Une carence en vitamine D favorise le cancer du sein
L’action antitumorale de cette vitamine produite par le corps après exposition au soleil est désormais établie. De plus, sa présence dans le sang aurait un effet protecteur chez les femmes déjà atteintes de la maladie, selon un extrait du nº 827 de Sciences et Avenir.
L’exercice physique : c’était le seul facteur protecteur connu contre le cancer du sein, le plus meurtrier dans le monde pour les femmes avec plus de 1,7 million de nouveaux cas (49.000 en France) par an. Plusieurs études soulignent désormais qu’un déficit en vitamine D est souvent associé à son apparition, ainsi qu’à celle de plusieurs autres cancers (prostate et tumeurs liées au tabagisme). Une étude menée en Arabie saoudite auprès de 40 femmes atteintes d’un cancer du sein vient étayer cette hypothèse.
Dans ce pays, où la maladie est très fréquente, l’application draconienne de la loi islamique interdit aux femmes de découvrir leur peau. Or l’exposition au soleil est le principal moyen pour le corps de produire de la vitamine D. De fait, l’étude a montré que les femmes carencées en vitamine D présentaient près de trois fois plus souvent la forme la plus mortelle du cancer du sein que celles indemnes de ce déficit. Autres indices : les pays de l’hémisphère Nord, les moins exposés au soleil, sont parmi les plus touchés par le cancer du sein ; il en est de même pour les femmes afro-américaines dont la coloration de la peau est un obstacle à la synthèse de vitamine D dans des régions de faible intensité lumineuse. Malheureusement, pour la prévention, les études manquent. « Aucune n’a encore vérifié directement si l’apport en vitamine D peut réduire l’incidence du cancer, regrette ainsi Jean-Claude Souberbielle, spécialiste de la vitamine D à l’hôpital Necker, à Paris. Seules des études indirectes sur des femmes traitées pour ostéoporose avec la vitamine D et du calcium révèlent un effet positif, mais relativement modeste. »
Elle supprime la prolifération des cellules malignes
D’autres arguments, non plus épidémiologiques mais cellulaires, renforcent l’hypothèse d’une action antitumorale de la vitamine D. Ajoutée à des cellules cancéreuses, elle supprime leur prolifération in vitro. Elle a aussi une puissante activité anti-inflammatoire qui peut retarder l’apparition du cancer chez l’animal. Cette action antitumorale était déjà connue pour le cancer colorectal où, selon Mathilde Touvier, chercheuse en épidémiologie nutritionnelle de l’Inserm à Paris, « les preuves s’accumulent et cela indépendamment de l’activité physique ou du poids du patient ». « Pour le cancer du sein en revanche, un tel effet n’est pas encore établi, probablement parce que d’autres facteurs interviennent dans le déclenchement de la maladie suivant les groupes de femmes étudiées », poursuit-elle. Pour en avoir le coeur net, une vaste étude américaine baptisée VITAL est donc en cours sur 25.000 volontaires âgés de plus de 50 ans. Elle a testé si un apport quotidien de vitamine D par voie orale pourrait réduire l’incidence du cancer du sein et celle d’autres cancers. L’espoir est permis car un possible effet protecteur de la vitamine D chez les femmes déjà atteintes d’un cancer du sein apparaît plus clairement. Plusieurs études ont montré que la mortalité était plus faible chez les patientes ayant le plus fort taux de vitamine D dans le sang. Cette association a été retrouvée pour d’autres cancers tels que ceux du côlon, du poumon, de la prostate ou du sang. De très faibles teneurs en vitamine D dans le sang sont en outre le signe d’un mauvais pronostic pour la maladie.
Des essais cliniques sont en cours
Pour déterminer si un apport en vitamine D peut avoir un effet positif sur la survie de patients après leur cancer, et notamment celui du sein, plusieurs essais cliniques sont en cours dans le monde. « Déjà, toutes les femmes traitées pour un cancer du sein avec des médicaments bloquant la synthèse d’oestrogènes devraient aussi recevoir de la vitamine D avec du calcium pour les protéger du risque d’ostéoporose, insiste Jean-Claude Souberbielle. Et cela d’autant plus si elles présentent un faible taux initial de vitamine D dans le sang. » En attendant les résultats de ces différentes études, il est bon de rappeler qu’un régime alimentaire riche en vitamine D est particulièrement recommandé en hiver, quand l’ensoleillement sous nos latitudes n’est plus assez intense.
yogaesoteric
30 septembre 2017
Also available in: English