Sa lucidité sur l’islam a terni l’image du philosophe Roger Scruton, qui avait raison sur tant de choses
Boris Johnson : « Nous avons perdu le plus grand penseur conservateur moderne – qui non seulement avait le courage de dire ce qu’il pensait mais le disait magnifiquement », a tweeté le Premier ministre britannique en apprenant la mort, dimanche 12 janvier 2020, de Sir Roger Scruton.
Roger Scruton
Le Premier ministre britannique Boris Johnson lui a rendu les honneurs, ainsi que Melanie Phillips dans le Times, Douglas Murray dans le Spectator, et dans le Daily Mail, Toby Young a dit de lui qu’il était un « prophète qui n’a jamais été proprement reconnu dans son propre pays », paraphrasant une citation bien connue.
Sir Roger Scruton avait été condamné pour crime de lèse-majesté : il parlait de l’islam comme il faut en parler. (Il a été démis de ses fonctions de conseiller du la Premier Ministre britannique Theresa May, pour ses opinions.)
Dans ses livres et articles, il dressait un portrait sombre de l’islam et des musulmans. Scruton, il faut dire, était un expert de ce qu’il appelait « l’esprit arabe ».
Extraits :
Sur la lâcheté culturelle occidentale
« En Occident, nous sommes au bord d’une dangereuse période de concession, où les revendications légitimes de notre propre culture et de notre héritage seront ignorées ou minimisées dans une tentative de prouver nos intentions pacifiques.
En termes simples, les citoyens des États occidentaux ont perdu confiance dans leur mode de vie. En effet, ils ne savent plus ce que ce mode de vie exige d’eux.
En même temps, ils ont été confrontés à un nouvel adversaire, qui croit que le mode de vie occidental est profondément défectueux, et peut-être même une offense à Dieu.
Par “manque d’esprit”, les sociétés occidentales ont permis à cet adversaire de se rassembler en leur sein ; parfois, comme en France, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, dans des ghettos qui n’ont que des relations ténues et largement antagonistes avec l’ordre politique environnant.
En Amérique comme en Europe, il y a eu un désir croissant d’apaisement : une habitude de contrition publique, une acceptation, bien que le cœur lourd, des censures des mollahs, et une nouvelle escalade dans la répudiation officielle de notre héritage culturel et religieux.
Cela ne signifie pas que nous devons renoncer ou répudier les traits distinctifs de notre civilisation, comme beaucoup voudraient que nous le fassions. Au contraire, cela signifie que nous devons être d’autant plus vigilants dans leur défense. »
Multiculturalisme
« L’immigration musulmane pose un défi à la civilisation occidentale, et la politique officielle de “multiculturalisme” n’est pas une solution mais une partie du problème. »
Comment nous protéger contre le terrorisme islamique
« La haine de nos ennemis ne peut être désamorcée par nos mea-culpa.
Premièrement, nous devrions être clairs sur ce que nous défendons et ce que nous ne défendons pas.
Nous ne défendons pas, par exemple, nos richesses ou notre territoire ; ces choses ne sont pas en jeu. Nous défendons plutôt notre héritage politique et culturel.
Deuxièmement, nous devons être clairs sur le fait que l’on ne peut pas surmonter le ressentiment en se sentant coupable ou en concédant des fautes.
La faiblesse provoque, car elle avertit votre ennemi de la possibilité de vous détruire.
Nous devrions être prêts à affirmer ce que nous avons, et à exprimer notre détermination à nous y accrocher.
Cela dit, nous devons reconnaître que ce n’est pas l’envie mais le ressentiment qui anime le terroriste. L’envie, c’est le désir de posséder ce que l’autre possède ; le ressentiment, c’est le désir de le détruire. Comment gérer le ressentiment ? C’est la grande question à laquelle si peu de dirigeants de l’humanité ont pu répondre. Les chrétiens, cependant, ont la chance d’être les héritiers de la seule grande tentative de réponse, qui fut celle de Jésus, qui s’inspira d’une longue tradition juive remontant à la Torah, et qui fut exprimée en des termes similaires par son contemporain R. Hillel.
