Quand la science devient pseudo-science (1)

par Urmi Ray

  1. Qu’est-ce que la science ?

Une grande confusion règne sur ce qu’est ou plutôt n’est pas la science. Donc commençons par discuter de ce qu’est la science.

Comprendre la réalité dans laquelle on vit

Pour survivre, il est essentiel de comprendre la réalité physique dans laquelle nous vivons. Donc dès ses débuts, partout dans le monde, notre espèce a tenté de s’en faire une idée.

Comprendre signifie pouvoir décrire, expliquer et prédire. Une description tend à répondre à la question « comment ? » et peut prendre la forme d’une formulation mathématique, mais c’est loin d’être nécessaire.  Une explication tend à répondre modestement à la question beaucoup plus difficile du « pourquoi ? ». Ces trois aspects sont étroitement liés. La qualité des prédictions dépend de la qualité des descriptions et des explications. Et inversement, plus une description est de qualité, plus elle mènera à des explications et des prédictions de qualité.

La différence entre une approche scientifique et une approche religieuse réside essentiellement dans la nature des explications. Il est probable que très rapidement nos ancêtres ou au bon vouloir d’un Dieu, ne permettait pas trop de prévoir, et donc de se prémunir contre les aléas du climat. Parallèlement, la domestication croissante du feu va de pair avec une compréhension de plus en plus grande de ce phénomène.

Donc, il y a bien longtemps qu’une approche du monde qu’on perçoit à travers nos sens et notre esprit s’est distinguée d’autres approches. Il fallait que la connaissance obtenue soit communicable à d’autres, pour qu’ils puissent eux aussi vérifier, notamment pour pouvoir prédire aussi systématiquement que possible.

Je conçois que certains soient convaincus de la force de la prière, mais la connaissance spirituelle, même si elle est basée sur des expériences, celles-ci restent personnelles et non-communicables.

Donc l’approche qui s’est peu à peu développée en ce qu’on appelle depuis le 19e siècle la science est fondée sur deux outils : l’observation et le raisonnement.

Mais comme nos premières écoles de philosophie naturelle se sont rendues compte bien avant l’ère chrétienne, la question de la fiabilité est au coeur de cette approche. À quel point notre interprétation correspond-elle à la réalité physique donnée ?

Observation reproductible

Une observation qui reste limitée peut ne pas être fiable. Par exemple, ce n’est pas parce tous les cygnes qu’on observerait sont blancs, qu’on peut en conclure qu’ils sont tous blancs. Il y a des cygnes noirs. Donc l’observation doit être reproductible à volonté, en particulier pour être vérifiable.

En conséquence, le domaine d’investigations scientifiques est limité aux caractéristiques descriptibles, c’est à dire qu’on puisse comparer. Les concepts absolus tels que la chaleur ou la hauteur font certainement partie de notre expérience de la vie. Mais ils n’ont pas leur place en science. Car il n’existe aucun moyen de vérifier comment deux individus différents les perçoivent. Ce qui peut être communiqué et convenu, c’est qu’un objet est plus chaud ou plus froid, plus grand ou plus petit qu’un autre. En d’autres termes, seuls les attributs qui peuvent être comparés à une référence externe peuvent faire l’objet d’un examen scientifique.  Donc les concepts absolus tels que Dieu sont hors limites car ils ne peuvent pas être décrits par la comparaison.

C’est aussi là que réside le problème avec la physique Newtonienne. Elle est fondée sur une notion du temps et de l’espace qui est absolue. D’ailleurs Newton en était conscient. Mais c’est le physicien Ernst Mach qui a le premier vraiment compris la signification de cette lacune à la fin du 19ème siècle. C’est notamment basé sur ses travaux qu’Albert Einstein en est venu à sa théorie de la relativité.

Ajoutons une remarque importante : il ne suffit pas de connaître les propriétés intrinsèques d’un phénomène. Il faut aussi se faire une idée de ses interactions avec l’environnement. D’où la nécessité de l’étudier à la fois isolément dans un laboratoire et dans dans son environnement naturel, dans le temps et dans l’espace. Certains effets et leur portée peuvent ne pas être immédiatement perceptibles.

