Quelques révélations initiatiques fondamentales sur l’état de nudité et ses significations énigmatiques
Par professeur de yoga Gregorian Bivolaru
Devise : « Seulement pour celui qui est pur il est et reste pour toujours pur tout ce qu’en réalité et pur, beau et vrai. » Gregorian Bivolaru
« L’homme authentique et tous les humains qui ont atteint un niveau nettement supérieur de transformation spirituelle acceptent comme quelque chose de naturel et de pur la nudité qui évoque ainsi la condition paradisiaque (d’Adam et d’Eve). Voilà la raison pour laquelle l’Homme est vraiment nu. Surtout les religions hypocrites et le pharisaïsme des villes imposent comme obligatoires les vêtements. Dans certaines représentations traditionnelles SHIVA est nu, PARVATI est nue et beaucoup de divinités de l’Orient apparaissent nues en toute leur splendeur. Les yogis, les sages de l’Inde, ainsi que les adeptes animés d’une grande ferveur du shivaïsme voyagent nus dans le monde pour montrer ainsi qu’ils ont dépassé (transcendé) tous les attachements. La nudité ainsi assumée est synonyme à la vertu, à la candeur archétypale, à la vérité, au détachement, à la liberté et à la sainteté, surtout en Inde. » Alain Danielou
Regardée d’un point de vue transfiguré, sacre, divin, pur, sublime et esthétique, la nudité pleine de charme du corps d’un être humain qui est harmonieux, vital et beau évoque tant pour les êtres humains sensibles à ce qui est beau et qui sont pleins de candeur, que pour les initiés une énigmatique révélation pure et émouvante qui évoque à la fois un intense état de détachement et d’humilité. Nous le savons tous, Adam et Eve étaient complètement nus au Paradis avant de manger le fruit défendu de l’arbre du bien et du mal et cet aspect doit être compris de manière symbolique. Cela nous montre que la nudité a une évidente signification paradisiaque, elle faisant disparaître les différenciations conventionnelles, sociales et hiérarchiques que les vêtements entraînent. Seulement après avoir péché, Adam et Eve se sont confrontés à la honte pénible inspirée par la vision complètement changée de leurs corps nus. Seulement après avoir commis le péché originel ils ont soudainement senti le besoin de cacher, pleins d’honte, leur nudité qui est devenue – on pourrait dire – dangereuse, car toute de suite après l’homme a perdu la pureté paradisiaque fondamentale de son corps, de son cœur, de son mental et de son âme. Ainsi, dans l’être humain il a eu lieu un changement fondamental.
Le texte de la Genèse dit : « L’homme (Adam) et sa femme (Eve) étaient les deux nus et cependant ils n’avaient pas du tout honte. »
Même si la nudité du corps physique apparaît souvent en Occident comme un signe de la sensualité et de la dégradation matérialiste, il faut cependant se rendre compte que ce n’est pas un point de vue universellement valable et il ne peut pas se maintenir en tant que tel. Tant pour les sages, que pour ceux initiés, la nudité signifie avant tout la descente à un autre niveau du principe suprême qui devient ainsi accessible pour nous tous dans la sphère de la manifestation. La nudité harmonieuse du corps de l’être humain met à la fois en évidence une extériorisation proportionnelle, mystérieuse, ineffable et nécessaire des perspectives. Pour comprendre, au début de manière intuitive, cette énigme terrible, on peut se rapporter à la nudité charmante d’une superbe femme qui est représentée dans une peinture murale de la dite Chambre de l’Initiation du Villa des Mystères de Pompeii, participant à un rituel sacre.
Si cette scène est regardée avec beaucoup d’attention dans un état de transfiguration et de joie esthétique, elle nous aide à découvrir combien elle est chargée de certains symboles. Le symbolisme plurivalent et merveilleux d’un nu plein de charme évoque pour l’être humain qui est en mesure de recevoir et d’admirer sa beauté, sa pureté corporelle, morale, intellectuelle, de l’âme et la pureté spirituelle.
