Champignons médicinaux : La phytothérapie « non verte »

On dit qu’ils seront à l’origine d’un véritable renouveau de la pharmacopée mondiale au cours de ce siècle. Les experts parlent même d’une « révolution non-verte ». Les champignons sont des êtres vivants tout à fait singuliers : ce ne sont ni des végétaux, ni des animaux. Mais ils sont partout et totalement indispensables au processus de la vie, comme à celui de la mort. Dans le monde entier, on étudie aujourd’hui leurs propriétés médicinales étonnantes, en particulier, dans le traitement des maladies dégénératives et du cancer, mais aussi pour venir à bout de nombreuses pathologies moins lourdes.

Quelle est la véritable nature des champignons ?

Inclassables dans les autres catégories d’espèces vivantes, ils sont fascinants. Ce sont en effet des êtres dépourvus de chlorophylle et les biologistes ne les considèrent pas comme des végétaux. On pourrait dire qu’ils sont plus proches des insectes ou des crustacés que des plantes puisque leurs parois cellulaires comportent, comme eux, de la chitine, mais jamais de cellulose. Ils ne sont pas doués de mouvement comme les humains et les animaux mais on sait qu’un seul et unique individu peut coloniser des surfaces très étendues (le plus grand organisme vivant connu à ce jour est un champignon qui couvre une surface de 880 hectares et a au moins 2.400 ans).

Bien que différents, les champignons n’en sont pas moins intimement liés au cycle de vie de tous les autres êtres vivants, que ce soit par symbiose (vie commune avec un autre organisme vivant), par saprophytisme (digestion de la matière organique qui permet aux éléments nutritifs de retourner à la terre) ou au travers du parasitisme (le champignon s’attaque à un organisme en mauvaise santé et hâte sa fin). Les champignons sont partout autour de nous… et nous sont indispensables.

Les champignons ont été longtemps associés au diable et à la sorcellerie. On les a pris pour des êtres fantastiques habitant les forêts. Bien des peuples ont aussi utilisé leurs propriétés hallucinogènes pour accéder à une autre dimension du réel. Aujourd’hui encore, ils sont considérés par bien des gens comme des organismes inutiles en raison de leur faible valeur nutritionnelle, on craint le poison que certains d’entre eux renferment dans leur chair, ils sont réputés toxiques même quand ils sont comestibles car ils concentrent les métaux lourds, les pesticides et la radioactivité. Conclure que les champignons sont à écarter de tout usage serait une bien belle erreur eu égard aux connaissances traditionnelles asiatiques comme aux découvertes modernes.

En Occident, la mycothérapie (soins par les champignons) est une nouvelle science avec des connaissances imparfaites et des bases qui s’étoffent à peine. Pourtant, elle est aussi vieille que l’homme : la découverte, il y a 15 ans, dans un glacier des Alpes, du corps d’un homo-sapiens européen vieux de plus de 5.000 ans (baptisé ötzie), a permis de découvrir qu’il employait à des fins médicinales des morceaux de polypore du bouleau (Piptoporus betulinus). Or, ce champignon est réputé posséder des propriétés antibiotiques et cicatrisantes et de nouvelles études laissent supposer des propriétés immunostimulantes.

Les Asiatiques, eux n’ont pas perdu ce lien et la mycothérapie est, depuis 2.000 ans une des branches essentielles de la phytothérapie extrême-orientale. C’est sans doute pour cette raison que la plupart des champignons médicinaux dont les effets sont confirmés aujourd’hui – tant par l’expérience des praticiens asiatiques que par les recherches dans les hôpitaux chinois et, depuis peu, partout dans le monde – sont issus de la flore d’Extrême-Orient. Et si l’on peut donc, sans risquer de se tromper, recommander l’usage thérapeutique des champignons ci-dessous, d’autres découvertes, non moins importantes, sont sans doute à venir.

Reishi, le champignon miraculeux

La palme des champignons pourrait être accordée au Reishi ( Ganoderma lucidum), un champignon qui croît comme la polypore du bouleau, sur les troncs des arbres. Présent dans tout l’hémisphère nord, il n’a pourtant fait l’objet d’un usage médicinal répertorié qu’en Chine (les premiers écrits Chinois qui le mentionnent, datent de plus de 2.000 ans !). Les Chinois l’ont baptisé « le champignon miraculeux » ou encore « l’herbe porte-bonheur ».

