Océan Antarctique : Greenpeace détecte de la pollution plastique et des produits chimiques dangereux
L’analyse en laboratoire d’échantillons d’eau et de neige collectés pendant une expédition de Greenpeace en Antarctique a révélé la présence de microplastiques* et de produits chimiques persistants dans une majorité des prélèvements testés.
Il existe relativement peu de données sur la présence de microplastiques dans les eaux de l’Antarctique et cette analyse fournit de nouvelles informations précieuses sur la présence et la nature de la contamination dans cette région.
« On pourrait penser que l’Antarctique est un espace lointain et préservé, déclare Hélène Bourges, responsable de la campagne Océans pour Greenpeace France. Mais entre la pollution, les impacts des changements climatiques et la pêche industrielle au krill, l’empreinte de l’être humain est très visible.
Ces résultats montrent que mêmes les zones les plus reculées en Antarctique sont contaminées avec des déchets de microplastiques et des produits chimiques persistants dangereux. »
Les résultats de l’analyse
Sur huit échantillons d’eau de mer de surface analysés, sept contenaient des microplastiques tels que des microfibres (au moins un élément de microplastique par litre testé). De plus, neuf autres échantillons ont été prélevés en utilisant un filet conçu spécialement pour les prélèvements de surface et des fragments de microplastiques ont été détectés dans deux d’entre eux.
Sept des neuf échantillons de neige testés contenaient des concentrations détectables de produits chimiques persistants tels que des alkyls perfluorés ou polyfluorés. Ces produits chimiques sont utilisés largement dans le cadre de nombreux procédés industriels et dans des produits de consommation. Il a été démontré qu’ils sont responsables de troubles des fonctions reproductives et du développement chez les animaux sauvages. Les échantillons de neige collectés incluent de la neige fraîchement tombée, ce qui suggère que les produits chimiques dangereux ont été déposés depuis l’atmosphère. Lire le rapport de Greenpeace International en anglais.
« Du plastique a été trouvé aux quatre coins du globe, de l’Arctique à l’Antarctique et même jusque dans la fosse des Mariannes, l’endroit le plus profond de l’océan, poursuit Hélène Bourges. Nous devons agir à la source afin de réduire le flot de ces polluants qui se déversent dans nos océans. Et nous avons également besoin de vastes sanctuaires marins dans tous les océans, à commencer par l’océan Antarctique. Ce sanctuaire serait un refuge pour de nombreuses espèces telles que les manchots, les phoques et les baleines. »
Une campagne pour créer la plus grande surface protégée de la planète
Les échantillons ont été recueillis pendant une expédition de trois mois menée par Greenpeace en Antarctique entre janvier et mars 2018. L’organisation environnementale a conduit des recherches scientifiques notamment grâce aux plongées d’exploration du plancher océanique.
Cette expédition s’inscrit dans le cadre d’une campagne mondiale de Greenpeace pour obtenir la création d’un sanctuaire marin en Antarctique d’une superficie de 1,8 million de km2, soit cinq fois la taille de l’Allemagne. Une pétition en faveur de ce sanctuaire a déjà récolté 1,7 million de signatures.
Il s’agirait de la plus grande surface protégée de la planète. Cette proposition est portée par l’Union européenne au sein de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR).
* : Les microplastiques sont des fragments de plastiques d’un diamètre inférieur à 5 millimètres. Les microplastiques dits primaires, tels que les microbilles de plastiques par exemple, sont directement fabriqués par l’être humain. Les microplastiques dits secondaires proviennent d’objets en plastique plus grands (bouteilles, sacs…) qui se désagrègent au fil du temps. Les fibres de microplastiques peuvent quant à elles provenir d’habits et de pièces de tissu variées.
Des photos et vidéos du prélèvement d’échantillons par Greenpeace en Antarctique sont disponibles en suivant ce lien.
yogaesoteric
29 mars 2019
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