Qi
La signification littérale du terme chinois qi est “souffle”, “gaz” ou “éther”. Dans les ouvrages traditionnels le terme n’a jamais été défini clairement, les initiés taoïstes préférant ne pas limiter le miracle de cette énergie mystérieuse à des définitions stériles.
Les philosophes chinois, y compris Lao-Tse (604-531 avant J.C.), le légendaire auteur de l’ouvrage Tao Te Ching, Confucius (551-479 Avant J.C.), Mencius (IV-e siècle avant J.C.) Huainan-tse et Kuan-tse, ont développé ce concept, le dénommant, en fonction du contexte, principe métaphysique, source de la vitalité, de l’harmonie, de la créativité et du courage moral. Lao Tse l’avait décrit comme étant un principe dual (étant la source de la dualité manifestatrice), qui a évolué de façon polaire dans les concepts de yin et yang, yang étant le principe de la lumière, du soleil et des qualités actives, séches, masculines et yin, étant le principe de l’obscurité, de la terre et des qualités passives, humides, féminines. De cette conception dualiste est né ensuite la théorie des Cinq Eléments de la médecine chinoise, aussi que du profond art divinatoire du I Ching.
Yin et yang sont considéré en Taoïsme comme étant un mouvement continu ascendant et descendant, tant dans l’univers que dans l’être humain ; pour atteindre un état d’harmonie et de santé parfait, ils doivent être en équilibre parfait. On considère, aussi, que l’énergie yang pénètre dans un corps en descendant des cieux (en tant qu’énergie cosmique), et l’énergie yin monte de la terre (en tant qu’énergie tellurique). Ils convergent dans la vision taoïste dans un point du niveau de l’abdomen nommé hara (centre subtil énergétique assimilable à manipura chakra), localisé à deux doigts sous l’ombilic, non pas à la surface du corps, mais en profondeur, vers la colonne vertébrale. Hara est comparé à un four où la force de la vie peut être convertie – par certaines disciplines – en énergie spirituelle, processus qui génère entre autres de la chaleur physique.
L’énergie qi coule dans le corps étherique par les 12 méridiens ou nadis connectés principalement aux organes internes. Chaque méridien a une direction fixe, est associé à l’un des Cinq Eléments et est soit yin soit yang. Le flux de qi peut être amplifié par la manipulation (par acuponcture, digitopression, etc.) de mille points ou tsu-bos, placés au long des méridiens. La vitesse et le flux d’ “écoulement” de l’énergie peut être mesuré par l’être doué d’une “sensivité subtile de nature à lui permettre la perception de ces méridiens et du corps aurique”.
Les premières descriptions détaillées de l’énergie qi, en relation avec la santé et la guérison, datent des débuts de la dynastie Han (206 avant J.C.- 220 après J.C.), et se trouvent dans un texte intitulé Huang-ti Nei Ching Su Wen (le Traité Classique de Médecine Interne de l’ Empereur Jaune) . Ce texte nomme l’énergie qi et décrit 32 formes distinctes de celle-ci. Il est spécifié que tous les êtres vivants se trouvent en échange énergétique constant avec l’énergie universelle qi ; les maladies surviennent lorsque cet échange énergétique est perturbé, limité ou déséquilibré. Si l’échange subtil énergétique arrête, l’organisme meurt. L’énergie qi est reçue par la nourriture, la respiration, et du milieu environnant, en général. La capacité d’un être vivant d’absorber cette énergie diminue avec l’âge.
Dans les arts martiaux et la “méditation dynamique” du système Tai Ji Chuan, l’énergie qi est contrôlée par la respiration d’une façon similaire au contrôle des souffles subtils en pranayama, pour conduire le mental dans un état d’équilibre. En dehors des méridiens du corps étherique, l’énergie qi coule aussi par huit canaux subtils psychiques, qui jouent un rôle clef dans la purification de l’énergie vitale et dans la transformation de l’être. Un corps plein d’énergie qi est puissant et résistant, étant prédisposé à une vie longue et harmonieuse. Le terme de qi peut être retrouvé dans toutes les descriptions des exercices et des techniques respiratoires taoïstes.