Dans la médecine chinoise traditionnelle, le Reishi est recommandé pour « stimuler l’appétit, calmer les nerfs et combattre l’insomnie ». Si l’on ne devait citer qu’une propriété du Reishi on pourrait se limiter à son action sur tous les problèmes de foie (en particulier les hépatites), ce qui en fait aussi un excellent capteur de toxines. Mais les bienfaits du Reishi sont plus larges. Il permet aussi de lutter contre la neurasthénie, les vertiges, la pyélonéphrite, l’excès de cholestérol, les maladies coronariennes, les rhinites, les bronchites chroniques, les asthmes bronchiques et les gastralgies.

Son analyse chimique a permis de mieux comprendre ses vertus si importantes : les triterpènes qu’il contient (118 différents ont été identifiés) sont responsables de son goût amer, mais ils sont aussi responsables d’une activité anti-cancéreuse par action directe sur les cellules pathogènes. Les polysaccharides du Reishi ont aussi confirmé son intérêt face aux cancers et on a découvert, il y a peu une action combinée avec un groupe de protéines spécifiques aux vertus immuno-modulantes. Enfin, un fort taux de stéroïdes favorise des effets anti-athérosclérose.

Vendu en poudre, il est recommandé d’en consommer 1 à 2 g par jour comme macérer (ne pas boire la poudre qui est très amère).

Maïtaké, le champignon dansant

Les Asiatiques ont le chic pour nous surprendre : une merveille en cache souvent une autre. C’est encore le cas ici puisque après «le champignon qui rend éternel », ils ont découvert le Maïtaké (Grifola frondosa). Son nom signifie littéralement « le champignon dansant » car on faisait une grande fête lorsque les ramasseurs avaient la chance de rencontrer quelques spécimens de ce champignon.

En plus d’oligo-éléments, on a découvert dans le Maïtaké des bêta glycanes particuliers dont on n’a compris que très récemment l’intérêt : ils modifient la réponse immunitaire de l’organisme face aux cellules cancéreuses sans activité directe sur ces dernières. L’activité des cellules « natural killers » ou cytotoxiques est ainsi multiplié par 1,5 à 3 par prise quotidienne de 35 mg à 70 mg d’un extrait appelé « fraction D ». Cette dose ralentit la croissance des cellules cancéreuses et réduit les risques de métastases. Par ailleurs, le Maïtaké en poudre engendre d’autres effets bénéfiques, il régule la tension, abaisse le taux de cholestérol et de triglycérides, et facilite la perte de poids. Sa forte teneur en fibres améliore le transit intestinal. Le Maïtaké protège enfin le foie contre l’agression hépatique médicamenteuse grâce à ses propriétés anti-oxydantes.

On prendra environ 1 à 2 grammes de poudre par jour comme macérer (attention, ne pas combiner avec la prise d’alcool).

Shiitake, le champignon du samouraï

Cultivé en Chine et au Japon depuis plus de 1.000 ans, le Shiitaké (Lentinus edodes) est couramment appelé « le champignon du samouraï », car il était réservé au Japon à l’Empereur et à ses fidèles serviteurs. C’est aussi une façon imagée de signifier ses vertus fortifiantes remarquables. La consommation de trois ou quatre champignons crus chaque matin pendant une semaine pourra vous faire découvrir combien il est efficace pour le tonus intellectuel et physique et développe la vigilance, l’esprit vif et l’éveil.

Réputé pour allonger la vie, le Shiitake a conquis tous les continents et suscité de nombreuses recherches. On a ainsi découvert que le Shiitake agissait lui aussi comme anti-tumoral en activant un facteur de destruction des tumeurs. Le lentinan, un polysaccharide spécifique de cette espèce, s’est montré doué de plusieurs propriétés dès la fin des années 1970. Depuis, de nombreuses recherches ont été entreprises sur ce champignon et ne cessent de prouver son intérêt face à certains cancers.

Abondamment utilisé en cuisine, il est aisé de le trouver dans certaines régions de France comme en d’autres pays sur les étals des marchés. On le consomme habituellement cuit, mais ses propriétés fortifiantes se font ressentir en le mangeant cru.

Comme macérer on consommera 2 grammes de poudre par jour. Mais on peut également se procurer ce précieux champignon sous forme d’ampoules buvables ou de comprimés.

Enokitaké : en complément de la chimio

Un autre champignon comestible, le Enokitaké (Flammulina velutipes ), provoque aussi une forte réaction anti-tumorale. Administré par voie orale, il est surtout utilisé en association avec la chimiothérapie ou la radiothérapie pour renforcer le système immunitaire. L’étude épidémiologique menée dans la province de Nagano, au Japon, a montré que le taux de cancer chez les producteurs de Flammulina velutipes est sensiblement moins élevé que dans le reste de la population de la province. Il semble qu’il y ait un rapport direct entre la consommation du champignon et la santé.

Comme macérer, on consommera 1 à 2 grammes de poudre par jour.