La nudité pleine de charme d’un corps harmonieux peut être regardée, dans la vision des sages, comme un sui generis retour nécessaire à l’état paradisiaque primordial qui nous permet d’avoir à nouveau accès à la béatifique perspective divine, centrale. Il est bien connu que les prêtres shintoïstes purifiaient en préalable leur corps nu et ensuite le chargeaient de mystérieuses énergies divines, sublimes pendant qu’ils se trouvaient au milieu de la nature, dans l’air frais et froid de l’hiver. Il y a des milliers d’années en Inde, beaucoup de pratiquants yoga, hommes et femmes, étaient complètement nus et beaucoup d’entre eux affirmaient qu’en réalité ils sont ainsi entourés d’une certaine façon par l’espace entier. Même dans les temps modernes, les yogis et les yoginis qui viennent participer à la fameuse fête de Kumbha Mela sont complet nus, vers la surprise et le délice des touristes qui assistent fascinés à cette célèbre fête spirituelle qui a lieu tous les 12 ans en Inde.
On sait très bien à l’heure actuelle qu’il y a des milliers d’années, les prêtres juifs entraient nus dans l’endroit où se trouvait la Sainte des Saintes, montrant ainsi que – dans certains moments privilégiés – l’être humain doit s’exposer et s’offrir aux mystères qui lui se révèlent et à l’enlacement divin dans un état de nudité totale. Dans toutes ces situations dont on a parlé ici, à travers la nudité totale est complètement abolie la séparation illusoire entre l’homme et l’Univers gigantesque ou le Macrocosme qui, lorsque l’être humain est nu, l’entoure et l’enlace. Les initiés ont affirmé, entre autres, que la nudité totale du corps physique de l’être humain permet aux énergies subtiles, bienfaisantes, parfaitement naturelles qui proviennent du Macrocosme à se déverser sans aucun obstacle, pénétrant ainsi dans le corps nu et inondant l’être de tous les côtés, sans l’écran des vêtements, qui sont de nature à arrêter ce sui generis enlacement.
Tous ces aspects mettent en évidence l’importance énigmatique, et souvent insoupçonnée par l’homme commun, de la nudité rituelle qui est et reste légendaire et pleine de mystères. Dans les temps anciens, les danseuses sacres qui se manifestaient de façon transfigurée dans les temples de l’Inde évoluaient dans le cadre des danses initiatiques étant complètement nues. Dans la tradition multimillénaire du système oriental du TANTRA YOGA, le désinvestissement graduel, transfiguré, pur, élevé et sacre des femmes initiées, harmonieuses, belles, pures et charmantes met en évidence une mystérieuse et ineffable révélation de la Vérité Ultime. Même en Europe, lorsqu’on parle de la connaissance suprême, pure, absolue, on ne lui applique pas du tout au hasard l’attribut de vérité nue. Même dans le langage courant il existe encore l’expression « la vérité toute nue ». Certains initiés accordent une signification analogique, ce qui est choquant ou surprenant pour certains d’entre nous, à la nudité de Jésus sur la croix. La signification cachée de cette énigmatique nudité c’est la révélation des mystères divins réservés aux peu nombreux et aux élus.
La nudité complète et fascinante de la Grande Puissance Cosmique KALI, qui est ensuite dénuée du Macrocosme après la dissolution finale de celui-ci évoque et à la fois signifie le pouvoir énigmatique, terrible de l’énergie du temps; en même temps, par cette représentation nous est transmises une vérité fondamentale. Cette révélation est celle que, indubitablement, la Grande Puissance Cosmique KALI existe en sa réalité occulte au-delà de MAYA, autrement dit, au-delà de l’illusion universelle. Par sa nudité complète et, dans une certaine mesure, ravissante, KALI qui est nue nous suggère ainsi qu’elle n’est pas du tout influencée par l’illusion universelle (MAYA). La nudité rituelle des yogis et des yoginis qui ont atteint un certain degré de transformation spirituelle, intérieure, évoque dans le cadre du système multimillénaire Tantra Yoga le symbole mystérieux de la Substance Macrocosmique Universelle (PRAKRITI), devant laquelle l’Esprit Suprême Immortel (PURUSHA), c’est-à-dire l’essence absolue, divine reste en permanence immobile et sereine.
Dans la tradition biblique, la nudité complète dont on parle à plusieurs reprises dans le texte de L’Ancien Testament doit être comprise premièrement comme étant le symbole plurivalent d’un état mystérieux où tout, sans exception, est manifesté et non enveloppé. Comme nous l’avons déjà mentionné, ainsi étaient au début Adam et Eve dans le jardin de l’Eden. Il est important de remarquer et de comprendre à l’aide de l’intuition pourquoi alors, au début, le couple primordial n’a pas du tout senti le besoin de se servir des vêtements et pourquoi il l’a fait peu de temps après sa chute dans le péché. Cet état de fait signifie, entre autres, que les liaisons fondamentales de l’homme avec ses semblables et avec Dieu le Père ont perdu la simplicité paradisiaque, la limpidité et la beauté divine primordiale.
