Shiva Nataraja
Shiva, danseur à la grande fête de la vie divine
un article de Gregorian Bivolaru
“Lorsque Tu vibres, en réverbérant dans le temps et dans l’espace, tu déploies le monde entier. Lorsque tu conscientises ton essence, tu conscientises l’essence de l’univers. Et lorsque tu t’ébranles sur tes pieds sous l’effet de ton nectar sublime et béatifique, le cercle des existences étincelle!” – Utpala, XIII.15.
La danse cosmique de Shiva, qui symbolise l’universel épanouissement de la Conscience Suprême dans l’éternité, a comme source essentielle la vibration primordiale (spanda), germe de tout mouvement. Ce premier mouvement infiniment subtil jailli du Cœur (l’essence divine ultime – Atman) est exprimée par Hara (Shiva le Charmant), simultanément poète et acteur, qui, vigilant à tout moment, ayant l’univers comme théâtre, interprète du début à la fin le spectacle cosmique, en assumant, simultanément et partout, tous les rôles. Il déploie Son activité multiple, en créant, en soutenant et en détruisant l’univers, se cachant sous le voile de l’illusion (maya) et, en même temps, révélant sa vraie nature.
Le but ultime de cette danse (qui génère une divine résonance universelle) est que, finalement, elle offre la totale libération à celui qui, en totalité purifié pour cette scène, a complètement vidé son cœur des passions inférieures, des pensées et des limitations (a réalisé l’état de vide béatifique).
“En aspirant au don des cœurs trop pleins d’amour pour Toi, satisfait, Tu commences à danser dans la gloire, dans les cris extasiés de Tes adorateurs enivrés d’amour! Hommage à Toi!…” (XIV.10), écrit le grand sage Utpaladeva.
Le yogi apprend ainsi du grand maître de la danse cosmique, Shiva, à éloigner le poids de la matière et à se libérer de tout piège, de toute limite, de tout doute ou restriction. Ensuite, devenu comme Shiva, il “danse comme un héros dans la nuit de l’extase cosmique, dans une ronde de mystères béatifiques”.
Avec la réalisation de l’union (samghattana) entre le yogi et la Conscience universelle (Dieu), le yogi, se reconnaissant comme Soi Éternel (Atman) et charmé par cette Lumière sublime consciente grâce au mouvement très pur et spontané de son âme, atteint la totale liberté, l’énergie suprême Uma, la “semence” ou la source divine suprême. Son être tout entier danse (résonne) harmonieusement, comme dans un jeu merveilleux, à l’unisson avec l’univers. Il se dirige maintenant dans toute direction, sans un but précis, au gré de son inspiration divine.
Utpaladeva compare son pèlerinage libre et détaché dans la Conscience infinie de Dieu à l’errance des êtres soumis aux désirs inférieurs et qui vivent leur vie sans échapper à leur ego limité: “Certains errent, Dieu, complètement mécontents, à l’intérieur de leur ego limité. D’autres se baladent, ô, Dieu, complètement satisfaits, à l’intérieur du Soi.” – Utpaladeva
À ce stade, comme Utpaladeva le constate, l’ivresse de l’extase divine a tout envahi, même le corps physique qui, entièrement nourri et fortifié de l’intérieur par le nectar d’un amour extrêmement pur et intense, devient digne d’adorer Shiva.
Au-delà du corps physique, l’amour se manifeste dans un corps cosmique qui apparaît à son tour plein d’un bonheur infini: “Ceux qui T’aiment de tout leur être, heureux de T’adorer sans arrêt, vivent ici dans le fleuve du devenir (samsara), assaillis de tous les côtés par des vagues de la fraîche ambroisie qui proviennent de Ton corps.” – Utpaladeva.
yogaesoteric
2008
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