La Commission épiscopale Justice et Paix offre à la Fondation Edhi « toute l’assistance nécessaire pour effectuer son noble travail pour l’humanité ».

Durant plus de six décennies, il a dormi et pris ses repas aux côtés des pauvres et des destitués dont il s’occupait et auxquels il a donné généreusement.

En tant que musulman dévoué, Edhi fournissait une assistance sociale gratuite à des millions de personnes au Pakistan, à travers un réseau de restos du cœur, de maisons de retraite, d’orphelinats, de banques du sang, de cliniques et de refuges pour femmes à travers le pays.

Il a fréquemment défié les mœurs sociales.

Au Pakistan, par exemple, le fait d’avoir un enfant hors des liens du mariage reste un tabou. Cela n’a pas empêché Edhi de recueillir des dizaines de milliers d’enfants abandonnés, en installant des berceaux devant les bureaux de sa fondation aux quatre coins du pays et en exhortant les gens de « ne pas tuer » les bébés et de les leur confier.

Le 8 juillet 2016, Edhi a succombé à une insuffisance rénale. Sa famille s’est jurée de poursuivre son travail et a lancé un appel pour que les dons continuent d’affluer en sa mémoire. Pour ses successeurs, son héritage ne sera pas facile à assumer.

Né le 1er janvier 1928 et ayant ouvert sa première clinique en 1951, Edhi n’a pas tardé à être surnommé « Le petit père des pauvres ». Son nom est devenu synonyme de philanthropie envers les plus déshérités des 182 millions d’habitants du Pakistan.

Pour Aijaz Ahmed, ancien directeur du Pakistan Institute of Labour Education and Research (PILER), l’homme qui a parfois été surnommé « la Mère Theresa du Pakistan » resterait pour toujours gravé dans la mémoire pour ses innombrables actes de bienfaisance, dont l’un des plus louables a été le traitement qu’il réservait aux enfants abandonnés. « Il est parvenu à faire fonctionner le plus grand orphelinat [du Pakistan] où des enfants non désirés ont été élevés à l’abri de tout préjudice, de toute haine ou de tout mépris. Edhi a même été jusqu’à leur donner son propre nom se considérant comme leur père. »

Edhi est considéré un héro national dans la vie comme dans la mort. Le gouvernement lui a rendu hommage avec une salve d’honneur de 19 coups de canon, dans le cadre de funérailles d’État organisés dans le stade de cricket national à Karachi, le 9 juillet 2016. La State Bank du Pakistan a aussi émis une pièce commémorative en son nom.
 
 
 
 

yogaesoteric

17 janvier 2019

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