Pourquoi Dieu ne disparaîtra jamais (3)


Lisez la deuxième partie de cet article

Psychologie, physiologie, social : au final, on a donc toutes les raisons du monde d’avoir la foi. Un signe de plus que la croyance en Dieu n’est pas prête de disparaître. Car une chose est sûre : comme le résume très bien le neurobiologiste Andrew Newberg, directeur de la clinique de médecine nucléaire de l’université de Pennsylvanie, aux Etats-Unis, et spécialiste de la cognition religieuse, « l’anxiété que l’être humain éprouve face à la mort existera toujours et comme la foi permet de réduire efficacement cette anxiété, Dieu ne disparaîtra donc pas ! ».

Un effet également sur la santé des sociétés ?

Si la religion a un effet bénéfique sur la santé des individus, en-a-t-elle également un sur celle des sociétés ? Ici, la réponse est plus mitigée. Car si le protestantisme et le bouddhiste semblent effectivement favoriser la prospérité des nations (une grande partie de l’Asie de l’Est, actuellement en pleine explosion économique, est bouddhiste), la religion catholique et l’islam semblent, à l’inverse, beaucoup moins opérantes. C’est en tout cas ce que montre une étude menée par l’économiste Luigi Zingales (université de Chicago, Etats-Unis) sur un panel de 100.000 personnes, issues de 54 pays. Le chercheur a mesuré chez chaque individu l’intensité des attitudes individuelles jugées par les économistes comme les plus favorables à la réussite d’un pays, telles que l’acceptation des inégalités, l’attitude face à la compétition ou encore la confiance placée dans le gouvernement. Puis, il a corrélé ces données avec la religion de chaque sujet. Résultat : bouddhistes et protestants sont moins réfractaires à la compétition et aux inégalités sociales que les catholiques et les musulmans. Des résultats qu’il faut cependant nuancer, puisque pour la confiance placée dans le gouvernement, un facteur également jugé comme essentiel, ce sont les catholiques et les musulmans qui font montre du degré de confiance le plus élevé.

Efficace contre la maladie d’Alzheimer

La pratique religieuse pourrait-elle ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer ? Si une telle affirmation peut sembler incongrue, c’est pourtant ce que suggère une étude dirigée en 2004 par le neurologue Yakir Kaufman, de l’hôpital Sarah-Herzog-Memorial (Jérusalem). En effet, en soumettant 68 malades âgés de 49 à 94 ans à un questionnaire destiné à évaluer l’intensité de leur pratique religieuse, les chercheurs ont découvert que les sujets les plus religieux connaissaient une progression de la maladie plus lente. Si, jusqu’à présent, aucune explication n’a pu être apportée à ce résultat surprenant, les chercheurs espèrent toutefois que de nouvelles recherches permettront d’apporter quelques premières réponses. En attendant, force est de constater que la foi semble être un médicament aux applications pour le moins variées…

III – L’irrésistible ascension de Dieu depuis les origines

Le sentiment religieux n’est pas prêt de s’éteindre : depuis trois millions d’années, il ne cesse de gagner du terrain. Pour toucher aujourd’hui 85 % de la population mondiale.

La croyance est antérieure à l’homme, la religion précède l’invention des dieux – ou la révélation de l’existence divine. Ainsi pourrait-on résumer, en simplifiant à l’extrême, l’interprétation que font les paléoanthropologues des vestiges laissés par les hominidés depuis trois millions d’années. Des reliques souvent délicates à interpréter sans connaître les codes utilisés par leurs créateurs. Quelle valeur symbolique accorder au geste de cet australopithèque qui, il y a trois millions d’années, a ramassé un galet doté par la nature d’aspérités évoquant un visage humain ? Une action non-utilitaire accomplie bien avant l’apparition de l’homme moderne, vers – 160.000 ans, et qui va au-delà de la simple manifestation d’une émotion esthétique. En adoptant cette sorte de « talisman », l’hominidé lui confère une dimension symbolique, presque sacrée. Il commence à se construire une image mentale de lui-même, donc du réel. Mais c’est bien plus tard, vers 100.000 ans, que ses descendants, Homo sapiens et Homo neanderthalensis manifestent des préoccupations spirituelles. C’est en effet l’âge des plus anciennes sépultures, mises au jour à Skhul et à Qafzeh, en Israël.

Une nouvelle étape sera franchie avec l’extraordinaire explosion de la peinture rupestre, à partir de – 33.000 ans. Un art nullement profane qui pourrait s’expliquer par la pratique du chamanisme, l’entrée en communication avec le surnaturel. Les premières divinités, la déesse mère et le dieu taureau, font leur apparition plus tard, au début du néolithique, vers – 10.000 ans, au Proche-Orient. Les premiers lieux de culte, que l’adoption de la sédentarisation autorise, datent de – 8500 ans. Dieu est dans la place.

L’éveil à la spiritualité

Il y a 350.000 ans, un biface d’ornement a été disposé près de la dépouille d’Homo heidelgergensis, à Atapuerca, en Espagne, 100.000 ans plus tard, un ancêtre de Neandertal a accentué les traits d’une silhouette humaine façonnée par l’érosion et retrouvée en Israël, et l’a probablement portée en pendentif. L’inhumation des morts, à partir de – 100.000 ans, par Neandertal et sapiens et la présence de mobilier funéraire témoignent d’une croyance en un au-delà, qui s’exprime au travers de rites et de cérémonies. C’est la définition même de la religion.

La communication avec les esprits

L’art rupestre, apparu vers – 33.000 ans, ne décrit pas l’environnement et le quotidien des Homo sapiens, mais reproduit une sélection d’animaux et de symboles complexes. Des paléontologues pensent que certains de ces signes (zigzags, courbes) représentent des phases de la transe des chamans qui communiquaient avec les esprits. Cet art n’a probablement pu s’exprimer dans toute l’Europe durant plusieurs milliers d’années que grâce à un système de transmission incluant des rites et la représentation d’un autre monde, autrement dit d’une religion.

La vénération des dieux

Les Vénus préhistoriques, statuettes féminines aux formes arrondies, ne seraient pas des déesses. Les premiers dieux identifiés avec certitude ne s’imposent qu’au début du Néolithique, à partir de – 10.000 ans, au Proche-Orient. Les premiers lieux de culte, eux, datent de – 8500 ans. Ces temples prendront parfois des dimensions monumentales ou spectaculaires, comme à Goseck, en Allemagne, vers – 7000 ans, et à Stonehenge en Angleterre, à partir de – 3000 ans.

L’explosion des religions

85 % de la population mondiale pratique une religion. Avec 35 %, le christianisme rassemble le plus de fidèles, suivi par l’islam, avec 20 %. Le judaïsme vient en 9e position avec 1 %. Selon l’anthropologue Scott Atran, le nombre de croyants dans le monde ainsi que la force de leur engagement augmentent.

(à suivre)

yogaesoteric
9 novembre 2019

 

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