Dans l’espace hellénistique, la vision pure, délicieuse et profondément transfigurée sur la nudité était favorable autant que possible, si nous avons en vue le fait que chez les anciens Grecs tous les êtres humains qui représentaient l’idéal sportif et artistique apparaissaient toujours nus durant les olympiades. Dans un épisode de L’Ancien Testament qui est raconté dans le Livre 2 des Rois on parle d’une manière belle, pleine de bon sens et de sagesse sur la nudité rituelle. Par exemple, à chaque fois qu’il dansait devant l’Arche de l’Alliance divine, le roi David était nu. Du fait que sa femme Micol considérait cette manifestation comme une inacceptable humiliation, le roi David lui a avoué qu’en réalité la pudeur devant Dieu est inutile quand il doit accomplir comme il faut tous les devoirs religieux, sacres qu’il devait à Dieu.
En Antiquité, les initiés gnostiques considéraient unanimement la nudité qu’ils assumaient avec beaucoup de courage en tant que symbole fondamental d’un idéal sublime et pur qui doit être atteint sans tarder. Dans leur cas, il s’agissait à la fois d’une nudité totale de l’âme qui s’exprimait à travers la nudité du corps, qui éloignait et transcendait les limites corporelles. Renonçant en totalité aux vêtements du corps et apparaissant complètement nus durant leurs manifestations rituelles, les gnostiques « évadaient » ainsi de la prison du corps et ainsi, pour eux il devenait possible de retrouver l’état primordial, paradisiaque, l’ascension instantanée et l’accès direct aux sources énigmatiques, divines du corps.
Dans certaines traditions spirituelles de l’humanité il est mentionné que la nudité totale du corps féminin harmonieux, vital, plein de charme qui se montre en toute sa splendeur conduit ensuite à la manifestation presque spontanée d’une force occulte, magnétique, immense qui produit souvent un effet paralysant dans l’être et le corps de l’homme. Dans la célèbre légende irlandaise mythique Táin Bó Cúalnge (titre qui pouvait être traduit par La Lutte pour le taureau immortelde Cooley) nous est présentée la rentrée du grand héros CúChulainn de sa première expédition de guerre. A un moment donné, il fût emporté par un étrange état de furie et de fièvre de guerrière et cela le rendait incapable à reconnaître ses amis ou ses ennemis. Etant prévenu par une sage femme visionnaire de ce qu’il se passait avec l’héros, le roi Conchobor a ordonné d’être envoyées à l’accueil de CúChulain 150 femmes très belles qui étaient toutes nues. Les 150 femmes nues étaient dirigées par la reine Mugain, elle aussi étant nue. Lorsque les femmes nues dirigées par la reine se sont retrouvées face en face avec le grand héros CúChulainn, une étonnante transformation a eu lieu dans l’être de l’héros à la vue des 150 femmes nues en toute leur splendeur qui l’ont accueillis. Soudainement il fût profondément ému et presque paralysé par leur nudité fascinante et alors le jeune héros CúChulainn a baissé les yeux pour ne plus les voir, étant entièrement comblé et même paralysé par l’état inexplicable qui l’avait emporté. Profitant de la surprise produite et de la stupeur dans laquelle se trouvait CúChulainn, toutes ces femmes l’ont entouré et l’ont dévêtu et ensuite on plongé, tour à tour, son corps nu dans trois récipients remplis de l’eau froide. A cette occasion, le premier récipient dans lequel elles ont fait plonger le corps nu de CúChulainn s’est écrasé en mille pièces. Dans le cas du deuxième récipient, l’eau a commencé à bouillir et seulement dans le cas du troisième récipient l’eau a eu une température un peu plus basse, mais toujours difficilement supportable. C’est ainsi que l’état de furie guerrière du grand héros CúChulainn fût calmé et il a été guéri et soulagé à l’aide des 150 femmes nues dirigées par la reine Mugain.