‘Vous surmontez le ressentiment, nous dit Jésus, en lui pardonnant. Tendre la main dans un esprit de pardon, ce n’est pas s’accuser soi-même, c’est faire un don à l’autre’. Et c’est là, me semble-t-il, que nous avons pris un mauvais tournant au cours des dernières décennies.
L’illusion que nous sommes à blâmer, que nous devons confesser nos fautes et joindre notre cause à celle de nos ennemis, ne fait que nous exposer à une haine plus déterminée. La vérité est que nous ne sommes pas à blâmer. La haine de nos ennemis à notre égard est totalement injustifiée et leur inimitié implacable ne peut être désamorcée par nos mea-culpa. »
Islamophobie
« L’islamophobie a été inventée par les Frères Musulmans afin d’arrêter la discussion sur une question majeure qui nous préoccupe tous.
Nous sommes tous inquiets de la mesure dans laquelle l’islam tolère ou non la violence commise en son nom.
J’ai un étudiant en doctorat que vous connaissez probablement, Ed Husain, qui est très soucieux de passer de la tradition islamique à la question de savoir ce que les musulmans disent vraiment, et peuvent dire, au sujet des manifestations violentes de leur propre foi.
Et c’est ce que nous devons faire.
Nous devons en parler ouvertement et en discuter, et ce mot [l’islamophobie] est là pour essayer d’empêcher cela. »
Incompatibilité entre l’islam et l’Occident
Scruton a très tôt compris qu’il existe une incompatibilité profonde entre l’Islam et l’Occident. Cela remonte au moins aux années 1980, quand il a écrit un livre intitulé A Land Held Hostage, défendant les chrétiens libanais.
« La loi, telle que l’Islam la comprend, exige notre obéissance, et son auteur est Dieu. C’est le contraire du concept de loi dont nous avons hérité en Occident.
Pour nous, la loi est une garantie de nos libertés. Elle est faite non pas par Dieu, mais par l’homme, suivant l’instinct de justice inhérent à la condition humaine. Ce n’est pas un système de commandements divins, mais plutôt le résidu des accords humains. »
« L’histoire récente de ces pays [Pakistan, Somalie…] pourrait nous amener à nous demander s’il n’y a pas, en fin de compte, un conflit réel et profond entre la conception islamique de la communauté, et les conceptions qui ont nourri notre propre idée du gouvernement national.
Peut-être que l’État-nation est vraiment une idée anti-islamique.
L’Égypte n’a survécu en tant qu’État-nation qu’en prenant des mesures radicales contre les Frères musulmans, et en s’appuyant sur un héritage juridique et politique qui serait probablement rejeté par sa population musulmane – mais pas par la minorité chrétienne copte – si un référendum libre était organisé. »
« L’islam est une religion qui refuse de se voir de l’extérieur, et qui ne supporte pas d’être critiquée, encore moins d’être ridiculisée – ce dont nous avons abondamment été témoins ces derniers temps. »
L’Union européenne et le Brexit
« Le problème que nous avons avec l’UE est : comment négocier autre chose que ce qui vous est dicté ?
J’ai voté pour Brexit parce que je n’ai jamais vraiment approuvé l’Union européenne. Je ne l’ai jamais approuvée en raison de ses tentatives de confisquer la souveraineté nationale dans tous les domaines qui comptent. Pour moi, c’est une dérogation à la politique réelle. Cela ne veut pas dire que je ne vois pas la nécessité absolue d’un système de coopération transeuropéen. Et je pense que tout le monde est d’accord avec cela. Mais je pense qu’il n’avait pas la bonne forme. Et toutes les tentatives de réforme semblent n’aboutir à rien. Je pense donc que nous devrions nous retirer et ensuite travailler à un nouveau traité. »
yogaesoteric
15 juin 2020
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