Syrie. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni jouent avec le feu et la guerre

 

Une photo partagée par l’armée syrienne montre une explosion aux abords de Damas (Syrie) samedi 14 avril.

Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont déclenché dans la nuit de vendredi à samedi des frappes contre le régime de Bachar al-Assad. La Russie condamne un acte qui sera suivi de conséquences. Amnesty internationale demande que « Toutes les précautions doivent être prises pour minimiser le tort causé aux civils dans les actions militaires. »

Les frappes militaires occidentales en Syrie reviennent à « insulter le président russe », un acte qui sera suivi de conséquences, a averti vendredi l’ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov. « Nous avions averti que de tels actions appelleraient des conséquences », a écrit le diplomate dans un communiqué. « Nos mises en garde ont été ignorées », a-t-il déploré, peu après que les Etats-Unis, la France et le Royaume Uni ont déclenché des frappes contre le régime de Bachar al-Assad, accusé d’avoir utilisé des armes chimiques contre des civils.

Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont déclenché dans la nuit de vendredi à samedi des frappes concertées en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad. L’état-major français a confié la mission de bombardement à plusieurs chasseurs Rafale. Londres a utilisé quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force, équipés de missiles Storm Shadow. Les Etats-Unis ont tiré des « types de munitions divers », dont des missiles de croisière Tomahawk. D’après Fox News, des bombardiers à long rayon d’action B-1 ont aussi été engagés. Le ministre américain de la défense Jim Mattis a précisé que les forces américaines avaient employé deux fois plus de munitions que pour la frappe américaine d’avril 2017 sur la base militaire d’Al-Chaayrate, près de Homs. La défense anti-aérienne syrienne est-elle entrée en action mais aucune perte humaine n’a été à déplorer côté américain, selon le Pentagone.

Les Britanniques ont indiqué avoir frappé un complexe militaire – une ancienne base de missiles – à 24 kilomètres à l’ouest de Homs, « où le régime est supposé conserver des armes chimiques ». Le président français Emmanuel Macron a souligné que les frappes françaises étaient « circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques ». Selon le général Joe Dunford, chef d’état-major américain, les forces occidentales ont visé trois cibles liées au programme d’armement chimique syrien, l’une près de Damas et les deux autres dans la région de Homs, dans le centre de la Syrie.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), des centres de recherche scientifique, « plusieurs bases militaires » et des locaux de la garde républicaine à Damas et ses environs ont été pris pour cibles. La télévision d’Etat syrienne a rapporté des « informations » selon lesquelles un « centre de recherches » dans le quartier de Barzé, dans le nord-est de Damas, avait été visé. La télévision d’Etat syrienne a affirmé que des missiles avaient été « interceptés » à Homs.

Les États-Unis, la France et la Grande Bretagne amé ont selon le Pentagone pris soin d’éviter de toucher les forces russes, massivement présentes dans le pays. Ce que les autorités ont confirmé.

Le communiqué publié samedi par l’Elysée précise que « la France et ses partenaires reprendront, dès aujourd’hui, leurs efforts aux Nations unies pour permettre la mise en place d’un mécanisme international d’établissement des responsabilités, prévenir l’impunité et empêcher toute velléité de récidive du régime syrien ».

« Depuis mai 2017, les priorités de la France en Syrie sont constantes : terminer la lutte contre Daech, permettre l’accès de l’aide humanitaire aux populations civiles, enclencher une dynamique collective pour parvenir à un règlement politique du conflit, afin que la Syrie retrouve enfin la paix, et veiller à la stabilité de la région », insiste-t-il avant d’ajouter : « je poursuivrai ces priorités avec détermination dans les jours et les semaines à venir ».

Le chef de l’Etat annonce aussi que, conformément à la Constitution, « le Parlement sera informé et un débat parlementaire sera organisé, suite à cette décision d’intervention de nos forces armées à l’étranger ».

« Un coup a été porté contre la capitale d’un Etat souverain qui a tenté pendant de nombreuses années de survivre au milieu d’une agression terroriste », a écrit sur Facebook la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Les frappes occidentales contre la Syrie interviennent « au moment où elle avait une chance d’avoir un avenir pacifique », a-t-elle déclaré. Elle se référait au fait que les forces gouvernementales syriennes soutenues par la Russie ont repris ces derniers mois une grande partie des territoires qui étaient tenus par les groupes rebelles.

L’opération conjointe a eu lieu une semaine après l’annonce d’une attaque chimique à Douma, près de Damas, attribuée par les Occidentaux aux forces gouvernementales et qui aurait fait plus de 40 morts. Maria Zakharova a déclaré que des médias occidentaux portaient une certaine responsabilité dans les frappes, dans la mesure où la Maison Blanche a déclaré s’appuyer notamment sur « de nombreuses sources dans les médias » pour justifier sa conviction de la culpabilité du pouvoir syrien. « Les médias américains et d’autres médias occidentaux doivent comprendre leur responsabilité dans ce qui vient de se passer », a dit la porte-parole russe.

L’Iran, principal allié régionale de Damas, a mis en garde samedi contre les « conséquences régionales » des frappes ciblées menées par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni contre la Syrie tout en les condamnant « fermement ».

« Les Etats-Unis et leurs alliés, sans aucune preuve et avant même une prise de position de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont menées cette action militaire (…) contre la Syrie et sont responsables des conséquences régionales de cette action aventuriste », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires, selon son canal Telegram.

Tout en reconnaissant que l’attaque chimique présumée attribuée au régime de Damas était une « abomination », certains élus démocrates, comme le sénateur Tim Kaine, considèrent que les frappes lancées dans la nuit de vendredi à samedi sont illégales. « La dernière chose que le Congrès devrait faire est de donner un chèque en blanc à ce président pour guerroyer contre n’importe qui, n’importe quand. Nous devons mettre des limites claires avant qu’il ne commence une autre guerre », a dit M. Kaine, qui fut candidat à la vice-présidence des Etats-Unis en 2016, en « ticket » avec Hillary Clinton. « Aujourd’hui, c’est une frappe contre la Syrie – qu’est-ce qui l’empêchera ensuite de bombarder l’Iran ou la Corée du Nord ? », a-t-il ajouté. À l’inverse, des élus républicains se sont félicités de la décision d’engager des frappes.
 
 
 
 

yogaesoteric

16 avril 2018

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