SHIVA-CHANDRASHEKHARA

SHIVA dans l’hypostase de parfait Protecteur divin des principes mystérieux complémentaires

par le professeur de yoga Gregorian Bivolaru

Dans la tradition védique, CHANDRA est le nom du dieu antique de la lune, surnommé le lumineux. Dans les représentations personnifiées CHANDRA est jeune avec un aspect très attirant qui conduit un chariot tiré par une antilope, symbole traditionnel des énergies mystérieuses vitalisantes de la nature. CHANDRA porte dans ses mains la coquille, qui est le symbole de la prospérité, des flux et des reflux marins et des périodes menstruelles de la femme ainsi que de l’alternance entre vie et mort.

SHIVA-CHANDRASHEKHARA est l’hypostase où SHIVA nous apparaît comme portant le symbole de la lune dans ses cheveux. À la base de cette hypostase profondément bénéfique de SHIVA se trouve le message suivant. On dit que DAKSHA, le fils du créateur de l’univers BRAHMA, avait 27 filles, toutes avec des visages comme des étoiles. Toutes étaient amoureuses du jeune CHANDRA, le lumineux et d’une beauté incomparable. Elles ont décidé toutes d’épouser CHANDRA. Pourtant, CHANDRA était plus attiré par ROHINI, qu’il aimait plus que les autres. Alors, les autres épouses se sont plaintes auprès de leur père DAKSHA, de ne pas être également aimées et correctement traitées par leur époux, CHANDRA. Alors DAKSHA a puni CHANDRA le condamnant à un épuisement graduel d’une durée de quinze jours, pendant lequel sa lumière devait diminuer de jour en jour. Immédiatement la lumière de la lune a commencé à diminuer en intensité jusqu’à ce que le quinzième jour elle ait presque complètement disparue. En éprouvant de la peur et de la honte, CHANDRA s’était caché dans l’océan. Mais bon nombre de plantes avaient besoin de la lumière, de l’influence et de l’énergie subtile, vitalisante de la lune pour croître et pour se développer harmonieusement. Sans l’influence bénéfique de la lune bon nombre d’entre elles ont été endommagées, donc leur vie était en danger. Une fois l’obscurité créée par l’absence de la lumière mystérieuse de la lune, le monde a commencé à souffrir.

Pour sagement résoudre ce problème, les êtres célestes ont conseillé à la lune d’immédiatement trouver refuge dans l’être suprême de SHIVA. Comme il restait peu de temps avant sa dernière journée, KALA, la lune (CHANDRA) a prié SHIVA de lui offrir refuge. Avec un amour immense et plein d’une grâce infinie, le tout puissant SHIVA a mis alors la lune sur son front divin, faisant en sorte que sa brillance augmente au cours de quinze jours suivants. En éprouvant une profonde reconnaissance, CHANDRA a prié SHIVA que dorénavant, chaque 28-ème nuit soit entièrement consacrée à SHIVA et qu’elle s’appelle SHIVARATRI. La nuit où la lune, CHANDRA, a trouvé son refuge divin dans l’être de SHIVA, est alors devenue une nuit sacrée. Elle est la nuit où SHIVA offre aux êtres qui méritent la grâce de trouver un refuge divin dans son être éternel. Depuis CHANDRA a continué de grandir et de diminuer cycliquement sa luminosité. SHIVA-CHANDRASHEKHARA est devenu l’hypostase de SHIVA en tant que protecteur des êtres préparés et pleins d’aspiration qui méditent profondément vers lui et prient la nuit de SHIVARATRI. Par cette hypostase SHIVA se manifeste comme un souteneur divin des rythmes mystérieux de la nature et comme un protecteur de la vie cyclique de toute plante ou être vivant de la nature.

SHIVA-CHANDRASHEKHARA est le refuge divin et le souteneur de tous les cycles universels, des rythmes et des interactions complémentaires harmonieuses. C’est pourquoi la lune, CHANDRA, représente parmi les détails significatifs qui apparaissent dans les représentations iconographiques de SHIVA, le symbole de la lune en croissance qui est toujours présent dans la chevelure de SHIVA. En général, les traités iconographiques, comme SILPA RATNA, joignent cette hypostase de SHIVA, SHIVA-CHANDRASHEKHARA, aux hypostases où SHIVA se trouve en présence de sa bien-aimée, PARVATI, par exemple la célèbre hypostase UMA SAHITA ou UMA PATI où SHIVA est en son hypostase de souverain de l’amour, d’amoureux d’UMA ou de PARVATI. Cette association suggère en plus le fait que SHIVA- CHANDRASHEKHARA est l’hypostase mystérieuse de SHIVA le protecteur de l’énergie subtile féminine dont la manifestation à côté de l’être cosmique de SHIVA qui représente l’aspect masculin, solaire, la polarité positive, donne naissance aux interactions polaires génératrices d’harmonie et de bonheur dans le macrocosme entier.

Dans le traité iconographique, UTARAKAMIKA, il est précisé que SHIVA-CHANDRASHEKHARA est alors représenté dans un état d’équilibre parfait, sans que son corps soit penché d’un côté ou de l’autre, et cette attitude est expliquée comme étant la preuve de son état divin qui permet le contrôle parfait de tout état de perturbation, état où prédomine la tendance RAJAS et de tous les moments de passage d’un cycle à l’autre. L’état d’équilibre parfait est en réalité l’état contemplatif de SHIVA-CHANDRASHEKHARA qui permet aux êtres préparés qui l’appellent avec grande ferveur et amour de traverser avec succès tout moment de hiatus.

Les détails qui sont liés aux objets portés SHIVA-CHANDRASHEKHARA dans ses mains sont décrits dans le traité UTARAKAMIKA. La hache, TANKA, est portée par SHIVA dans sa main droite supérieure et l’antilope dans sa main gauche supérieure. Avec la main gauche inférieure il réalise le geste secret de la protection, ABHAYA MUDRA et avec la main droite inférieure il réalise le geste secret d’offrir des dons, VARADA MUDRA. Il a une couronne formée de tresses des cheveux, JATAMAKUTA, et le symbole de la lune en croissance est attaché dans ses cheveux. Il a trois yeux, un vêtement en cuir d’éléphant et des parures sur les oreilles. En plus, dans le texte du traité SAKALA DIKARA il est précisé que les mains de la représentation de SHIVA ne doivent pas se trouver au-dessus du niveau de l’épaule et que la partie supérieure de la hache ou de l’antilope ne doit pas dépasser la ligne des cheveux. Même s’il semble sans importance, ce détail iconographique nous indique le fait que SHIVA-CHANDRASHEKHARA est toujours le refuge divin des êtres qui s’offrent à lui, tout en continuant d’agir en simultanéité, à travers n’importe laquelle de ses hypostases.

C’est ainsi que la lune, attachée sans ses cheveux divins, est sans arrêt protégée par SHIVA.

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yogaesoteric
2008

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