Raisonnement

Par ailleurs, si nous restons liés à notre expérience immédiate limitée, il faudrait sans cesse collecter des faits et on ne pourrait prédire. Donc la science vise à obtenir des descriptions et des explications unifiées de phénomènes disparates.

Le raisonnement est ce qui nous permet de ne pas rester liés à ce processus d’essais et d’erreurs constants.

Il doit lui aussi être communicable. Donc il doit être basé sur des méthodes consensuelles qui ont varié au cours du temps ou même d’école à école.

Concepts

Trouver des explications unifiant divers phénomènes nous oblige à fonder nos théories sur des concepts – forces, atomes, gènes, etc. Nous n’avons aucun moyen de déterminer s’il s’agit de caractéristiques de notre réalité ou s’il s’agit de constructions de l’esprit humain pour rendre compte d’expériences communes à nous tous. Ils sont indéfinissables scientifiquement, sauf en utilisant d’autres concepts. Cependant, et c’est fondamental, la pertinence des concepts doit être confirmée par des effets qu’on peut percevoir et décrire. Ils doivent être remplacés par des concepts plus appropriés si l’observation et le raisonnement l’exigent.

En résumé

La science est l’étude raisonnée basée sur l’observation reproductible et suffisamment reproduite de propriétés descriptibles par comparaison du monde perceptible et des effets perceptibles attribués aux concepts évolutifs et changeants ainsi déduits – une étude qui englobe les interactions avec l’environnement naturel.

Nous avons tous un esprit scientifique. La différence entre une approche scientifique et une approche usuelle est une différence de degré plutôt que de nature. Elle apporte précision et systématisation là où elles faisaient défaut. Par exemple, on a tous une idée de la différence entre fruits et légumes, basée sur de vagues raisons et de vagues comparaison, parfois culturelles. La définition scientifique d’un fruit est celle d’un organe qui contient des graines, qui les protège lors de leur développement et aide à leur dispersion. Par conséquent, les tomates et les concombres sont des fruits, contrairement à l’idée reçue selon laquelle ce sont des légumes.

En d’autres termes, la science précise les similitudes et les différences entre des objets comparables en poussant l’observation au-delà du superficiel. Ainsi les ambiguïtés sont réduites.

Il est essentiel d’insister sur le fait que nos conclusions ne peuvent être des déductions fantaisistes et inexpliquées. Elles ne peuvent être considérées comme scientifiques tant qu’elles ne sont pas étayées par des arguments raisonnés. L’obtention de résultats satisfaisants pourrait être une pure coïncidence. À l’inverse, un raisonnement qui ne repose pas sur des bases empiriques solides n’est pas une science.

Mathématiques

Voilà pourquoi les mathématiques ne sont pas une science. La science a émergé de la faculté humaine de donner un sens à une réalité autrement chaotique en lui attribuant des schémas. Les mathématiques sont nées de l’étude des schémas qui sont quantifiables.

Pour maîtriser les notions interdépendantes de quantité et d’espace, nos ancêtres ont élaboré les concepts des nombres entiers et des objets géométriques ont été élaborés en excluant la nature particulière des objets en question pour ne garder que leur quantité ou leur forme. Ils ont dû se rendre compte que si notre seul intérêt est la quantité et non les autres qualités des objets concernés, alors il n’y a aucune différence entre deux doigts et deux longueurs égales, mais que ceux-ci diffèrent de cinq doigts. En d’autres termes, les nombres sont nés de notre reconnaissance de schémas concernant la quantité en rendant aussi efficace que possible notre outil de raisonnement le plus fondamental, à savoir la comparaison.

Sans entrer dans des discussions plus détaillées, je dirai que les mathématiques sont l’étude logique des relations entre des concepts abstraits, basée sur la notion de nombres.

Lisez la deuxième partie de cet article

 

yogaesoteric
22 novembre 2022

 

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