Yeshe Tsogyel
Yeshe Tsogyel est parfois considérée comme une réincarnation de la mère du Bouddha et assimilée à d’autres déités comme Vajravarahi, Sarasvati, Tara, Vajrayogini, Prajnaparamita ou Samantabhadri.
Yeshe Tsogyel vécut au 8ème siècle. Elle était l’épouse mystique et disciple du grand yogi et maître Padmasambhava. Elle est considérée comme un bouddha dans la tradition nyingma. Son nom signifie « sagesse primordiale – lac – vainqueur ou souverain », parfois traduit comme « Victorieux océan de sagesse », on la connaît aussi sous le nom de Dame de Kharchen ou Reine du lac de Karchen.
Elle aurait été une princesse de Karchen et épouse du roi du Tibet, Trisong Detsen, lequel l’aurait « offerte » en hommage à son enseignant, Padmasambava.
Des légendes rapportent qu’à sa naissance un mantra sanskrit résonna à travers le ciel, tandis qu’un lac se formait spontanément.
Durant sa vie auprès de Padmasambhava, elle recueillit ses enseignements dans l’alphabet crypté des Dakinis puis les dissimula en attendant des temps plus propices à leur réception. Dans la tradition nyingma, elle révèle en rêve ou en vision aux tertöns des terma (des enseignements cachés) de Padmasambhava, dont la Sphère du cœur ( Longchen Nyingthig), base du dzogchen, révélée à Jigme Lingpa (1729–1798), et se trouve au centre de méditations sadhana. Les yoginis tibétaines célèbres sont souvent considérées comme son émanation. Son personnage dans la littérature religieuse offre un modèle d’identification aux pratiquantes et incarne l’introduction du bouddhisme au Tibet.
En 795, selon Samten Lingpa, après la mort de Padmasambava, Yeshe Tsogyel se serait rendue au Népal sur la demande de Padamasambava avant de mourir, où elle prit à son tour un parèdre en la personne d’Atsara Sahle. Ils poursuivirent une vie d’ermites dans des grottes de montagne, toutefois Yeshe Tsogyel était souvent seule l’hiver car son compagnon, originaire de la vallée de Katmandou, n’avait pas la résistance des Tibétains. Après avoir affronté ses dernières épreuves, dont un assaut de visions comparables à celles que vit Gautama sous l’arbre de la bodhi, elle devint elle-même bouddha. À la fin de sa vie terrestre, Yeshe Tsogyel réalisa le corps d’arc-en-ciel et disparut dans l’espace sans laisser de trace.
Deux textes révélés lui sont attribués, un prétendûment dicté à Namkhai Nyingpo, l’un des 25 disciples, Bod kyi jo mo Ye-she Mtsho-rygal, et une biographie de Padmasambhava (Padma bka than).
Elle écrivit aussi Le Bardo Thodol, Le Livre des Morts Tibétain composé par Padmasambhava.
Les derniers mots de Padmasambava pour Yeshe Tsogyel
Lorsque Gourou Rinpoché quitta ce monde afin d’apprivoiser d’autres êtres, Yeshe Tsogyel, sa disciple femme de coeur, l’implora désespérément en pleurant. Elle éparpilla treize pleines mains de poussière d’or sur le corps du gourou. Et lui, chevauchant sur un rayon, dit :
« Kyema ! Écoutez-moi, femme, mer de qualités ! Moi, celui qui est né d’un lotus, m’en vais pour discipliner les ogres ! Celui qui, grâce à la perfection du Triple Kaya, est plein d’énergie dans ses actions, ne peut être comparé aux êtres qui se dissolvent comme des bulles (de savon). Si la naissance et la mort vous inquiètent, donnez-vous au Dharma sacré. Maîtrisez la Création et l’Accomplissement, les canaux et les vents : cela seul permet de vaincre la naissance et la mort.
Kyema ! Écoutez-moi, Dame vertueuse et plaine de croyance ! Moi, né dans un lotus, vis aujourd’hui pour le bienfait des autres. Ma compassion est impartiale, concernée par tout ; je ne peux être comparé aux êtres aveuglés par leurs illusions. Pratiquez Gourou yoga si vous voulez êtres en permanence avec moi. Avec une perception pure, tout apparaît comme étant le Maître : il n’y a pas d’autre enseignement sur l’inséparabilité.