En ce qui concerne les hommes, la nudité masculine totale est souvent mise en relation avec l’état de transe guerrière. Dans un autre passage de la célèbre histoire mythique La Lutte pour le taureau immortel de Cooley on parle de guerriers entièrement nus dont l’ardeur intérieure faisait en sorte que la neige fonde autour d’eux sur une surface avec un rayon de 30 pas.
Considérée du point de vue de son symbolisme universellement valable, la nudité totale du corps exprime l’état paradisiaque, originaire de l’humain et, en même temps, elle fait disparaître tous les signes de différenciation sociale ou hiérarchique représentés par les vêtements. La nudité complète est et reste même à présent un élément primordial dans plusieurs rituels secrets d’initiation spirituelle ou de consécration. Se déshabillant complètement des vêtements, l’homme revient ainsi à l’état primordial de nouveau-né et cela indique le fait qu’il s’offre de façon totale et inconditionnelle aux forces divines occultes, supérieures. Se libérant en totalité de ses vêtements, l’homme dévoile ainsi en toute leur splendeur les organes et les zones génitales à travers lesquels se déclenchent des processus de résonance occulte qui conduit à la manifestation d’un énigmatique pouvoir créateur extraordinaire. La nudité totale du corps évoque le plus souvent l’état primordial d’innocence du monde paradisiaque.
Dans certaines traditions spirituelles de cette planète, la nudité totale du corps féminin est vue comme quelque chose de formidable et profondément charmant, qui dévoile certains secrets terribles de l’Univers. A travers le corps nu d’une femme vitale, harmonieuse, sensuelle et belle, celui qui le contemple plein d’adoration et de transfiguration réussit ainsi à se dilater de façon euphorique et parvient à s’étendre de façon profonde et intense du fini à l’infini. Il réussit ainsi à avoir l’intuition, à travers des énigmatiques étincelles illuminatrices, que dans le corps nu et fascinant de la femme il se trouve de façon indescriptible l’abîme mystérieux et infini qui est et reste en éternité DIEU LE PERE.
Dans le tantrisme il est souvent mentionné que l’homme qui aspire à s’éveiller et à atteindre l’état d’homme supervirile, d’héros (VIRA), doit d’abord progresser suffisamment en ce qui concerne l’éveil, la dynamisation et l’amplification de la virilité et de la maîtrise de soi afin de devenir capable à contempler ensuite la yogini complètement nue en laquelle a commencé à s’éveiller l’état de SHAKTI avant de s’unir avec elle de façon amoureuse, sans jamais perdre sa semence, car en cas contraire il s’expose au danger d’être détruit en tant qu’homme, grâce à sa force féminine, immense, intrinsèque que la yogini manifeste spontanément. La nudité complète de certaines déesses comme KALI, PARVATI, TRIPURA SUNDARI, CHINNAMASTA est toujours unanimement considérée comme étant quelque chose de fascinant, terrible et abyssale.
Dans le cas de la danse initiatique secrète des 7 voiles où la femme retire, tour à tour, jusqu’à ce qu’elle reste, à la fin, complètement nue, toutes ces sept couches successives correspondent à la fois aux sept cieux des sphères de force qui appartiennent aux sept planètes que l’âme de l’humain doit parcourir tour à tour et sous lesquelles se cache la Grande Mère du Macrocosme, MAHA SHAKTI. Durant cette danse sacre, la femme initiée se dévêtit tour à tour des sept voiles pour révéler en fin de compte la Vérité Ultime, fascinante et énigmatique. Justement pour cela, dans certaines traditions secrètes on dit que : « La vérité est toujours nue ». Dans de telles traditions secrètes il est spécifié, pas du tout au hasard, que de grands malheurs guettent l’homme qui découvre cette nudité sans être en préalable initié dans les mystères fondamentaux du féminin. Le génial poète Khalil Gibran nous avoue dans son livre fondamental Le Prophète : « n’oubliez qu’en fait la pudeur n’est rien d’autre qu’un bouclier contre l’œil impur et qui n’est pas préparé, qui ne mérite pas voir ce qui est réservé à ceux purs et élus. Si l’impureté de notre être nu disparaît pas pour toujours, qu’est-ce qu’elle pouvait devenir d’autre qu’un obstacle et une saleté qui persiste dans l’être. Vous ne devez jamais oublier que la terre se réjouit de vos pieds nus et que le vent est ravi de jouer avec vous lorsque votre corps est nu. »
yogaesoteric
12 septembre 2019
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