Yoga et foi religieuse
Texte de Gregorian Bivolaru
reproduit du cahier du camp spirituel
Costinesti 2000
Les sages yogis considèrent que « pouvoir » est synonyme, au préalable, avec « croire » intensément et avec beaucoup de force dans les possibilités illimitées de notre esprit, qui doit être complètement en harmonie avec tout le macro cosmos. Mais, si en effet, « savoir » est le vrai équivalent à « pouvoir », l’action de croire puissamment représente beaucoup plus que ça, car elle exprime l’accès au pouvoir divin infini. En conséquence d’ici provient même le miracle de la guérison de nombreuses maladies, qui, en effet sont des transgressions des lois divines, des maladies qui parfois se manifestent comme un déficit d’immunité en face d’un agresseur externe ou interne.
La confiance en nous même, que nous sommes en réalité des noyaux divins, signifie, finalement, une forte confiance en Dieu. Aucun événement extérieur ou réalisation intérieure ne peut pas être influencé sans une ferme confiance en nos propres forces, en nos propres capacités et talents. Autrement dit, il faut que nous soyons optimistes au plus haut degré possible, car juste ainsi nous réussirons à optimiser au maximum notre existence et notre comportement, en commençant par cette attitude de confiance entière, qui va déclencher le processus de résonance avec des énergies bénéfiques infinies qui proviennent de Dieu et qui peuvent se manifester par nous.
Il faut qu’on précise néanmoins que cette confiance intense et sans conditions en Dieu n’est pas du tout synonyme de « prouver », « démontrer », « être évident », et n’est pas une conséquence de ces derniers. Spirituellement, la syntagme « croire en Dieu parce que…»n’a presque aucun sens. Au contraire, « croire intensément en Dieu » signifie au préalable, croire en Dieu malgré certaines situations qui apparemment suggérèrent le contraire ; « croire en Dieu » signifie croire en Lui malgré les statistiques, malgré les probabilités, les numéros, etc. Ainsi « croire » est un verbe adversatif, une provocation, réalisée par tout ce qui est divin en l’Homme, un défi adressé au monde, adressé à toutes les directives crétines et à toutes les méchancetés, adressé à tous les impôts injustes qui sont apparemment inexorables. Cependant nous croyons intensément en nous même et en Dieu, malgré l’existence de la mort, malgré les maladies, les souffrances, l’injustice, les crimes, la torture, la délation, le sadisme etc. En dépit de ce spectacle affreux que l’humanité affiche au présent, quelque chose d’intime dans notre âme suit la voie mystérieuse de la foi ferme en Dieu.
Croire vraiment en nous même et en Dieu supprime toutes les réserves, toutes les motivations. « L’apparition brusquement d’un immense oiseau rouge tombé du ciel – écrivit Kierkegaard – pourrait mettre les hommes face à face à un événement extraordinaire et sensationnel, qui ne leur permettrait plus de ne se rendre compte qu’ils ont devant eux un signe divin indiscutable, un des signes qui sont demandés avec insistance par les pharisiens, par les scribes et par les érudits. La descente de la croix par Jésus Christ au Golgotha, aurait pu être cet immense oiseau coloré, ainsi tous les prélats et tous ce qui étaient là bas, n’auraient pu rien faire d’autre que s’agenouiller et chanter des ovations ».
Mais, Dieu n’agit pas de cette manière et ce n’est pas comme ça que Jésus a compris le syntagme « croire en Dieu » chaque fois qu’il en a parlé et quand il s’est adressé à Thomas, huit jours après la Résurrection. Les textes anciens, tant chrétiens que ceux appartenant aux autres religions et traditions spirituelles de l’humanité, montrent que cette parole –la foi- ( qui directement proportionnelle avec sa force peut déclencher et maintenir la résonance) est au-dessus de toutes les preuves, des faits constatés, des signes ou des objets visibles. La compréhension de ces événements essentiels concernant la vraie foi en Dieu est extrêmement importante. « On va voir et puis on va croire » disaient les prélats, or c’est une contradiction incroyable ici, car s’ils avaient besoin de voir, il n’y avait aucun sens à dire qu’ils croyaient en Dieu sans conditions. En conséquence, dans cette situation ils ne pouvaient plus croire vraiment en Dieu au moment où ils « voyaient avec leurs yeux » les phénomènes qui leur donnaient le sentiment rationnel de foi en Dieu, la présence de son irrésistible pouvoir qui peut annuler tout type d’hésitation.
