Un vieux sage dit (3)
Lisez la deuxième partie de cet article
Un sage prit la parole et dit : « Si nos pensées sont puissantes, nos paroles le sont aussi. Elles peuvent produire des dégâts et des miracles. Une seule parole peut anéantir une vie, comme lui redonner sens. La puissance du verbe est telle que des hommes qui savent le dominer peuvent entraîner des foules à leur suite, soulever des peuples entiers, bouleverser ou asservir des âmes. Apprenez, ô enfants des hommes, à maîtriser vos paroles. Pensez aux conséquences de vos propos.
Un homme rend visite à un vieux sage : “Maître, je dois te raconter comment se conduit ton disciple.
– Je t’arrête tout de suite ! interrompt le sage. As-tu passé ce que tu veux me dire à travers les trois tamis ?
– Trois tamis ? dit l’homme étonné.
– Tes propos doivent passer par les trois tamis. Le premier est celui de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?
– Non, je l’ai entendu dire et…
– Bon, alors tu as certainement fait passer tes propos à travers le deuxième tamis, celui de la bonté. Si ce n’est pas tout à fait vrai, ce que tu veux me dire est sans aucun doute quelque chose de bon ?
– Non, bien au contraire…
– Hum, passons tes propos au troisième tamis : est-ce que ce que tu as à me dire est utile…
– Utile ? Pas vraiment…
– Eh bien, conclut le vieux sage en souriant, si ce que tu as à me dire n’est ni vrai ni bon ni utile, je préfère ne pas l’entendre. Et quant à toi, je te conseille de l’oublier.” »
Un sage prit la parole et dit : « Soyez donc vigilants à vos pensées et à vos paroles, mais efforcez-vous aussi d’avoir des actes et un mode de vie justes. Car bien des hommes ont des pensées justes et tiennent de bonnes paroles, mais ne parviennent pas à conformer leurs actions à leurs pensées et à leurs paroles. Il est plus facile d’être sages en esprit qu’en actes. Il n’y a sans doute rien de plus difficile que de mettre parfaitement en cohérence nos pensées, nos paroles et nos actes. Soyez donc vigilants et interrogez-vous chaque soir : “Ai-je agi aujourd’hui en conformité avec mes convictions, mes intentions, mes principes de vie ?” Interrogez-vous aussi sur votre manière de vivre : “Est-elle bonne, juste, équilibrée ?” Quelle place accordez-vous chaque jour aux nécessaires soins du corps et de l’âme ? Au partage avec les autres ? »
Un sage prit la parole et dit : « Un vieux roi vient de mourir. Son fils unique monte sur le trône pour lui succéder. Conscient de son ignorance, il convoque les hommes les plus savants du royaume. Il leur demande de voyager à travers le monde pour rapporter toute la science et toute la sagesse connues à cette époque. Ils reviennent seize ans plus tard chargés de livres de toutes langues. Le roi réalise qu’une seule vie ne pourrait lui suffire pour tout lire, tout apprendre, tout comprendre. Il demande donc aux érudits de lire ces livres à sa place, puis d’en tirer l’essentiel et de rédiger pour chaque science un ouvrage accessible. Seize années passent encore avant que les savants constituent pour le roi une bibliothèque faite des seuls résumés de toute la science et de toute la sagesse humaine. Le roi devenu vieux comprend qu’il n’aura pas le temps de lire et d’intégrer tous ces ouvrages. Il prie donc les savants d’écrire un article par science, en allant à l’essentiel. Huit années passent. Fatigué et malade, le roi demande à chacun de résumer rapidement son article en une phrase. Quatre années furent encore nécessaires pour cette tâche.
À la fin, un seul livre est écrit qui contient une seule phrase sur chacune des sciences et des sagesses du monde. Au vieux conseiller qui lui apporte l’ouvrage, le roi mourant murmure : “Donne-moi une seule phrase qui résume tout ce savoir, toute cette sagesse. Juste une seule phrase avant que je ne meure !
– Sire, dit le conseiller, toute la sagesse du monde tient en deux mots : Vivre l’instant.” »
Un sage prit la parole et dit : « Aucune expérience n’est profitable si elle n’est pas vécue avec attention dans l’instant présent. Les défauts d’attention entraînent des difficultés physiologiques, émotionnelles et nous limitent dans notre développement spirituel. Entraînez-vous à maîtriser votre attention : soyez présent à tout ce que vous faites. Cette vigilance à vivre “ici et maintenant” réglera bien des problèmes physiques et émotionnels, mais ouvrira aussi vos cœurs, améliorera vos relations avec les autres, vous fera vivre des expériences spirituelles fortes. Car la qualité d’attention que nous mettons en œuvre se répercute sur les rythmes électriques du cerveau, ce qui a des répercussions sur tout l’organisme : tension musculaire, rythmes cardiaque et respiratoire… mais aussi perception, mémoire, bien-être.