Agaric brésilien le champignon de Dieu

L’agaric du Brésil (Agaricus blazei) pourrait nous faire dire que les Asiatiques ne sont pas les seuls à cultiver et à utiliser à des fins médicinales les champignons. Et pourtant, l’histoire de l’agaric du Brésil nous ramène finalement, en Asie. Ce champignon fut, en effet, découvert dans les années 1960 par des chercheurs Américains qui ont remarqué que les autochtones de la région de Piedade au Brésil jouissaient d’une bonne santé, de peu de cas de cancers et d’une grande longévité car ils consommaient régulièrement ce champignon qui pousse dans les prés. Ils l’avaient baptisé « le champignon de Dieu ». Cette découverte fut annoncée à la communauté scientifique en 1965 et la même année des cultures débutèrent… au Japon. On découvrit en 1980 la présence de plusieurs polysaccharides qui confirmèrent ses propriétés anti-cancer. Des recherches intensives se poursuivent actuellement pour mieux comprendre son action thérapeutique. Depuis 1988, il est cultivé à grande échelle en Asie, et les États-Unis débutent en ce début de nouveau millénaire sa culture à grande échelle.

Hericium pour la survie des neurones

L’hericium (Hericium erinaceus) est l’un des champignons les plus utilisés dans la pharmacopée chinoise. Il fut d’abord employé dans le traitement de l’hépatite B et pour ses effets hépato-protecteurs. Des chercheurs Japonais ont ensuite découvert qu’il possédait également la faculté d’accélérer la synthèse du N.G.F. (neuronal growth factor), facteur de croissance essentiel des cellules nerveuses et rétiniennes. Il prolonge la survie des neurones et améliore la mémoire, première faculté déficiente dans la maladie d’Alzheimer. Il est aussi prouvé que ses composants sont efficaces dans le traitement des ulcères, des inflammations et des tumeurs du tube digestif.

En poudre, prendre 2g par jour.

Bunashimeji : un puissant anti-oxydant

Le bunashimeji (Hypsizygus marmoreus) est l’un des comestibles les plus réputés au Japon et a également été étudié. Son action immunostimulante et anti-oxydante a été prouvée et les recherches actuelles portent surtout sur son action préventive contre les métastases. Selon une expérience réalisée il y a peu, les souris nourries avec ce champignon ont sept fois moins de chance de développer un cancer.

Du champignon blanc pour les problèmes respiratoires

Le champignon blanc (Tremela fuciformis) est utilisé en Chine depuis les temps anciens pour se fortifier et soigner plusieurs formes de maladies en particulier les problèmes respiratoires. De plus, contenant des substances à usage cosmétique, il peut améliorer l’aspect physique de la peau. Il fait partie des champignons gélatineux. Beaucoup de ces champignons possèdent des propriétés médicinales.

Prendre 1 g de poudre par jour.

Armillaire mellea, le protecteur des vaisseaux

On l’utilise pour soulager les douleurs dans les jambes et le lumbago, le rachitisme et l’épilepsie. Pris régulièrement, il peut prévenir des maladies de la vue, des troubles dus à la peau sèche, et il augmenterait la résistance contre certaines infections respiratoires. Des produits composés à base de ce champignon ont montré des effets satisfaisants dans le traitement des vertiges, causés par l’hypertension ou l’insuffisance de l’irrigation sanguine, contre le syndrome de Ménière, aussi bien que dans les désordres du système nerveux. Ils sont efficaces aussi contre l’engourdissement des membres, l’insomnie, l’épilepsie, les maux de tête d’origine vasculaire et les séquelles apoplectiques.

Prendre 2 grammes de poudre par jour

Le Champignon Panicaut fait baisser le cholestérol

Le pleurote du Panicaut (Pleurotus eryngii) constituerait un excellent hypocholestérolémiant. On constate l’absence d’effets indésirables après la consommation de ce pleurote, alors que ce champignon contient une substance qui en provoque. Il suffit de doses faibles pour obtenir des résultats excellents sans effets néfastes.

Ne pas dépasser la dose d’1 g de poudre par jour.

Sur les 15.000 espèces de champignons supérieurs qui existent sur Terre, environ 700 possèdent des propriétés médicinales. Pourtant, les chercheurs pensent que l’on pourrait découvrir un intérêt thérapeutique sur plus de 1.800 espèces de champignons au total. Ces êtres vivants ont donc un brillant avenir thérapeutique et la diversité des espèces qui poussent sur notre propre sol devraient faire des pays européens le creuset de la recherche fondamentale dans ce domaine. À condition que les décideurs et les professionnels de la santé veuillent bien accepter d’entendre ce que leur disent tous les chercheurs.
 
 
 

yogaesoteric

26 juillet 2018

Also available in: Română

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