En réalité croire en Dieu sans conditions, signifie de ne pas voir avec les yeux physiques. L’apôtre Paul affirme clairement : « L’espoir qui se voit, n’est plus un espoir. Comment peut-on espérer en quelque chose qu’on puisse voir ? »( Romains,8, 24) Or : « La foi est la certitude et la preuve des choses invisibles, autrement dit, subtiles et spirituelles »(Hébreux,11,1). Le même apôtre nous montre la voie pour atteindre une véritable foi en Dieu : « Sans regarder tout ce qui se voit,( nous ajoutons ici « regarder » avec transfiguration) mais regarder tout ce qui ne se voit pas »( Corinthiens, 4, 18).
Dans les textes chrétiens la vraie foi en Dieu est liée avec trois autres éléments très importants : la liberté ( qui est l’opposé de l’esclavage ), l’esprit ( qui est l’opposé de la lettre) et la joie extatique (qui est l’opposé du dépit ou de la tristesse).
Le yoga aussi affirme que la foi dans notre réalité divine, dans notre esprit éternel Atman et dans notre Père, ne doit pas s’appuyer ni sur la raison, ni sur les perceptions de nos sens, qui pourraient créer l’illusion de certaines certitudes inexorables. La vraie foi est liée à un fort sentiment intérieur, d’un état d’assurance absolue, qui est n’est acquise que par des épreuves spirituelles intérieures.
Certes, le verbe « croire » à la base de la religion et de la spiritualité paraît étrange ; pourquoi un vocable si difficile à comprendre et à définir doit-il se constituer dans le noyau de chaque voie authentique spirituelle? Les grands esprits réincarnés sur cette planète n’auraient-ils pu trouver un autre mot, moins mystérieux, plus accessible à la compréhension des foules, et, pourquoi pas, moins scandaleux et moins déroutant pour les hommes de sciences, pour les rationalistes et les logiciens, qui ne sont pas tous quand même de l’autre côté de la barricade, autrement dit, verrouillés aux préjugés ?
Le message essentiel est qu’on ne doit jamais se laisser tenter par le charme ou par l’obsession de la recherche et de la découverte des preuves matérielles. Sans doute qu’elles peuvent être utiles à certains hommes, mais, de toute façon elles n’ont aucune valeur pour ceux qui savent que « Dieu n’a pas voulu fonder son empire spirituel sur le sable des illusions (c’est à dire : scientifiques, historiques, etc.), mais sur la roche de granit de la foi authentique ».
Pour les yogis, la foi signifie, en réalité, l’entrée et le maintien en état de résonance avec l’aspect auquel nous croyons.
Si par une foi authentique et sans conditions en notre esprit éternel et en Dieu, nous pouvons nous approcher de la mystérieuse et divine réalité de Dieu, si la foi est la voie pour l’extase de la libération spirituelle, ce n’est pas moins vrai que, une foi sans certains faits que l’on certifie, reste une foi morte.
En effet, la vraie foi n’a besoin d’aucune preuve, mais elle a besoin d’être prouvée. Les actions bénéfiques et spirituelles qui sont accomplies complètement d’une manière détachée, métamorphosent alors notre foi en un véritable pouvoir créateur, et rendent en même temps, le potentiel énergétique et spirituel nécessaires pour transformer les états merveilleux en réalisations sublimes, les idées positives en « idées-forces » capables de changer l’humanité.
Comme on peut le constater, Jésus Christ lui-même a éprouvé la foi des aveugles, en leur demandant en préalable : «Croyez-vous que je puisse faire ça ?» Dans ce célèbre épisode biblique on voit clairement que l’accomplissement d’un miracle implique toujours une foi sans conditions logiques de la part de ceux qui sont en situation. L’aide de Dieu et l’accomplissement des miracles sont toujours liés à la foi. Ainsi, il est clair que la Grâce Divine elle-même se manifeste dans un champ d’effet de la résonance.
Dans une telle situation, Jésus Christ a dit : « Après votre foi vous en aurez ». Donc, l’aide divine nous est accordée directement de façon proportionnelle à notre foi. Plus notre foi est grande, plus son aide sera accomplie pour nous.
yogaesoteric