La qualité de notre présence au monde est déterminante pour tout notre équilibre émotionnel, psychologique et spirituel. Et c’est aussi en étant vraiment là, absorbé dans la rencontre avec les autres ou avec le monde, que l’on savoure l’Âme du monde. Être attentif, dans l’instant présent, à ce que nous faisons, à ce que nous ressentons, avec qui nous sommes : voilà une des clés les plus importantes de la vie bonne. »
Un sage prit la parole et dit : « Écoutez, ô enfants des hommes, le septième noble enseignement sur l’acceptation de ce qui est. L’attitude la plus importante, la voie royale, celle qui est le couronnement de la sagesse, c’est d’acquiescer à la vie. C’est d’accepter le réel. Ne pas refuser ce qui se présente. Certaines choses peuvent et doivent être changées. Mais commençons par dire “oui” à la vie. Une maladie survient : acceptons-la et faisons ce qu’il faut pour guérir. Nous pouvons à juste titre ressentir colère et tristesse, mais dépassons-les. Nous n’aimons pas tel trait de notre physique ou tel défaut de notre caractère ? Commençons par nous accepter et nous aimer tels que nous sommes, tels que la vie nous a dotés. Mettons ensuite en œuvre ce qu’il est possible de faire pour changer ce trait disgracieux ou améliorer ce défaut. Parfois nous sommes impuissants, car certaines choses ne dépendent pas de nous. Cela nous pousse à apprendre le “lâcher-prise”, à ne pas vouloir tout contrôler, à grandir dans la confiance, dans le détachement, dans l’humilité, dans la sérénité, dans l’amour. »
Un sage prit la parole et dit : « Bien souvent, nous rejetons la vie et nous croyons que c’est elle qui nous rejette. Lorsqu’une maladie ou une épreuve survient, nous sommes en colère contre la vie. Pourtant il arrive parfois que cette difficulté soit la conséquence de nos propres actes ou qu’elle nous soit envoyée pour nous faire bouger. C’est parce que nous nous sommes fermés à la vie, au changement, au réel, que bien des obstacles surgissent. Ils sont là pour nous faire évoluer. Pour nous faire prendre conscience que quelque chose n’est pas juste dans notre existence. Que nous avons refoulé dans notre inconscient un événement que nous refusons d’admettre. Mais au lieu de lire ces obstacles comme des signes de la vie, trop souvent nous nous fermons dans le refus et la crispation. Alors la souffrance ne fait qu’empirer. »
Un sage prit la parole : « Un ancien maître de la sagesse a dit : “Ne demande pas que les événements arrivent comme tu le souhaites, mais souhaite-les comme ils arrivent et tu seras heureux.” »
Un sage prit la parole et dit : « Ce ne sont pas les éléments extérieurs qu’il faut chercher à changer, mais nos pensées et nos croyances qui conditionnent en grande partie ce qui nous arrive. “Nous sommes ce que nous pensons”, disait un ancien Maître de la sagesse. Nos croyances et nos pensées influent de manière décisive sur le cours de notre existence. Bien souvent, ce que nous croyons ou ce que nous pensons devient notre réalité. Et nous filtrons aussi le réel en ne percevant en lui que ce qui vient confirmer nos croyances. Un homme pessimiste voit partout dans le monde des signes négatifs qui confirment son pessimisme. Un homme optimiste voit partout des signes d’espoir qui confirment son optimisme. Et la force de nos croyances ira jusqu’à produire des événements qui les confirmeront. Un homme craintif a beaucoup plus de chance de se faire agresser qu’un homme sans peur. Un homme complexé de se faire rejeter qu’un homme sûr de lui. C’est notre vision de nous-mêmes et du monde qui conditionne une bonne part des événements qui nous arrivent.
Un homme imbu de lui-même fait couvrir de miroirs les murs et le plafond de sa chambre. Aimant s’y enfermer pour y contempler son image, il en ressort chaque fois plein d’assurance, prêt à affronter le monde. Un matin, il quitte la pièce en oubliant de refermer la porte. Son chien y entre. Voyant d’autres chiens, il les renifle, grogne, menace ; comme les reflets le menacent aussi, il se rue sur eux en aboyant furieusement. Combat violent : les batailles contre soi-même sont les plus terribles ! Le chien meurt d’épuisement. Un sage passe par là tandis que le maître du chien, attristé, fait condamner la porte de la chambre. “Laissez ouverte cette pièce, lui dit-il. Elle a beaucoup à vous apprendre.
– Que voulez-vous dire ?
– Le monde est aussi neutre que ces miroirs. Selon que nous sommes admiratifs ou peureux, il nous renvoie ce que nous lui donnons. Soyez heureux, le monde l’est. Soyez anxieux, il l’est aussi. Nous y combattons continuellement nos reflets et nous mourons dans la lutte contre nous-mêmes. Écoutez ceci : dans chaque être et chaque instant, heureux ou douloureux, facile ou difficile, nous ne voyons jamais que notre seule image.” »
Un sage prit la parole et dit : « Accepte les grandes lois de la vie et rien ne te troublera. La première, c’est que tout acte produit un effet : tu récoltes souvent ce que tu as semé. Consciemment ou inconsciemment, par tes actes ou par tes pensées, en cette vie, ou peut-être en une autre. N’accuse pas la vie ou les autres. La seconde, c’est que tout est impermanent, éphémère, en perpétuel changement. Ne te crispe pas sur une illusion de stabilité et de sécurité. Accepte le changement, l’incertitude, la mort. Alors ton coeur sera toujours en paix. »
Lisez la quatrieme partie de cet article
yogaesoteric
30 mars 2019