Kyema ! Écoutez-moi, Dame belle à regarder ! Moi, né dans un lotus, m’en vais enseigner pour le bien d’autres (êtres). Ma forme, immaculée, suprême, d’où toutes les impuretés ont disparues, ne peut être comparée avec celle d’êtres guidés par leur karma maléfique. J’ai rempli le Tibet de siddhas, les enfants de mes enseignements. Lorsque vous percevez l’impermanence, méditez sur mahamoudra. Libérant, dés qu’elles apparaissent, les perceptions de samsara et nirvana, il n’y a pas meilleure façon de surveiller le vent du karma.
Kyema ! Écoutez-moi, fille jeune et fidèle ! Moi, né dans un lotus, prêcherai le Dharma au pays des ogres. Ma forme adamantine sans défaut, surpassant les changements, ne peut être comparée avec celles des êtres torturés par les maladies. Je rempli le Tibet avec le Dharma, dans la terre et par dessus. Si vous êtes assidue dans la pratique et les instructions, le Dharma ne manquera jamais. Écouter, méditer, étudier : si vous maintenez ainsi les enseignements du Bouddha et réalisez naturellement votre bien et celui des autres, il n’y aura pas de meilleure façon d’inverser le “ devenir ”.
Kyema ! Écoutez-moi, princesse, femme de Kharchen ! Moi, né dans un lotus, m’en vais au royaume de la Lumière du Lotus. Convoqué par la sagesse des Bouddhas du passé, du présent et à venir, je ne peux être comparé aux êtres guidés par le Seigneur de la Mort. Dans le corps suprême d’une femme vous avez acquis les accomplissements, votre esprit-même est le Seigneur ; demandez lui les initiations et les bénédictions. Il n’y a pas d’autre régent du Gourou du Lotus.
Kyema ! Écoutez-moi, maîtresse Yeshe Tsogyel ! Moi, né dans un lotus, vais m’en aller au royaume de la Grande Félicité. Sublime et immortel, résidant dans la sphère de la vacuité. Je ne peux être comparé avec ceux dont l’esprit s’abandonne à leur corps. Grâce aux instructions profondes, Tsogyel est maintenant libre : Méditez sur la Grande Perfection, qui éteint la forme de la chair. Priez et méditez pour éliminer les obstacles et amener la progression ; Vos obstacles seront éclatés uniquement par la compassion du Gourou.
Kyema ! Écoutez-moi, ardente lumière bleue, véritable dakini ! Je vous ai accordé par le passé de nombreux conseils et instructions. Tout est réuni dans ce point clé : pratiquez Gourou yoga.
Au dessus de la couronne (de votre tête), de la taille d’une coudée,
Sur un lotus et une lune, enveloppé dans la lumière de l’arc-en-ciel.
Moi, né dans un lotus, réside, l’enseignant de tous les êtres.
Je possède deux faits établis, mes deux mains portent un vajra et un bol en forme de crane.
Je porte une sous-robe, un manteau de brocart.
Une tunique et la robe du Dharma, un châle fait de pièces et une cape : les signes de tous les véhicules de la pratique.
Le lotus en plume de vautour sur ma tête, et mes ornements sont des boucles d’oreilles et un collier précieux.
Je suis assis dans la position du vajra, j’irradie de la lumière, et porte les marques majeures et mineures de la bouddhéité.
Encerclé par un arc-en-ciel de cinq nuances, le chatoiement des dakinis, avec limpidité et clarté j’apparais, le rayonnement brillant de l’esprit-même.
Lorsque vous me voyez clairement, réalisez l’initiation,
Et restez durablement dans la Vue.
Jusqu’à ce que vous puissiez me voir ainsi, continuez la méditation.
Récitez le mantra quintessenciel Gourou Siddhi,
Et à la fin, laissez votre corps, parole et esprit
Se mélanger avec le Gourou.
Appelez-moi à l’aide de prières et de dédicaces,
Et restez dans la Grande Perfection,
La sphère essentielle au delà de l’action.
Rien ne surpassera cela, maîtresse Tsogyel !
La compassion de Padmasambhava jamais ne décline ni ne s’écoule ;
Les rayons de ma compassion pour le Tibet ne peuvent être tranchés.
Ainsi je suis devant tous ceux qui me prieront !
Jamais ne me séparerai de ceux qui ont la foi.
A ceux possédant des vues faibles je suis caché,
Et pourtant je me tiens devant eux
Mes enfants à venir sont à jamais protégés par mon amour. »
yogaesoteric
29 octobre 2017
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