2. L’expansion du champ de la conscience en Tantra Yoga
un article de Gregorian Bivolaru
Notre conscience commune, limitée au jeu du mental et de l’intellect, nous permet une certaine perception du monde. Elle nous permet aussi d’élaborer des concepts en liaison avec ce sujet et nous donne la possibilité de lui emprunter par RÉSONANCE la réalité qui nous convient pour nous rassurer nous-mêmes. En tout cas, cette perception, que nous pouvons qualifier comme ”ordinaire” est toujours strictement individuelle..
Si nous élargissons suffisamment notre champ de conscience, autrement dit, si nous transformons notre registre de perception, ne permettant plus l’intervention limitatrice du mental, de la raison et de l’observation classique – notre perception devient alors non-ordinaire (extraordinaire), mais elle continue à rester individuelle. Elle n’appartient plus à un ”moi” limité à une simple personnalité à cause des tentations du mental et des sens, mais elle acquiert une dimension impersonnelle, nous révélant comme par miracle notre relation intime avec le Tout, de même que l’évidence selon laquelle notre individualité secrète, le corps et notre psychisme, loin d’être autonomes, sont en permanence contenus dans ce Tout. Dans une étape ultérieure, elle arrive à nous révéler notre identité plénière avec cette totalité, et alors nous devenons capables de percevoir le fait qu’en réalité nous contenons en nous, en tant que MICROCOSME, tout l’univers (MACROCOSME).
Mais il ne s’agit pas de nous tromper: pour le moment, notre perception se réduit à notre pensée. Si la pensée s’arrête, le monde disparaît pour nous – ce qui ne veut pas du tout dire qu’il est irréel! – mais que le monde que nous appelons ”objectif” est en réalité une création constante de notre pensée (qui fait entrer en action des processus de RÉSONANCE) ; autrement dit, un acte de mémoire collective qui se répète dans chaque individu.
Sous la torpeur de la routine habituelle, nous sommes souvent arrivés à ne plus nous émerveiller pas même devant la seule évidence fondamentale,: ”je suis”. Moi-même, seul, je perçois le monde. Personne d’autre que moi. Et chacun de nous perçoit le monde de cette façon, en se trouvant même au plus bas niveau de la conscience ; à travers ce Moi, à travers de ce “Je suis”. Il suffit de nous endormir pour que le monde disparaisse pour nous. Car dites-moi : où est le monde lorsque nous dormons profondément?
Bien sûr, lorsque nous nous réveillons, nous le retrouvons à la même place, bien qu’il semblait qu’il se soit évaporé ; la mémoire collective l’a conservé. Les amis et nos proches qui n’ont pas dormi en même temps que nous, nous assurerons qu’en fait tout a continué durant notre sommeil. Pourtant leur témoignage et le fait de retrouver le monde après l’éveil ne peuvent pas constituer des preuves suffisantes. Il reste certain qu’en absence de la perception et de la pensée, le monde disparaît purement et simplement pour nous. Le seul qui peut avoir l’expérience de la Réalité c’est moi (chacun en partie). Sans cette extraordinaire sensation de je suis, tout disparaît pour nous.
Le nœud central et la clef du problème, si bien sûr vous êtes d’accord avec moi qu’un tel problème existe, se retrouvent dans ce point. Même la moindre sensation ou perception ne peut pas vraiment être partagée uniquement par recit verbale ou par écrit. Ceux qui s’imaginent le contraire tombent dans le piège de la soi -disant « communication », notion très en vogue, mais qui le plus souvent est superficielle et fausse. Alors il n’est en fait question que de banales consolations, d’échanges d’idées, réconfortantes peut-être, mais dans une certaine mesure stériles. En réalité, à l’exception des états de communion et d’empathie qui sont liés aux ineffables processus de résonance, nous ne communiquons pas, car cela est presque impossible. Nous sommes irrémédiablement seuls. La plupart comprennent cela seulement à l’approche de la mort!
La réalité est ”ce qui est”, autrement dit une totalité sans division et pas du tout une somme de plusieurs parties ; et nous pouvons expérimenter cette uniformité à chaque fois que nous percevons le fait que “je suis”. Ainsi, la réalité est contenue par chacun de nous, entièrement et sans discontinuité. Mais notre état de prisonniers dans le sommeil de la dualité, état pourtant nécessaire pour que le monde existe ainsi, créant une distorsion. L’expérience globale de “je suis” se dégrade ainsi et devient l’expérience de l’ego, une expérience de la confrontation et de l’altérité.
Par conséquent, dans ce sens il est impossible d’offrir une explication radicale par les mots et la raison; car au-delà de ceci il n’y a rien à comprendre. Notre seule chance que le TANTRA (à côté des autres voies spirituelles) nous offre est de nous éveiller.
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