AYNI – loi naturelle de la réciprocité


Le concept d’AYNI peut s’apparenter à ce que l’on appelle « prix » dans les sociétés modernes. Il s’en éloigne cependant grandement car le concept ne tourne pas uniquement d’un montant d’argent fixé mais d’un échange d’énergie entre la personne qui rend le service et celui qui reçoit. L’interaction est alors bien plus humaine et inspirante.

Dans les Andes (Amérique du Sud), les lois qui régissent les cultures traditionnelles sont reliées à l’Amour Divin du Cosmos et la célébration de la vie. En pratiquant ces lois naturelles basées sur l’amour inconditionnel et la réciprocité équivalente, on élève le niveau de confiance et l’on appelle à la joie et l’abondance de l’Univers.

Les lois andines s’opposent aux lois humaines qui se basent sur le mental, et la peur. En abandonnant la liberté pour la sécurité, on a abolit la notion de travail collectif et d’entraide au profit d’une accumulation personnelle de richesses matérielles. L’AYNI rappelle donc la base de l’échange : pour tout ce qui est reçu il faut donner en équivalence. L’exemple le plus probant est la relation à la nature, la PACHAMAMA, c’est en prenant soin d’elle qu’elle offre en retour fruit, légumes, matériel de construction pour se mettre à l’abri des besoins essentiels. Tout est à portée de l’humain qui sait chérir la Mère Nourricière.

La réciprocité doit être équivalente à la dépense énergétique engagée. La récompense doit être à la hauteur de l’effort fourni. Une aventure lancée, un projet qui en nourrira d’autres, des sourires et de la gratitude, un toit sur la tête pendant la période de travail, des repas chauds et savoureux, des expériences uniques et inspirantes… Tout peut s’échanger et tout peut devenir récompense.

Aujourd’hui pour toi, demain pour moi

Depuis des temps immémoriaux, l’AYNI est la règle qui maintient la cohésion et l’harmonie dans les Andes. L’AYNI est un principe de réciprocité mutuelle qui fonctionne sur le modèle suivant : il faut donner pour recevoir. Chaque action réalisée pour autrui attend une réponse équivalente.

Si une personne a besoin d’aide pour construire sa maison, les autres membres du village vont venir l’aider. En retour la personne est engagée moralement à offrir son appui à ceux qui l’on aidée.

Ce principe de réciprocité fonctionne principalement au niveau de la sphère familiale mais s’étend aussi aux relations avec l’ensemble des membres de la communauté. L’AYNI est utilisé pour tout type de tâches ou de services : du travail des champs à la préparation du pain en passant par de l’aide économique (pour financer l’organisation d’un mariage par exemple). Aujourd’hui pour toi, demain pour moi !

L’altitude, le froid glaçant la nuit et le soleil brûlant la journée rendent les conditions de vie dans les villages andins extrêmement difficiles. La cohésion et l’harmonie de la communauté se maintiennent toutefois grâce à cette entraide mutuelle.

Au temps des Incas, l’AYNI fut utilisé comme principe de base du fonctionnement et de la gestion de l’empire du Tahuantinsuyo. Il a permis d’assurer une bonne distribution de la nourriture et de maintenir ainsi de bonnes conditions de vie pour l’ensemble des citoyens de ce vaste empire qui s’étendait de la Colombie jusqu’au sud du Chili.

Dans la pensée andine, toutes les choses ont une vie et toutes les choses sont reliées entre elles. La terre alimente les plantes, qui produisent de l’oxygène pour assurer la vie des animaux qui à leur tour vont contribuer à maintenir la fertilité (pollinisation, engrais, aération des sols, etc.). Il existe un véritable flux de relations et d’énergie entre les différents éléments de la nature basée sur le principe essentiel du « donner pour recevoir ».

Les hommes ont donc la responsabilité d’entretenir l’AYNI avec l’ensemble des formes de vie présentes sur la terre. Ils « alimentent » la Pacha (la Terre Mère), les Apus (les montagnes sacrées), ou encore les divinités des rivières à travers d’offrandes, afin d’obtenir en échange l’abondance des récoltes ou la protection contre les intempéries.

Il n’y aucune obligation à respecter l’AYNI. Il s’agit d’une responsabilité morale propre. Si une personne n’entre pas dans le système de réciprocité, un déséquilibre est créé. A terme cette attitude met en danger la cohésion de la communauté et va affecter profondément l’harmonie avec l’environnement.

Dans le contexte de la quinzaine du commerce équitable, il serait intéressant de s’interroger réellement sur le sens du mot équitable. Au-delà de la problématique des prix, le défi soulevé est beaucoup plus vaste et complexe. Comment repenser la relation avec les autres et avec la nature ? La sagesse des peuples andins peut être sur ce point éclairant !

yogaesoteric
8 janvier 2020

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